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CHAPITRE XXVI.

deux justices de paix pour les deux sections nord et sud de Dourdan (arrêté du 25 octobre 1801) ; — restitution aux sœurs de la communauté de leur maison et d’une partie de leurs biens ; — conservation à Dourdan du tribunal de commerce créé par la république, lors de la réorganisation générale de 1807 ; — amélioration des routes qui desservent la ville et de la ville elle-même ; — élan donné à l’industrie locale ; — importation de manufactures nouvelles ; — création de Ville-Lebrun et des fabriques de Grillon : le nom, l’initiative ou la protection de M. Lebrun se retrouvent partout.

Dourdan avait à la tête de son administration un homme laborieux, qui cherchait dans le travail de son cabinet et dans l’exercice consciencieux des devoirs publics de sa charge, l’oubli d’un passé troublé et des tristes irrésolutions de sa jeunesse[1]. M. Dauvigny, après avoir administré la ville en qualité d’agent municipal et de maire provisoire, avait été définitivement nommé maire en 1800, et remplit cette fonction jusqu’en 1808. Il lui fut donné d’assister et de participer au mouvement de renaissance et de réorganisation qui répara à Dourdan, comme partout, bien des désordres, et de présider au fonctionnement de la nouvelle administration cantonale. La ville lui doit plus d’une mesure d’embellissement ou d’utilité. Une belle avenue d’arbres, qui mène de la porte de Paris au Jeu de Paume, a conservé son nom et perpétue son souvenir.

M. Dauvigny eut l’honneur de recevoir à Dourdan le héros du siècle, Napoléon Ier, qui, lui aussi, parut un jour dans nos murs pour qu’il ne manquât aucun nom à la liste des illustres hôtes d’une ville qui, à l’exception de Louis XIV, a vu passer presque toutes les figures historiques de la France. Le 24 août 1806, l’empereur, accompagné de l’impératrice Joséphine, venant de Rambouillet et se rendant à la chasse aux loups dans la plaine du Plessis-Authon, traversa deux fois Dourdan dans la même journée. Les enfants d’alors se rappellent aujourd’hui les brillants équipages de la chasse impériale, les fanfares des trompes, les quatre loups pendant aux selles des piqueurs, les troupes de l’escorte et surtout le fameux mameluck galopant en avant de l’empereur[2]. Le maire, en offrant les hommages des habitants, n’oublia pas leurs besoins. L’empereur laissa une somme de 6,000 francs, moitié pour l’hospice,

  1. M. Dauvigny avait appartenu à l’ancien clergé. Instruit et aimant l’étude, il laissa une quantité innombrable de manuscrits de toutes sortes, compilations, analyses d’ouvrages, etc. Il avait rédigé plusieurs petits cahiers qui devaient composer une Nouvelle histoire de Dourdan. Ces notes ont été dispersées et détruites ; à en juger par quelques feuillets conservés, ce travail n’avait peut-être qu’une médiocre valeur critique.
  2. Deux tombes pareilles, d’une forme à demi-orientale, s’élèvent dans un coin du cimetière de Dourdan. Sur une d’elles on lit les noms de Roustam Raza, né à Tiflis (Géorgie). — C’est là que repose le célèbre mameluck qui est venu se retirer et mourir à Dourdan, enterré près de sa femme, Mlle Douville, dont la famille habitait le pays.