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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/116

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« Comme l’ombre, qui décline, j’ai passé ; j’ai été agité comme les sauterelles (23). » Il parle de la violence de ses persécuteurs, de leur inexprimable perversité, et de sa piété toujours forme au milieu des malheurs. – « Mes genoux sont affaiblis par le jeûne, et ma chair, privée de nourriture, s’est desséchée (24). » Voyez-vous quelles armes puissantes il a su se procurer pour repousser les embûches et le mauvais vouloir de ses ennemis ? « Je suis devenu pour eux un opprobre ; ils m’ont regardé, et ils ont secoué la tête (25). » Voilà bien le caractère du méchant : non seulement il ne cède point, quand il voit le juste lui opposer sa piété, mais encore il l’outrage, il le raille, il l’attaque. Que fait le juste alors ? Il a recours à l’alliance irrésistible, à la protection toujours victorieuse, et dit : « Secourez-moi, Seigneur mon Dieu, et sauvez-moi selon votre miséricorde ! Et qu’ils sachent que votre main est là, et que c’est vous, Seigneur, qui m’avez délivré (27). » Que signifient ces mots : « Qu’ils sachent que votre main est là ? » C’est-à-dire, qu’ils sachent que c’est vous qui combattez pour moi, que c’est vous qui me protégez. Je ne veux pas seulement être sauvé, je veux encore qu’ils sachent par qui je l’ai été, afin de doubler le prix de ma victoire, de doubler le prix de ma couronne, et d’augmenter ma gloire. « Ils me maudiront, et vous, vous me bénirez. Que mes ennemis soient confondus, tandis que votre serviteur sera dans l’allégresse (28). » Il y a là, pour l’auditeur, un enseignement philosophique. Le Prophète lui prouve que, fût-il en butte à toutes sortes de malédictions, il n’en éprouvera aucun dommage, si Dieu le bénit, et que la honte et l’insulte retomberont non sur lui, mais sur ceux qui voulaient l’en accabler. « Tandis que votre serviteur sera dans l’allégresse à cause de vous. » Ce n’est pas sans raison qu’il ajoute ces mots « à cause de vous », montrant que c’est de Dieu que lui vient son allégresse, puisque c’est Dieu qui lui a dispensé ces biens. Désormais aucun événement fâcheux ne saurait me troubler ; mon allégresse venant de vous restera toujours entière. – « Que mes ennemis soient revêtus d’ignominie, que leur honte les recouvre comme un manteau (29). » Voyez encore comme il appelle sur eux non seulement le châtiment mais encore la honte et l’ignominie, afin qu’ils y puisent un enseignement pour venir à résipiscence, et qu’ils en prennent occasion pour changer et devenir meilleurs. – « Ma bouche rendra au Seigneur de solennelles actions de grâces, et je chanterai ses louanges au milieu d’une assemblée nombreuse (30). « Parce qu’il s’est assis à la droite du pauvre, pour sauver mon âme de la main de ses persécuteurs (31). » Pour remercier Dieu de tous ces biens, il le chante dans ses hymnes, il lui rend des actions de grâces, il célèbre ses louanges, il annonce à tous son intervention victorieuse, il s’avance comme au milieu d’un théâtre, et se fait le héraut de ses bienfaits. Voilà le sacrifice, voilà les présents qui conviennent à Dieu ; il faut garder de ses bienfaits un souvenir éternel, il faut les graver dans sa pensée, les avoir toujours sur les lèvres, et les raconter à de nombreux auditeurs. De la sorte, celui qui a profité du bienfait, sera payé de sa gratitude, et augmentera encore l’affection que Dieu lui porte : et puis, ceux qui en seront informés deviendront plus pieux au souvenir de ce qui est arrivé à d’autres, et la vue des bienfaits accordés au prochain ne fera que stimuler leur zèle pour la vertu.