Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/465

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HOMÉLIE SUR LAZARE.



PREMIÈRE HOMÉLIE. PRÊCHÉE A ANTIOCHE LE LENDEMAIN DES CALENDES.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Le titre de la première homélie sur Lazare : Discours prêché à Antioche le lendemain des Calendes, nous apprend à quelle époque de l’année et en quel jour elle fut prononcée ; l’exorde lui-même nous en fournit une claire indication : « La journée d’hier était une fête de satan ; vous en avez fait une fête de la grâce ; après avoir écouté avec bonne volonté nos instructions…, etc. » On peut conclure de ces textes que la première homélie sur Lazare fut prêchée le deuxième jour de janvier, après la fête des Saturnales, justement appelée fête de satan, puisque, ce jour-là, une très-grande partie du peuple se livrait à l’ivrognerie, aux danses ; aux jeux, aux festins et à la débauche. – Il paraît qu’elle fut prononcée la même année que l’homélie sur les Calendes dans laquelle le saint Docteur s’éleva si vigoureusement contre les débordements des mœurs et contre la coutume satanique des saturnales ; il y fait allusion dans l’exorde de la première sur Lazare… Mais quelle est précisément cette année ? – Voilà ce qu’il est impossible de marquer avec quelque probabilité, ainsi que nous l’avons dit dans l’avertissement de l’homélie précédente. Les homélies sur Lazare ont été prononcées à la suite l’une de l’autre, à quelques jours d’intervalle. – Le cours en fut interrompu par les fêtes de saint Babylas et des saints martyrs Juventin et Maximin, dont les panégyriques retardèrent de plusieurs jours la quatrième homélie sur Lazare : Saint Jean Chrysostome lui-même en avertit dans l’exorde de celle-ci. – Mais il ne faut pas confondre le panégyrique de saint Babylas dont il est ici question avec le long traité sur saint Babylas et contre les païens
Fronton-le-Duc a noté cette observation en marge de son édition. – A propos de l’homélie sur saint Babylas et du livre qui y est annexé, nous dirons que ce livre ne fut jamais lu en lecture publique dans les assemblées chrétiennes et qu’il ne put l’être à cause de sa longueur.
La traduction latine des quatre premières homélies sur Lazare est d’Erasme : les bénédictins l’ont corrigée en quelques endroits. L’orateur félicite ses auditeurs de ne s’être point livrés aux désordres du jour des étrennes, et d’en avoir fait un jour de réjouissances spirituelles. – Plusieurs cependant sont passés de l’église – au cabaret, ils ont môme tourné son zèle en ridicule. – Saint Jean s’élève contre eux avec force. – Leurs railleries ne l’empêcheront pas de dire la vérité et de s’opposer aux désordres. – La conduite de Jésus-Christ à l’égard de Judas, qu’il ne cessa d’avertir et de combler de biens pour le rappeler à son devoir, lui paraît être le modèle de celle que nous devons garder envers les pécheurs. – Sort bien différent réservé dans l’autre vie à ceux qui vivent dans la mollesse et les plaisirs et à ceux qui passent leur existence dans la pauvreté et la souffrance. – Parallèle de Lazare et du mauvais riche. – Le repas d’un chrétien doit être suivi de la prière et de la lecture des Livres saints donc nécessité de manger et de boire avec sobriété.
1. La journée d’hier était une fête de satan ; vous en avez fait une fête spirituelle, en écoutant avec une rare bienveillance nos paroles, en passant ici la plus grande partie du jour, en vous enivrant de cette ivresse qui est remplie de sage sobriété, en formant un chœur en compagnie de saint Paul. Double profit pour vous ! D’une part, vous vous êtes abstenus de ces danses ignobles auxquelles se livrent les gens pris de vin ; de l’autre, vous avez tressailli de ces tressaillements spirituels que donnent à l’âme la beauté de l’ordre et de la paix ; vous avez bu à cette coupe quine verse pas des flots de vin, mais d’où déborde l’enseignement spirituel ; vous êtes devenus, sous l’influence du Saint-Esprit, comme des harpes et des lyres ; et, pendant que tant d’autres dansaient et chantaient en l’honneur du diable, vous, rassemblés