Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

EXPLICATION DU PSAUME CXVII.


« LOUEZ LE SEIGNEUR PARCE QU’IL EST BON, PARCE QUE SA MISÉRICORDE S’ÉTEND DANS TOUS LES SIÈCLES. »

ANALYSE.


  • 1. La miséricorde du Seigneur est infinie : témoin la maison d’Israël, qui, au milieu de ses épreuves, a reçu des grâces si nombreuses ; témoin la maison d’Aaron en faveur de laquelle se sont opérées tant de merveilles. Mais pour voir cette miséricorde il faut craindre Dieu dont la Providence n’est visible qu’à ceux qui sont exempts de passions et de préjugés.
  • 2. Il suffit d’être malheureux pour avoir droit à la bonté divine. Avec son aide et sa protection on n’a rien à craindre, car, dit saint Paul, « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Mais pour s’en rendre digne, il faut mettre de côté toute confiance dans les secours humains et lui demeurer constamment attaché.
  • 3. Le Seigneur attend pour nous secourir que tout soit désespéré, humainement parlant, afin que son secours soit peu évident. Par ce moyen, il nous empêche de nous attribuer un succès qui n’est dû qu’à lui et il excite davantage notre reconnaissance.
  • 4. La bonté du Seigneur ne se borne pas à nous délivrer des maux, mais elle nous met en possession de la gloire et de l’illustration, en nous délivrant de la corruption du tombeau pour nous ressusciter à une vie meilleure.
  • 5. Mais les portes de l’éternité bienheureuse ne s’ouvriront que pour ceux qui auront été châtiés et éprouvés en ce monde C’est pourquoi le Palmiste remercie le Seigneur d’avoir eu à souffrir. – Ici est rappelé le principal bienfait, la merveille par laquelle Dieu nous a ouvert le Ciel, je veux dire le mystère de l’Incarnation du Verbe.
  • 6. Béni soit donc Celui qui vient au nom du Seigneur, que notre vie soit employée à le bénir, à le remercier, à profiter de ses grâces et de ses exemples, et célébrons à jamais, invitons toute créature à s’unir à nous pour célébrer ses miséricordes infinies !…


1. Il y a une parole de ce psaume que le peuple a coutume de répéter en chœur après chaque vers, et c’est la suivante : « C’est ici le jour que le Seigneur a fait, réjouissons-nous-y donc et soyons pleins d’allégresse. » À ces mots, presque tous se lèvent, et c’est surtout le chant que les fidèles ont l’habitude de faire entendre dans cette assemblée spirituelle, dans cette fête céleste. Pour nous, si vous le voulez bien, nous parcourrons ce psaume dès le début et nous commencerons notre explication dès les premiers mots et non pas au verset qui sert de refrain. Nos pères permirent aux simples fidèles de s’en tenir à ce verset parce qu’il était harmonieux et qu’il renfermait un dogme sublime. Du reste, ils n’auraient pu retenir le psaume en entier et ces paroles exprimaient la doctrine la plus parfaite. Quant ! nous, il faut que nous le voyions dans son ensemble, quoique la plus grande prophétie soit au milieu. Car c’est au verset 22 qu’on lit : « La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée, a été placée à la tête de l’angle. » C’est du reste ce que le Christ lui-même dit aux Juifs, un peu moins clairement sans doute : il ne voulait pas augmenter encore la colère dont ils étaient enflammés, « car il ne brisera point le roseau cassé et il n’éteindra point la mèche « qui fume encore. » (Is. 42,3) Néanmoins il le leur dit : attaquons donc ce psaume par