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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/202

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barbares ont été consolés, à plus forte raison, nous qui avons été arrachés au, joug du péché devons-nous être dans la joie et l’allégresse et conserver à jamais notre bonheur, évitant de le troubler ou de le perdre en retombant aussitôt dans les mêmes fautes.
« Nous avons été comblés de consolation. » Ou selon d’autres interprètes d’accord avec l’hébreu : « Nous avons été comme des gens qui rêvent. » (Dans l’étonnement où nous étions notre délivrance nous a paru comme un songe) Que signifie le mot : « Consolés ? » C’est-à-dire, remplis de repos, de joie et de plaisir. – « Alors notre bouche a été remplie de cantiques de joie et notre langue de cris d’allégresse. Alors on dira de nous, parmi les nations : le Seigneur a fait de grandes choses en leur faveur (2). – Oui, le Seigneur a fait pour nous de grandes choses (3). » En d’autres termes : la joie que nous ressentons d’être délivrés de la captivité ne doit pas peu contribuer à nous rendre meilleurs. – Mais le moyen, direz-vous, de ne pas se réjouir d’un tel bien ? – Cependant, quand leurs pères eurent été affranchis de la servitude d’Égypte et remis en liberté, par la plus noire ingratitude ils murmuraient malgré les biens dont ils étaient comblés, ils s’indignaient, ils étaient tristes, mécontents. Pour nous, semblent-ils dire, il en sera tout autrement : nous nous réjouissons, nous sommes dans l’allégresse, apprenez d’eux le sujet de leur joie. – Nous nous réjouissons, s’écrient-ils, non seulement parce que nous avons été délivrés de nos maux, mais encore parce que tous verront par là que Dieu prend soin de nous. « Car alors, on dira de nous parmi les nations : Le Seigneur a fait de grandes choses en leur faveur. Oui, le Seigneur a fait pour nous de grandes choses. » Cette répétition ne sert qu’à faire mieux ressortir le sujet de leur joie. Dans le premier cas, ce sont les nations qui parlent, dans le second membre de phrase ce sont eux-mêmes. Et puis, remarquez qu’ils n’ont pas dit : « Le Seigneur nous a sauvés ; » ni, « le Seigneur nous a délivrés ; » mais, « il a fait pour nous de grandes choses », afin de faire éclater davantage la conduite admirable et merveilleuse de Dieu à leur égard. Et c’est ainsi, comme je vous l’ai fait observer bien des fois, que le monde entier était instruit par ce peuple tandis qu’il était conduit en, captivité et rendu à la liberté. Leur retour lui-même était comme une prédication, car on parlait d’eux partout, la miséricorde de Dieu envers eux brillait à tous les regards à cause des miracles frappants dont ils avaient été l’objet et qui dépassaient tout ce qu’on pouvait imaginer. Aussi bien, Cyrus qui les retenait les laissa partir sans qu’on l’en priât, mais parce que Dieu avait fléchi son cœur ; et non content de les renvoyer il voulut encore les combler de largesses et de présents. « Et nous en sommes remplis de joie. – Seigneur, faites revenir nos frères captifs, qu’ils se répandent dans cette terre comme un torrent dans le pays du midi » Comment le Prophète a-t-il pu dire ait commencement de ce psaume : « Lorsque le Seigneur a fait revenir ceux de Sion qui étaient captifs ? » et ici : « Faites revenir », comme s’il s’agissait d’une chose future ? Du reste, ce dernier sens nous est particulièrement indiqué par la version qui porte, non point : « Lorsque le Seigneur a fait revenir ; » mais bien : « Lorsque le Seigneur aura fait revenir ; » parce que la chose était alors commencée et qu’elle ne fut pas accomplie tout d’un coup, car il y eut plusieurs captivités : on en compte trois.
2. Voici donc ce qu’on peut dire : Le Prophète demande que la délivrance soit complète et absolue, contrairement au désir de beaucoup de Juifs qui voulaient rester au milieu des barbares, et dans son immense désir de la voir se réaliser, il s’écrie : « Faites revenir le reste de nos frères captifs. « Qu’ils se répandent dans cette terre comme un torrent dans le pays du midi. » En d’autres termes, excitez-nous, pressez-nous avec une grande ardeur et une grande violence. C’est ce que voulaient exprimer d’autres interprètes quand ils disaient : « Qu’ils se répandent comme des canaux ; » ou bien : « Comme des bassins qu’on vide ; » ou bien encore : « comme des écluses qu’on ouvre. – Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans la joie (5). » Ces paroles ont été dites des Juifs, mais elles peuvent trouver leur application dans bien d’autres cas. C’est en effet le propre de la vertu d’être largement récompensé de ses peines. Mais il faut d’abord commencer par travailler et par souffrir avant de chercher le repos. C’est du reste ce qui a lieu pour tout ce qui se rapporte à cette vie. Et voilà pourquoi le Psalmiste y fait allusion dan : t son discours, en nous parlant du semeur et