Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/264

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Adam, où es-tu ? Adam répond : J’ai entendu votre voix quand vous vous promeniez dans le paradis, j’ai craint parce que je suis nu, et je me suis caché. (Gen. 3, 9) S’il y a ignorance dans un cas, il y a également ignorance dans l’autre. Jésus-Christ dit à Marthe et Marie : Où l’avez-vous placé ? et vous l’accusez d’ignorance ! Que pensez-vous en entendant Dieu dire à Caïn : Où est ton frère Abel ? (Gen. 4, 9) Si le Fils ignore, le Père ignore de même. Prenons une autre preuve tirée de la sainte Écriture. Dieu dit à Abraham : Le cri de Sodome et de Gomorrhe est monté jusqu’à moi. Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce cri qui est venu jusqu’à moi, je saurai s’il en est ainsi ou non. (Gen. 18, 20) Dieu qui connaît toutes choses avant qu’elles soient (Dan. 13, 42), qui sonde les cœurs et les reins (Ps. 7, 10), qui connaît les pensées des hommes (Psa. 93, 11), dit : Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce cri qui est venu jusqu’à moi ? Encore une fois, si vous accusez le Fils d’ignorance, soyez conséquents et accusez-en aussi le Père. Mais non, l’Ancien Testament ne prouve pas l’ignorance du Père, ni le Nouveau celle du Fils. Pourquoi dit-il : Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce qui est venu jusqu’à moi ? Le cri, dit-il, est monté jusqu’à moi ; mais je veux m’assurer par ma propre expérience. Ce n’est pas que j’ignore ; c’est pour enseigner aux hommes à ne pas croire facilement toutes les accusations, et à n’ajouter foi qu’après avoir examiné attentivement et par eux-mêmes. Voilà pourquoi il est dit ailleurs : Ne croyez pas à toute parole. (Sir. 19, 16) Rien ne trouble la vie des hommes comme la trop grande crédulité. Le prophète David nous le déclare : Je persécutais celui qui médisait en secret de son prochain. (Ps. 100, 5)
2. Ce n’est donc pas par ignorance que le Sauveur demande : Où l’avez-vous placé? et que le Père dit à Adam : Où es-tu ? et à Caïn : Où est ton frère Abel ? ou bien : Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent au cri qui est venu jusqu’à moi. Il nous est facile maintenant de répondre à ceux qui prétendent que Jésus-Christ pria par faiblesse avant de ressusciter Lazare. Suivez avec la plus grande attention. Lazare est mort ; Jésus n’était pas là, il était en Galilée. Il dit à ses disciples : Notre ami Lazare dort. (Jn. 2, 11) Ceux-ci, croyant qu’il parlait d’un sommeil ordinaire, répondirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort. Le Sauveur vient ensuite à Jérusalem, où était Lazare. La sœur de Lazare court à sa rencontre et lui dit : Si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. – Si vous eussiez été ici. Vous êtes faible, ô femme ! Elle ne sait pas que Jésus-Christ absent de corps est présent par la puissance de la divinité ; elle mesure le pouvoir du divin Maître à la présence matérielle. Marthe lui dit : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort ; et maintenant je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, il vous l’accordera. C’est donc pour répondre au désir de Marthe que le Sauveur prie. Dieu n’a pas besoin de prières pour ressusciter un mort. N’a-t-il pas opéré d’autres résurrections ? Quand il rencontra à la porte de la ville un mort qu’on portait en terre, il ne fit que toucher la bière et le mort se leva. (Luc, vu, 14) Eut-il besoin de prière pour le ressusciter ? Dans une autre circonstance, il ne dit qu’un mot à la jeune fille : Talitha, cumi (Mrc. 5, 41), et il la rendit vivante à ses parents. A-t-il eu besoin de prier ?
Pourquoi parler du Maître ? Les disciples d’un mot ressuscitent les morts. Une parole de Pierre n’a-t-elle pas rendu Tabithe à la vie ? Les vêtements de saint Paul n’ont-ils pas opéré de nombreux prodiges ? Voici quelque chose de plus admirable encore. L’ombre des apôtres ressuscite les morts. On apportait les malades dans des lits, afin que l’ombre de Pierre couvrît quelqu’un d’eux, et aussitôt ils étaient guéris. (Act. 5, 15) Quoi donc ? l’ombre des disciples ressuscite les morts, et le Maître, pour ressusciter Lazare ; aurait besoin de prier ? Le Sauveur prie à cause de la faiblesse de Marthe. Elle lui dit : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort ; maintenant je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, il vous le donnera. Vous voulez une prière, voici une prière. La miséricorde du Sauveur est une fontaine où l’on peut remplir tout vase, quel qu’il soit ; s’il est grand, il contient beaucoup, peu s’il est petit. Marthe demande une prière et le Sauveur lui donne une prière, Un autre dit : Je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison, mais dites seulement une parole : qu’il soit fait ainsi, et mon serviteur sera guéri. Le Sauveur lui répondit : Qu’il soit fait selon que vous avez cru. (Mat. 8, 8 et 13) Un autre dit : Venez, guérissez ma