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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/111

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EXPLICATION DU PSAUME CVIII.


« 2. O DIEU, NE TAISEZ PAS MA LOUANGE, PARCE QUE LA BOUCHE DU PÉCHEUR, LA BOUCHE DU FOURBE S’EST OUVERTE CONTRE MOI. 3. ILS ONT PARLÉ CONTRE MOI AVEC UNE LANGUE PERFIDE, ILS M’ONT INVESTI DE PAROLES DE HAINE, ILS M’ONT COMBATTU SANS MOTIF. 4. AU LIEU DE M’AIMER, ILS SE SONT. FAITS MES DÉTRACTEURS ET MOI JE VOUS INVOQUAIS. 5. ILS M’ONT RENDU LE MAL POUR LE BIEN ET LA HAINE POUR L’AMOUR, 6. ÉTABLISSEZ L’IMPIE SUR MON ENNEMI ET QUE LE DIABLE SE TIENNE A SA DROITE. 7. LORSQU’ON LE JUGERA, QU’IL SORTE CONDAMNÉ ET QUE SA PRIÈRE MÊME DEVIENNE UN CRIME. 8. QUE SES JOURS SOIENT ABRÉGÉS ET QU’UN AUTRE REÇOIVE SA MISSION. 9. QUE SES ENFANTS DEVIENNENT ORPHELINS, QUE SA FEMME DEVIENNE VEUVE. 10. QUE SES ENFANTS NE CONNAISSENT PLUS LE REPOS, QU’ILS SOIENT VAGABONDS, MENDIANT LEUR PAIN, QU’ILS SOIENT CHASSÉS DE LA DEMEURE QUI LEUR APPARTIENT. 11. QUE « L’USURIER DÉVORE TOUTE SA FORTUNE ET QUE DES ÉTRANGERS S’EMPARENT DU FRUIT DE SES TRAVAUX. »

ANALYSE.


  • 1. et 2. Le psaume CVIII est une prophétie sous forme d’imprécation, à la persécution que les Juifs devaient faire souffrir à Jésus-Christ et de la punition terrible du peuple déicide. – Le Prophète y prédit aussi la trahison de Judas. – Ces prophéties, sous forme d’imprécation, ne sont pas rares dans l’Écriture. – Il ne faut pas s’insurger contre ces prêtres de Dieu. – Le nom de Fils est souvent employé dans l’Écriture pour exprimer une parenté morale.
  • 3. Les péchés de malice et de propos délibéré offensent beaucoup plus Dieu que ne le font les péchés de faiblesse.
  • 4. Les méchants qui persécutent les justes non seulement ne se rendent pas lorsqu’ils voient ces justes ne leur opposer que la piété, mais même ils se moquent d’eux en les insultant avec outrage.


1. Pour bien comprendre ce psaume, il nous faut faire appel à toute notre sagacité. Car ces paroles, à ne les considérer que comme on les entend prononcer tout d’abord, jettent le trouble dans l’âme de ceux qui écoutent et ne réfléchissent pas. Ce psaume n’est rempli que d’imprécations, et d’un bout à l’autre c’est le même style : on y sent bouillonner, brûler la colère, et celui qui parle ne s’arrête pas à la personne de l’ennemi dont il a à se plaindre, mais il poursuit de sa vengeance et ses enfants, et son père et sa mère : il ne se contente pas d’une seule victime, il les entasse les unes sur les autres. Voyez que de souhaits de vengeance : « Établissez l’impie sur mon ennemi, et que le diable se tienne à sa droite. » C’est-à-dire, qu’il soit accusé, accablé par des hommes pervers et acharnés à sa perte, et qu’il ne puisse triompher d’eux, souhait qui se retrouve dans ces paroles : « Lorsqu’on le jurera qu’il sorte condamné. » Cette vengeance ne lui suffit pas ; après qu’on l’aura condamné, il désire qu’un autre lui succède dans sa charge et dans ses honneurs : « Qu’un autre », dit-il, « reçoive sa mission. » Il ne s’en tient même pas là, mais pour lui fumier le seul port qui lui restât, il demande qu’il ne puisse obtenir la bienveillance de Dieu, et il dit : « Et que sa