Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous l’enseigne : Autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, autre l’éclat des étoiles, et une étoile diffère d’une autre en éclat (1Co. 15, 41) ; Si on élève sur ce fondement un édifice d’or, d’argent, de pierres précieuses. (Id. 3, 12) Saint Paul parle ainsi pour nous montrer les différentes espèces de vertu ; et il nous indique en même temps que ce n’est pas en dormant qu’on entre au royaume des cieux, mais qu’il faut, par beaucoup de tribulations, conquérir cette couronne. Les fils de Zébédée, forts de l’amitié et de la faveur de Jésus-Christ, croyaient qu’ils seraient préférés aux autres. Pour les détromper, et leur ôter cette persuasion propre à les rendre plus négligents, Jésus-Christ leur dit : Ce n’est pas à moi de le donner, c’est à vous de le prendre, si vous le voulez ; montrez plus de zèle, plus d’ardeur, plus de dévouement. Les couronnes se donnent aux travaux, les honneurs aux actions, les récompenses aux fatigues ; les œuvres, voilà près de moi la meilleure recommandation.
6. J’avais donc raison de le dire, ce n’est ni à lui, ni au Père, mais aux athlètes, aux combattants. C’est pour cela que Jésus-Christ dit à Jérusalem : Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule ses poussins, et tu ne l’as pas voulu ? voici que vos maisons demeureront désertes. (Luc. 13, 34) Ainsi vous le voyez, parmi les lâches, les paresseux, les indolents, personne ne sera sauvé. Nous apprenons encore par là un autre mystère ; c’est que le martyre ne suffit pas pour donner la prééminence et l’honneur suprême. Jésus-Christ prédit le martyre aux fils de Zébédée, et cependant ils n’obtiennent pas pour cela la première place. Car il y en a d’autres qui peuvent avoir fait davantage. Aussi dit-il : Vous boirez de mon calice, vous serez baptisés du baptême dont je vais être baptisé ; mais d’être assis à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi à vous le donner. Il ne s’agit pas de siège ; cela signifie jouir d’un plus grand honneur, obtenir la prééminence, être le premier de tous. Jésus-Christ en parlant ainsi se proportionne à notre intelligence. Les fils de Zébédée demandaient la première place et la préférence sur tous les autres. Pour être ainsi placés et élevés au-dessus des autres, le martyre seul ne suffit pas. Vous mourrez, il est vrai ; mais jouir de l’honneur suprême, ce n’est pas à moi à vous le donner, c’est à ceux à qui il a été préparé. Et à qui est-il préparé ? Voyons quels sont ces heureux, trois fois heureux qui obtiennent ces brillantes couronnes. Quels sont-ils et comment arrivent-ils à cette gloire ? Écoutez. Les dix apôtres étaient irrités contre les fils de Zébédée, qui, séparés des autres, voulaient s’emparer des premières places. Voyez comment Jésus-Christ corrige les passions des uns et des autres. Il les appelle et leur dit : Les maîtres des nations leur commandent avec empire ; leurs princes ont un pouvoir absolu sur elles. Il ne doit pas en être de même parmi vous ; mais quiconque veut devenir le premier, qu’il se fasse le dernier de tous. (Mrc. 10, 42)
Vous le voyez, ils voulaient être les premiers, les plus grands et les plus haut placés, et pour ainsi dire les princes des apôtres. Pour réprimer leur ambition, et manifester leur dessein, Jésus-Christ dit : Quiconque veut devenir le premier, qu’il se fasse le serviteur de tous. Si vous désirez la première place, et la dignité suprême, prenez la dernière place, soyez les plus petits, les plus humbles, abaissez-vous au-dessous de tous. C’est la vertu qui donne cet honneur. Ce qu’il prouve aussitôt et surabondamment par un exemple : Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la rédemption de plusieurs. Voilà ce qui rend illustre et glorieux. Regardez-moi, dit-il, je n’ai pas besoin d’acquérir de la gloire ni de l’honneur, cependant j’ai voulu faire beaucoup de bonnes œuvres. Avant son Incarnation et ses abaissements, tout était corrompu et périssait ; par ses humiliations, il releva tout ; il chassa la malédiction, détruisit la mort, nous rendit le paradis, ôta le péché, ouvrit les portes du ciel, fit renaître la piété sur la terre, bannit l’erreur, ramena la vérité, plaça nos prémices sur le trône royal et nous accorda des biens innombrables que ni moi ni tous les hommes ne pourrions raconter. Avant ses abaissements, les anges seuls le connaissaient ; après, tous les hommes le connaissent.
Vous le voyez, l’humilité ne diminue pas la splendeur du Fils de Dieu, il en résulte au contraire pour nous des biens innombrables et pour lui une gloire plus brillante. Si pour un Dieu infini et ne manquant de rien l’humilité a produit un si grand bien, lui a procuré plus de serviteurs, et a augmenté son royaume ; pourquoi craindre en vous humiliant