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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/203

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de la moisson. De même que celui qui sème doit travailler, souffrir, endurer le chaud et le froid, ainsi en est-il de celui qui est à la poursuite de la vertu. C’est que rien n’est, moins que l’homme, fait pour le repos ; et voilà pourquoi Dieu a rendu étroit et difficile le chemin qui conduit à la vertu. Bien plus, ce n’est pas seulement la vertu qui est pénible, mais c’est tout ce qui a rapport à cette vie, et même à un plus haut degré. Car, celui qui sème comme celui qui bâtit, le voyageur, le charpentier, l’artisan, quiconque en un mot, veut se procurer quelque avantage, doit travailler et souffrir : et de même qu’il faut les pluies aux semeurs, il nous faut les larmes ; et comme la terre a besoin d’être labourée et retournée, ainsi l’âme fidèle a besoin des tentations et des afflictions pour l’empêcher de produire des mauvaises herbes, pour la rendre plus souple et tempérer son effervescence et son orgueil. Car la terre, elle aussi, ne produit rien de bon, si on ne la cultive avec soin. Le Prophète veut donc que les Juifs se réjouissent non seulement de leur retour, mais encore de leur captivité et qu’ils remercient Dieu de ces deux bienfaits. Voilà pour le semeur, passons maintenant à ce qui regarde la moisson.
Semblables, leur dit-il encore, à ceux qui sèment avec peine pour recueillir ensuite des fruits abondants, on vous a vus pendant votre captivité affligés, repoussés, persécutés, supportant l’hiver, la rigueur des saisons, la guerre, les pluies, le froid et la glace et répandant des larmes. – Car les larmes sont à l’affliction ce que les pluies sont aux semences. Mais voici que vous avez reçu la récompense de toutes ces peines. Ainsi donc ces paroles : – « En s’en allant, ils marchaient en pleurant et ils répandaient leur semence (6). Mais en s’en revenant ils marcheront avec des transports de joie, en portant les gerbes de leur moisson », doivent s’entendre non du blé, mais des événements de la vie, et elles nous apprennent à ne pas nous inquiéter et à ne pas gémir dans les afflictions. De même que celui qui sème ne se laisse pas abattre par les difficultés sans nombre qu’il rencontre, dans la prévision d’une moisson splendide et abondante, ainsi celui qui est éprouvé ne doit pas s’inquiéter ni se tourmenter, quelle que soit la grandeur de ses maux, dans l’attente d’une riche moisson, et en considération des avantages nombreux dont l’affliction est pour lui la source. Que ces mêmes réflexions nous fassent remercier Dieu des épreuves comme du repos et de la paix. Quelle que soit la diversité des événements, tous tendent au même but comme pour la semence et la moisson. Supportons donc les adversités avec un cœur fort et généreux, en rendant grâces à Dieu dont nous célébrerons également la gloire dans le repos et la prospérité, afin de mériter les biens éternels, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et l’empire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.