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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/110

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et dans un esprit de douceur, ruais parce que je ne voulais pas te reprendre et que je ne trouvais rien à redire à tes actions. – « Comprenez maintenant, vous qui oubliez le Seigneur (22). »
Que devons-nous comprendre ? – Ce que je viens de dire, répond le Prophète. Que signifie ce mot : « comprenez ? » – C’est comme s’il y avait « méditez. » Mais qu’y a-t-il d’obscur dans ces paroles ? Est-il besoin de les creuser longtemps ? Ce qu’il y a de plus saillant, c’est que la manière même de son enseignement nous prépare à un changement qui doit s’opérer dans la religion. Parle peu de cas qu’il fait des sacrifices il se fait l’introducteur de la loi évangélique. D’ailleurs voyant les hommes engloutis par l’impur amas de leurs péchés, et voulant, pour ainsi dire, les retirer des fanges du vice, et écarter d’eux l’habitude de suivre cette route qui les conduisait au mal, comme on écarte la chassie des yeux malades, il cherche à réveiller chez eux la mémoire de leurs méfaits, afin qu’ils n’aillent pas les laisser tomber dans l’oubli et perdre ainsi le fruit de l’expérience. C’est que l’habitude du péché rend notre âme aveugle, fait de nous des insensés, et obscurcit le regard pénétrant de notre intelligence. « De peur qu’il ne vous saisisse, et qu’il ne se trouve personne pour vous délivrer de ses étreintes (22). » O bienveillance ineffable ! C’est là le langage d’une mère affectueuse ou plutôt c’est le langage d’une bonté infiniment supérieure à l’affection maternelle. Celui qui a dressé la liste si longue de nos péchés, celui qui a montré tant de courroux cherche à nous en préserver. Celui qui a dit : « Je t’accuserai, et je te mettrai face à face avec tes péchés », et qui a prononcé notre condamnation, le voilà qui, revenant sur sa décision, ne veut plus nous livrer aux vengeances de sa justice, et qui nous traite comme s’il devait nous ramener au bien à force de conseils et d’exhortations, en nous rendant sages par la peur du châtiment, et en disant « de peur qu’il ne vous saisisse comme un lion dévorant, et qu’il ne se trouve personne pour vous délivrer de ses étreintes. – Le sacrifice de louange et le culte qui m’honore, c’est la voie que j’indiquerai à l’homme, celle qui doit le sauver en le menant à Dieu (23). »
Après nous avoir témoigné sa bienveillance, après avoir eu recours aux exhortations, aux conseils, aux menaces, après avoir employé la crainte, suspendu sur nos têtes les supplices dans toute leur horreur, après s’être encore remis à nous donner des conseils, il nous indique aussi de quelle manière nous pouvons effacer nos fautes, en disant : « Le sacrifice de louange est le culte qui m’honore », c’est-à-dire, non seulement le sacrifice de louange dissipera ma colère et effacera votre condamnation, mais encore je le considérerai comme un culte qui m’honore. Voyez quelle grande chose c’est que de revenir au bien, puisque Dieu lui-même s’en tient pour honoré. « C’est la voie que j’indiquerai à l’homme, celle qui doit le sauver en le menant à Dieu. » O récompense ineffable ! O bienveillance infinie ! Il promet de montrer à ceux qui font le bien la voie qui mène à Dieu, la voie qu’il faut suivre pour être réellement sauvés en Dieu ! Croyons donc en ses promesses, et glorifions le Seigneur par la pureté de notre vie, et par le sacrifice de louanges, puisque ce genre de sacrifice est la voie qui nous conduit au salut. Et puissions-nous tous y arriver, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, car c’est à lui qu’appartient la gloire et la puissance, et maintenant, et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.