Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Prophète par ces mots : « le résultat de la vérité et de la droiture ? » Dans ces commandements, dit-il, il n’y a ni ambages, ni faux-fuyants, ni obscurité, il n’y arien qui témoigne de la partialité ou de la haine, tous ils n’ont qu’un but, notre utilité et notre avantage. Ce n’est pas comme les lois des hommes qui durent si peu, qui sont si peu claires et qui se ressentent tant de leur origine. Car parmi ces lois, combien sont l’œuvre des passions humaines ! C’est pour se venger de ses ennemis ou pour complaire à ses amis que le législateur les a composées. Il n’en est pas ainsi des lois de Dieu, elles sont plus claires que le soleil, elles n’ont en vue que l’intérêt de ceux à qui elles s’adressent, elles les conduisent à la vertu, à la vérité et non à ces mensonges, je veux parler de la richesse et de la grandeur qui ne sont que mensonges, tandis que les œuvres de Dieu ne sont que vérité ; elles apprennent non à s’enrichir, non à se procurer les biens d’ici-bas, mais à jouir des biens que nous réserve l’autre vie. Elles ne nous parlent, ces lois, que de la réalité, que de la vérité, de la vérité pure. « Tous ses commandements sont fidèles. » Comment « fidèles ? » Ils sont stables, durables. Si on les transgresse, le châtiment suit la désobéissance et on ne peut y échapper, et si les hommes négligent de les faire observer, Dieu est là prêt à les venger. N’allez donc pas dire que les paroles de Dieu ne sont que des menaces exagérées à dessein. Jamais un législateur ne se contente de menaces, il veut aussi corriger. Si vous ne croyez pas fermement à ce que l’avenir nous destine, songez aux événements passés et qu’ils vous servent de leçon. Le déluge de Noé, l’incendie de Sodome, Pharaon et son armée engloutis sous les eaux, les Juifs exterminés, leurs captivités, leurs guerres, étaient-ce là de simples menaces ou des menaces suivies d’effet ? Si ces événements, qui ne sont qu’une image affaiblie de ceux que recèle la vie future se sont accomplis de la sorte, que sera-ce plus tard ? La réalité sera d’autant plus terrible que les hommes auront montré plus de perversité en se livrant au péché après avoir été l’objet de tant de soins et d’une protection si efficace. « Le Seigneur a envoyé la rédemption à son peuple (9). »
Selon l’histoire, le Prophète parle de la délivrance des Juifs, selon le sens anagogique de la délivrance de l’univers, sens confirmé par ce qui suit : « il a conclu avec lui une alliance éternelle. » Il s’agit ici du Nouveau Testament. Il fait mention de ses commandements et de sa loi, mais comme elle a été violée et qu’un tel acte doit exciter la colère du Seigneur, il dit « qu’il a envoyé la rédemption à son peuple », ainsi que le Seigneur l’a dit lui-même : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. » (Jn. 12,47) Puisque la loi transgressée frappe le coupable d’un châtiment, « c’est la loi », dit-il, « qui provoque le châtiment, car là où il n’y a pas de loi, on ne transgresse pas la loi. » (Rom. 4,15) Et ailleurs : « Tous ont péché, et sont devenus indignes de la gloire de Dieu, mais il les justifie par un effet de sa grâce. » (Id. 3,23, 24) Voilà pourquoi le Prophète s’exprime en ces termes : « Il a envoyé la rédemption à son peuple. »
7. Cependant il ne se contente pas de nous envoyer la rédemption, mais après la rédemption, la loi reprend son cours, afin que par notre conduite nous nous montrions dignes de la grâce dont nous avons été l’objet. « Son nom est saint et terrible (10). » Le Prophète, à la vue des preuves éclatantes que Dieu a données de sa protection et de sa providence soit dans l’Ancien, soit dans le Nouveau Testament, soit par ses œuvres, soit par ses commandements, soit par ses prodiges, soit par ses miracles, est saisi d’enthousiasme : il admire la grandeur de Dieu, il le glorifie et chante un hymne en l’honneur de Celui qui a fait toutes ces choses. « Son nom est saint et terrible », c’est-à-dire son nom commande l’étonnement et l’admiration. Si cela est vrai de son nom, combien plus de Dieu lui-même ? Comment son nom est-il saint et terrible ? Les démons le redoutent, les maladies en ont peur, c’est à lui, c’est à ce même nom que les Apôtres ont dû leurs succès sur cette terre. C’est à ce nom que David eut recours comme à une arme au moment de combattre, et il terrassa l’étranger qui menaçait sa patrie ; ce nom a fait réussir mille et mille entreprises, c’est sous les auspices de ce nom que nous sommes initiés aux mystères sacrés. Le Prophète, après avoir repassé en lui-même tous les prodiges accomplis par ce nom, tous les bienfaits que nous lui devons, ses triomphes sur ceux qui le reniaient, sa protection efficace assurée à ceux qui le respectaient, après avoir médité ces événements supérieurs aux lois de la nature,