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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/114

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dans tes champs. » (Deut. 28,16). Et ces nombreuses malédictions adressées aux tribus forment une très-longue tirade.
Ce que nous pouvons dire du présent psaume, c’est que la malédiction cache une prophétie, qu’elle annonce, qu’elle proclame à l’avance les malheurs qui doivent frapper Judas, ensuite elle retombe sur d’autres personnes et s’adresse à certains hommes qui s’étaient révoltés contre l’autorité sacerdotale. C’est pour nous apprendre combien il est mal de résister aux prêtres de Dieu, et d’employer contre eux la ruse et l’iniquité. Car le psaume ne fait pas autre chose que de nous instruire des châtiments destinés à ceux qui maltraitent le prochain, à ceux qui, pleins de ruse et de corruption, se lèvent contre les hommes qui ne leur ont fait aucun mal. S’il demande que les enfants soient punis, n’en soyez point trop étonné, mon cher frère : par les enfants du pécheur il entend ceux qui ont partagé son crime. Car l’Écriture reconnaît une filiation du vice comme une filiation du sang, et même, en l’absence de tout lien naturel, elle emploie cette expression de fils, comme lorsqu’elle dit : « Vous, vous êtes les fils du diable. » (Jn. 8,44) Comment des êtres de chair pourraient-ils être les fils d’un être incorporel ! Mais la parenté du vice a remplacé pour eux les liens du sang. C’est ainsi que Jésus les rejette encore du sein d’Abraham, en disant.« Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez ce qu’a fait Abraham. » (Jn. 8,39) Que le fils ne doit pas être puni pour les fautes du père, pas plus que le père pour celles du fils, cela ne fait de doute pour personne. C’est aussi ce que déclare la loi, il n’y a d’exception que dans le cas où le père aurait mal élevé son fils : même alors il n’est pas puni pour son fils, mais pour sa propre faiblesse. Héli en est un exemple. (1Sa. 3,13)
3. Si vous le jugez convenable, reprenons le psaume : « O Dieu, ne taisez pas ma louange. » Ce qu’un autre interprète ainsi : « O Dieu, ne soyez pas sourd pour mon éloge », et un autre : « Ne gardez pas le silence », c’est-à-dire, ne négligez pas de me venger, réprimez le crime. Car c’est vous qui êtes le Dieu glorieux, le Dieu grand, et vous pouvez arrêter ces excès. « Parce que la bouche du pécheur, la bouche du fourbe s’est ouverte contre moi. Ils ont parlé contre moi avec une langue perfide, ils m’ont investi de paroles de haine, ils m’ont combattu sans motif. Au lieu de m’aimer, ils se sont faits mes détracteurs, et moi je vous invoquais. »
Voyez-vous cet excès de perversité ? cet accord pour le mal ? cette préparation au crime ? C’est là ce qui irrite le plus Dieu, quand ceux qui cherchent à faire le mal y apportent de la réflexion, de la préméditation et s’y exercent à l’avance. Autre chose est de se laisser aller au vice par entraînement et par séduction, autre chose de le pratiquer, autre chose encore, et c’est le cas le plus grave, de se montrer méchant à l’égard de celui qui ne l’est pas. Ces paroles, « au lieu de m’aimer, ils se sont faits mes détracteurs », prouvent que les méchants dont il est question avaient affaire à un bienfaiteur, à un homme digne d’être aimé, digne d’être payé de ses bons services, et qu’ils ne lui ont témoigné que de l’ingratitude. « Et moi je vous invoquais. » Voyez-vous sa sagesse, sa modération, sa douceur ? Voyez-vous sa piété ? Je n’ai pas pris les armes, dit-il, je ne les ai pas combattus, mais je me suis réfugié auprès de vous : j’ai invoqué votre alliance, votre intervention, et votre irrésistible protection, qui était mon aune la plus redoutable. Ensuite, après avoir dit ce qui concerne Judas, comment il se condamna lui-même, comment il porta contre lui-même un arrêt de mort, comment il se pendit, comment son apostolat fut confié à un antre, il revient à son premier objet. C’est encore là une des formes de la prophétie, s’interrompre, introduire un épisode, le développer, puis, après cela, revenir à ce qui a été dit au début. C’est l’inintelligence des Juifs qui forçait le prophète à envelopper sa pensée.
Il fait allusion, comme je l’ai déjà dit, à certain personnage qui, vers l’époque où les Juifs revinrent de la captivité de Babylone, forma de mauvais desseins contre l’autorité sacerdotale. C’est un fait connu des hommes studieux qui ont lu l’histoire. Il lui prophétise de grands malheurs, et qu’il sera privé de tout appui. Il demande qu’on lui ferme tout refuge, qu’il n’obtienne de Dieu ni délai, ni bienveillance, ni pardon. Ceci, comme je l’ai dit plus haut, et comme je ne cesserai de le dire, semble être une imprécation et ce n’est qu’une prophétie qui nous montre combien Dieu s’irrite quand on forme de mauvais desseins contre l’autorité sacerdotale. Ensuite il entre dans le détail des châtiments qu’il souhaite