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DE GUILLAUME DE NANGIS

solurent de mettre le feu aux faubourgs de la ville, afin que ceux du parti des communes qui viendraient exiger d’eux un compte n’ayant pas d’abris, fussent plus facilement vaincus ; car ils s’étaient rassemblés en cet endroit avec une nombreuse multitude d’hommes d’armes. Mais le Seigneur tourna contre eux-mêmes ce qu’ils avaient méchamment fait contre les autres ; car le feu mis au faubourg acquit une telle violence, qu’il consuma non seulement le faubourg, mais même tout le reste de la ville. Ce que voyant, les habitans de Courtrai croyant que c’était l’effet d’une trahison de la part du comte et des siens, eux qui auparavant étaient pour lui et avec lui, prirent alors unanimement les armes contre lui ; des deux cotés un grand nombre de nobles furent tués, principalement le seigneur Jean de Flandre, autrement appelé du nom de sa mère, Jean de Nesle. Le comte fut pris avec cinq chevaliers et deux autres nobles de sa maison ainsi pris, ils furent livrés aux gens de Bruges et renfermés en prison. Alors les maires, les communes et les villages des environs, excepté les Gantois, s’accordèrent unanimement à élire pour leur chef le seigneur Robert, oncle du comte, et son ennemi, comme nous l’avons dit. Ayant accepté cette souveraineté, il mit en liberté et combla d’honneurs le chancelier du comte, emprisonné comme nous l’avons dit auparavant. Les gens de Grand, soutenant le parti du comte contre les gens de Bruges qui le tenaient emprisonné, prirent les armes, et, les attaquant avec courage, en tuèrent, dit-on, près de cinq cents. Cependant le comte ne fut pas délivré de sa prison ; c’est pourquoi, vers le même temps, le roi de France