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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/168

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anagogique veulent qu’il s’agisse de la participation aux saints mystères. Pour nous, qui nous en tenons à l’histoire, nous disons en suivant notre pensée qu’il est question des oblations de liqueur, des sacrifices et des hymnes en actions de grâces. Il y avait autrefois, en effet, divers sacrifices ; on distinguait le sacrifice de louanges, le sacrifice pour les péchés, les holocaustes, les hosties pacifiques, celles pour le salut et un grand nombre d’autres. Tout ce qui précède revient donc à ceci : Je ne puis payer Dieu ce qui lui revient, mais je ferai ce que je pourrai. J’offrirai au Seigneur un sacrifice d’actions de grâces, et je le ferai souvenir de mon salut. – « Je m’acquitterai de mes vœux « envers le Seigneur devant tout son peuple (5). »
Par ses vœux il entend ici ses promesses et ses engagements, car dans ses malheurs il avait eu recours à Dieu et il s’était constitué son débiteur, promettant que s’il échappait à ses ennemis, il lui offrirait en retour les sacrifices dont nous venons de parler. Donc, s’écrie-t-il, puisque mes épreuves ont cessé, « je m’acquitterai de mes vœux envers le Seigneur devant tout son peuple. – C’est une chose précieuse devant les yeux du Seigneur que la mort de ses saints (6). » Une autre leçon porte : « C’est une chose honorée devant le Seigneur. » Pourquoi cette conclusion et quel rapport a-t-elle avec ce qui précède ? Elle en a un très-grand si on veut l’examiner avec soin. Comme le Psalmiste avait dit, pour montrer les bienfaits de Dieu : « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu’il m’a faits ? » En preuve de ces bienfaits il ajoute que Dieu prend soin non seulement de la vie, mais encore de la mort de ses saints, soit qu’elle arrive d’après les lois de la nature ou par la volonté du Seigneur. N’entendez-vous pas saint Paul qui vous crie : « Il est plus utile pour votre bien que je demeure encore en cette vie, c’est pourquoi j’ai une certaine confiance qui me persuade que je demeurerai encore avec vous tous et que j’y demeurerai même assez longtemps ? » (Phil. 1,24-25). Et qu’y a-t-il d’étonnant qu’il en soit de la mort comme de la génération de quelques hommes, qui ne sont pas nés selon les lois de la nature ; ainsi Isaac et Samuel. Aussi ne sont-ils pas appelés enfants de la chair, mais enfants de la promesse. Ainsi encore Moïse n’est pas mort purement et simplement, mais il est mort par l’ordre exprès de Dieu ; et Jean est mort par sa permission. Cette dernière mort fut la récompense d’une courtisane, mais elle n’en fut pas moins honorée, et ce qu’il y a même de particulièrement admirable, c’est que malgré cette circonstance elle fut comblée de gloire. C’est que le saint précurseur avait été martyr de la vérité et il fut tellement en honneur qu’il inspira de la crainte à son meurtrier. Nous en trouvons la preuve dans l’évangéliste saint Mc. car voici ce qu’il rapporte d’Hérode « Cependant Hérode disait : voilà Jean-Baptiste qui est ressuscité et c’est pour cela qu’il se fait par lui tant de miracles. » (Mc. 6,14) Voyez encore comment la mort d’Abel était précieuse et honorée : « Où est Abel ton frère ? La voix du sang de ton frère crie vers moi. » (Gen. 4,9, 10).
5. Considérez, à propos de Lazare, comment après sa mort, les anges l’accompagnaient. (Lc. 16,22) Contemplez, auprès du tombeau des martyrs, ce concours des villes et des peuples que leur amour enflamme. Les paroles du Psalmiste peuvent donc se traduire ainsi Dieu est rempli de sollicitude pour la mort do, ses saints et il en prend un soin extrême. Ils ne meurent pas d’une manière quelconque, ni fortuitement ; mais selon les desseins de sa divine providence. C’est ce qu’il voulait nous montrer par ces mots : « Devant les yeux du Seigneur. O Seigneur, je suis votre serviteur, je suis votre serviteur et le fils de votre servante (7). »
Il ne s’agit pas ici d’une servitude ordinaire, mais de celle qui est produite par un grand amour et une vive affection. C’est ce désir enflammé dont est rempli le Psalmiste, et qui est sa plus belle couronne et son plus beau titre de gloire. Dieu lui-même en a fait le plus grand sujet de louanges, en disant : « Moïse, mon serviteur, est mort. » (Jos. 1, 2) « Et le fils de votre servante. » C’est-à-dire, depuis les siècles les plus reculés, dans la personne de mes ancêtres, je suis attaché à votre service. Paul, de son côté, regardait cette dépendance comme la principale gloire de Timothée, quand il disait : « J’ai le souvenir de cette foi sincère qui est en vous, qu’a eue premièrement Loïde, votre aïeule et Eunice, votre mère. Je suis aussi très-persuadé que vous l’avez et que vous avez été nourri dès votre enfance dans les Lettres saintes. » (2Tim. 1,5 ; 3, 15) Et en parlant de lui-même : « Je suis né hébreu, de pères hébreux » (Phil. 3,5),