Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/265

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fille, et il répond : Je vous suis. (Id. 9, 8) Le médecin proportionne ses remèdes aux désirs des hommes. Une femme touche en secret la frange de son vêtement, et elle obtient en secret sa guérison. (Id. 20) Chacun obtient selon sa foi. Marthe dit : Je sais que tout ce que vous demanderez au Père, le Père vous le donnera. Elle a voulu une prière ; le Sauveur la lui accorde, non par nécessité, mais par condescendance pour sa faiblesse, pour montrer qu’il n’est point opposé à Dieu, mais que tout ce qu’il fait, son Père le fait aussi.
Dieu a formé l’homme dès le commencement ; c’est l’œuvre du Fils aussi bien que du Père : Faisons l’homme, dit-il, à notre image et à notre ressemblance. (Gen. 1, 26) Jésus-Christ veut introduire le bon larron dans le paradis ; il prononce une parole et le larron entre au paradis, et il n’a pas besoin de prière, quoique l’entrée en fût interdite à tous les enfants d’Adam. Car Dieu y avait placé une épée flamboyante pour la garder. (Gen. 3, 24) Jésus-Christ de son autorité ouvre le paradis et y introduit le larron. O Seigneur, vous faites entrer un larron dans le paradis ! Votre Père pour un seul péché en chasse Adam, et vous y introduisez le larron chargé de mille crimes, de mille forfaits ! et pour cela une parole vous suffit ? Oui, car l’un ne s’est pas, fait sans moi, ni l’autre sans mon Père. Car je suis dans le Père, et le Père est en moi. (Jn. 14, 10)
3. La résurrection de Lazare ne fut pas l’œuvre de la prière ; pour vous en convaincre, écoutez cette prière : Je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. (Jn. 11, 41) Quoi donc ? Est-ce là une prière, une supplication ? Je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi, je sais bien que vous m’exaucez toujours. Si vous savez, Seigneur, que vous êtes toujours exaucé par le Père, pourquoi l’importuner au sujet de choses que vous connaissez ? Je sais bien, dit-il, que mon Père m’exauce toujours, mais je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que vous m’avez envoyé. Prie-t-il pour le mort ? fait-il des supplications pour ressusciter Lazare ? Dit-il : Mon Père, commandez au mort d’obéir ; mon Père, ordonnez au tombeau de rendre le mort, de ne pas se fermer plus longtemps sur lui ? Mais je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que vous m’avez envoyé. Ce qui se passe est moins un miracle qu’une instruction pour les spectateurs.
La prière n’est donc pas pour le mort, mais pour les Juifs incrédules, afin qu’ils sachent que vous m’avez envoyé. Comment reconnaître cette mission ? suivez, je vous en prie, avec la plus grande attention. De ma propre autorité, semble-t-il dire, j’appelle le mort ; de ma propre puissance je commande à la mort ; au Père, je dis : Mon Père ; j’évoque Lazare du tombeau. Si le Père n’est pas mon père, que ce prodige n’ait pas lieu ; s’il l’est, au contraire, que le mort obéisse pour l’instruction de ceux qui m’entourent Pourquoi Jésus-Christ dit-il : Lazare, venez dehors ? Il a prié, et le mort n’est pas ressuscité ; il dit : Lazare, venez dehors ! et le mort se lève.O tyrannie de la mort ! O tyrannie sous laquelle gémissait cette âme ! O enfer ! il prie, et tu ne rends pas le mort ! Non, répond-il. – Pourquoi ? – Je n’avais pas reçu d’ordre. Je suis établi gardien, et je ne laisse sortir que sur un ordre formel. La prière ne s’adressait pas à moi ; c’était pour les Juifs incrédules. Et à moins d’un ordre précis, je ne délivre personne. Pour délivrer l’âme j’attends la parole : Lazare, venez dehors ! Le mort entend l’ordre du Maître, et aussitôt se brisent les chaînes du trépas. Que les hérétiques soient confondus et qu’ils disparaissent de la surface de la terre. Car vous le voyez par le texte même ; le Christ prie non pour ressusciter Lazare, mais pour condescendre à la faiblesse des assistants incrédules. Lazare, venez dehors ! Pourquoi appelle-t-il le mort par son nom ? Pourquoi ? Parce qu’en s’adressant aux morts en général, il aurait ressuscité tous ceux qui étaient dans les tombeaux. Voilà pourquoi il dit : Lazare, venez dehors ! Je vous appelle seul devant le peuple, pour montrer par cet acte particulier les prodiges de l’avenir : j’ai ressuscité un mort, je ressusciterai la terre entière : Car je suis la résurrection et la vie. Lazare, venez dehors ! Et le mort sortit enveloppé de bandelettes. O merveille étonnante ! Celui qui a arraché l’âme des liens de la mort, qui a brisé les portes de l’enfer, qui a broyé les portes d’airain et les verrous de fer, qui a délivré l’âme des chaînes de la mort, celui-là n’a pu déchirer les bandelettes du mort ! Si, il le pouvait. Mais il ordonne aux Juifs d’ôter ces liens qu’ils avaient attachés eux-mêmes en ensevelissant le mort. De la sorte,