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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/120

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Dieu et son interlocuteur assis sur le même trône ? C’est pour nous montrer qu’il y a entre eux égalité d’honneur, ce qui suffit à fermer la bouche aux partisans d’Arius. Aussi Jésus répondait-il aux Juifs, qui disaient que le Christ était fils de David : « Comment donc David l’appelle-t-il en esprit son Seigneur par ces paroles : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite ? » (Mt. 22,43, 44) Plus tard saint Paul ayant à parler de la mission de Jésus-Christ, donne de ce passage une explication très-claire, et qui porte un coup mortel à Marcion, et à Manichéus, et à tous ceux qui sont malades de la même maladie ; car il explique avec nue sagesse tout à fait à la hauteur de son sujet comment Jésus a été prêtre selon l’ordre de Melchisédech.
Pour nous, revenons encore au texte déjà cité : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « Asseyez-vous à ma droite. » Voyez-vous l’égalité d’honneur ? Car le trône est le symbole de la royauté, et s’il n’y a qu’un seul trône, c’est que la royauté a été partagée entre ceux qui s’y sont assis. Ce qui a fait dire à saint Paul : « Il se sert des esprits pour en faire ses anges, et des flammes ardentes pour en faire ses ministres. Mais il dit à son Fils : Votre trône, ô Dieu, sera un trône éternel. » (Héb. 1,7, 8) C’est ainsi que Daniel voit la création tout entière debout autour du Seigneur, avec les anges et les archanges, pendant que le Fils de l’homme s’avance sur les nuées et s’approche de l’ancien des jours. (Dan. 7) Si cette manière de parler scandalise quelques personnes, qu’elles se rappellent qu’il a été dit : « Asseyez-vous à ma droite », et elles cesseront de se scandaliser. De même que nous ne disons pas qu’il est plus grand que son Père, parce qu’il est assis à sa droite, c’est-à-dire à la place d’honneur, de même ne dites pas qu’il est moindre que son Père et qu’il lui est inférieur, mais dites qu’ils sont égaux. Ce qui est prouvé par ce fait qu’ils partagent le même siège. « Jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied. » Et quels sont ces ennemis ? Écoutez les paroles de saint Paul : « Jésus-Christ le premier, comme les prémices de tous ; puis ceux qui sont à lui, qui ont cru en son avènement. Et alors viendra la consommation de toutes choses. Car Jésus-Christ doit régner jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous les pieds. » (1Cor. 15,23, 25)
3. Avez-vous remarqué l’accord qui règne entre les paroles du Prophète et celles de l’Apôtre ? L’un a dit : « Jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied », et l’autre, « Jusqu’à ce qu’il lui ait pris tous ses ennemis sous les pieds. » Mais pas plus chez l’un que chez l’autre ce terme de « Jusqu’à ce que » ne désigne une limite de temps. Autrement, que deviendrait cette parole du Prophète : « Sa puissance est une puissance éternelle, et sa royauté est une royauté qui ne périra jamais, et sa royauté n’aura pas de fin », s’il ne devait régner que jusqu’à cette époque-là ? Voyez-vous bien qu’il ne faut pas prendre simplement les textes au pied de la lettre, ruais qu’il faut en approfondir le sens ? En entendant le Prophète dire que le l’ère place les ennemis de son Fils sous ses pieds, ne vous troublez pas. S’il parle ainsi, ce n’est pas qu’il regarde le Fils comme dépourvu de vigueur. Saint Paul prétend que c’est lui-même qui met ses ennemis sous ses pieds : « Il doit régner jusqu’a ce qu’il ait mis ses ennemis sous ses pieds. » (1Cor. 14,25) Et de nouveau il met tout à ses pieds, quand il dit : « Lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père, lorsqu’il aura anéanti toute puissance et tout empire. » (1Cor. 15,24) C’est-à-dire, quand il mettra le bon ordre dans son royaume il fera cesser toute puissance. Tel est le sens du mot καταρχήσει. En disant que tout lui appartient, le Prophète ne sépare pas son Père de lui, pas plus que du père il ne sépare le Fils. Ce qui appartient à celui-là, appartient à celui-ci, et ce qui appartient à celui-ci appartient à celui-là. Aussi est-il dit : « Tout ce qui est à moi, est à toi, tout ce qui est à toi, est à moi. » (Jn. 18,10) Quand donc vous entendrez dire que le Père a soumis les ennemis du Fils, n’allez pas croire que le Fils soit étranger à ce succès, et si vous comprenez que c’est le Fils qui les a soumis, ne dites pas que le Père n’y est pour rien. Leurs succès sont communs comme toutes leurs actions. – « Le Seigneur va faire sortir de Sion la verge de votre puissance (2). »
La verge de sa puissance, c’est sa puissance elle-même. Le Prophète parle de Sion, parce que c’est là que le Christ a commencé le cours de ses triomphes. C’est là qu’il a donné sa loi, là qu’il a fait ses miracles ; c’est de là qu’est partie la bonne nouvelle pour s’étendre sur toute la surface de la terre. Si vous voulez dégager