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INDUSTRIE ET COMMERCE.

Ce ministre connoissoit l’esprit nationnal : le François aime la gloriole ; le moindre privilége et la plus petite distinction lui font donner sans répugnance jusqu’au dernier écu de sa poche : qui vult decipi decipiatur. Je suis avec respect, Monseigneur, » etc.[1]. — La révolution n’hésita pas un instant à dévorer la prétendue poule aux œufs d’or, et l’un de ses premiers actes fut l’abolition complète des communautés.

La vieille halle à deux étages, sous laquelle et autour de laquelle s’abritèrent pendant des siècles les étaux du commerce de Dourdan, occupait la place de celle que nous voyons aujourd’hui, et son aspect antique, ses curieuses charpentes attestaient une origine reculée. Bâtie, dit-on, en 1228, sous la régence de la reine Blanche de Castille, mère de saint Louis, agrandie en 1450 et 1486, elle fut réparée en 1591, après le siége qui l’avait endommagée. Nos lecteurs peuvent s’en faire une idée en jetant les yeux sur le fac-simile de la vue de Dourdan, et pour les détails de construction nous renvoyons aux plans et coupes conservés à la mairie et soigneusement exécutés par M, Vanclemputte, architecte de la nouvelle halle en 1836.

Outre les marchés du samedi, deux foires annuelles attiraient à Dourdan un grand concours de vendeurs et d’acheteurs. La foire Saint-Laurent avait été très-anciennement érigée en faveur de la maladrerie, et c’est au « berceau Saint-Laurent » qu’elle se tenait, le 10 août, pour la vente des chevaux, des bestiaux et des grains. L’hospice, en héritant au xviie siècle des biens de la maladrerie, hérita en même temps des droits à percevoir à la foire Saint-Laurent. C’est ainsi qu’il était touché au profit des pauvres : pour le placage de chaque septier de grains, 1 sol — de chaque cheval, 15 deniers — d’une vache, 1 sol — d’un cent de bêtes à laine, 8 sols — d’un porc, 6 deniers — pour le langueyage d’un porc, 3 sols — pour l’essayage d’un cheval, 5 sols — pour chaque étal, 6 deniers, etc. Ces droits étaient affermés à bail au plus offrant. Des prétentions soutenues à la fois par l’hospice et la fabrique, au sujet du droit de mesurage, donnèrent lieu, en juillet 1698, à une transaction par devant l’évêque et le président de Lamoignon[2].

La foire Saint-Félicien, d’origine plus récente, est due à la grande duchesse de Toscane. Cette princesse ayant fait don en 1695, à l’Hôtel-Dieu de Dourdan, dont elle était la bienfaitrice, des reliques de saint Félicien, martyr, une fête annuelle fut instituée en l’honneur de la translation de ces reliques, le lundi qui suit le troisième dimanche de septembre. Les habitants de Dourdan voyant dans le grand concours de population attiré par cette solennité une occasion d’établir une foire nouvelle, en firent la demande par délibération du 21 septembre 1695, appuyée le 31 octobre suivant du consentement des officiers de la ville.

  1. Archives du Loiret. C. 72
  2. Archives de l’Hôtel-Dieu. B. 31. 12, 14.