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HOMÉLIE SUR LAZARE.



TROISIÈME HOMÉLIE.

ANALYSE.


1° Pourquoi il est dit au riche : tu as reçu (απελαβες), et non pas tu as eu (ελαβες) les biens pendant ta vie. – 2° Pourquoi les justes souvent sont exposés à des périls qui épargnent les pécheurs. – Il faut que tous les chrétiens lisent les saintes Écritures, aussi bien les gens du monde que les religieux. – Ceux-là ont même plus besoin de cette lecture puisqu’ils sont pros exposés à la tentation. – Les livres sont si excellents qu’ils sont toujours utiles môme à ceux qui ne les comprennent que fort peu. – On comprendra, à une seconde lecture, ce qu’on n’avait pas compris à une première. – L’ignorance des divines Écritures enfante les hérésies. – Dieu ne laisse aucun bien sans récompense, même celui que les méchants peuvent faire, comme il ne laisse aucun péché sans punition, même chez les bons, surtout chez les bons. – Rien n’est dangereux comme la situation de l’impie qui prospère. – Éloge de la patience. – L’impatience est mère du blasphème. – Dieu ne punit pas tout le monde ici-bas, pourquoi ? – Exemples de patience tirés de l’ancien Testament.
1. La parabole de Lazare nous a grandement profité à tous, riches et pauvres : aux uns elle a enseigné à supporter aisément le fardeau de leur misère ; aux autres elle a appris à ne pas s’enorgueillir de leur opulence et elle a prouvé par les faits eux-mêmes que de tous les hommes le plus digne de pitié est celui qui, menant une vie de jouissances, ne fait partager à personne les biens qu’il possède. Eh bien ! il faut qu’aujourd’hui encore nous traitions le même sujet, semblable aux mineurs qui, ayant découvert une mine d’or abondante, la fouillent avec persévérance et ne la quittent pas jusqu’à ce qu’ils aient épuisé tout ce qu’ils peuvent mettre à jour. Revenons donc au point où nous avons laissé avant-hier notre discours pour l’y reprendre à nouveau. J’aurais pu assurément développer en un seul jour la parabole tout entière ; mais ce n’est pas pour me donner le plaisir de parler beaucoup avant de descendre de chaire que j’ai entrepris cette explication ; c’est afin que, après avoir recueilli avec un soin diligent et gravé dans vos âmes les choses qui vous sont dites, vous y preniez goût et y trouviez le profit spirituel. Voyez une mère tendre et soigneuse dans le temps qu’elle essaye d’habituer son jeune nourrisson aux aliments solides ! Si elle lui verse trop abondamment et trop vite le vin dans la bouche, elle ne lui rend qu’un mauvais service, l’enfant rejette ce qu’elle lui donne et souille la petite tunique qui recouvre sa gorge ; si au contraire elle le coule peu à peu, goutte à goutte, l’enfant l’absorbe sans difficulté. De même, pour éviter que vous ne rejetiez une partie de mes instructions, je ne vous ai pas versé d’un seul coup toute la coupe de la doctrine ; je l’ai répartie en plusieurs jours dans l’intervalle desquels je vous ai ménagé des haltes qui vous ont permis d’une part d’asseoir solidement dans les pensées de votre charité ce qui vous a été confié, et de l’autre de vous préparer à recevoir dans une âme reposée et rafraîchie les choses qu’il me reste à vous dire. D’ailleurs, il m’arrive souvent de vous