Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bonté, et je ne désespérais pas de mes propres intérêts. « Depuis la première heure du matin jusqu’à la nuit, qu’Israël espère dans le Seigneur (6). » Il veut dire par là : toute la vie, puisque c’est : le jour et la nuit durant. Car il n’est rien de tel pour le salut, que de l’avoir toujours en vue, et de rester attaché à cette espérance, malgré les mille événements qui peuvent survenir et nous porter au découragement. Cette idée est un rempart indestructible, un abri inviolable, une forteresse inattaquable. Ainsi, quand même les circonstances vous menaceraient de la mort, de quelque danger, d’une ruine totale, ne renoncez pas à espérer en Dieu, à attendre de lui votre salut. Tout est pour lui facile et aisé, et il saura bien trouver une issue pour vous tirer d’une position inextricable. Ce n’est donc pas seulement lorsque les événements suivent leur cours naturel, que vous devez vous attendre à ce que Dieu vous accorde ses secours, c’est encore et surtout quand survient la tempête, quand se gonflent les flots, et que nous courons les derniers dangers. Car c’est surtout alors que Dieu déploie sa puissance. Tel est donc le sens de ce passage : il faut espérer continuellement dans le Seigneur, tout le temps de notre existence, durant toute notre vie. « Parce qu’auprès du Seigneur est la miséricorde, et que la rédemption abonde auprès de lui. Et lui-même rachètera Israël de toutes ses iniquités (7). » Que signifie : « Parce qu’auprès du Seigneur est la miséricorde ? » C’est-à-dire, il y a en lui une source, un trésor d’amour pour les hommes, qui se répand continuellement sur eux. Où est la miséricorde, est aussi la rédemption : et une rédemption non pas ordinaire, mais considérable, un océan immense d’amour pour nous. Ainsi, même quand nous sommes compromis par nos péchés, il ne faut ni perdre courage ni désespérer. Car là où il y a miséricorde et monté, on n’exige pas un compte rigoureux des fautes commises, attendu que le juge, dans sa grande compassion, et entraîné par son penchant à nous aimer, néglige la plupart des griefs. Tel est Dieu en effet il est porté, il est enclin à faire continuellement miséricorde et à nous accorder notre pardon : « Et lui-même rachètera Israël de toutes ses iniquités. » Si donc Dieu est ainsi, si la grandeur de son amour pour nous se déverse de toutes parts, il est aisé de voir qu’il sauvera aussi son peuple, et qu’il l’affranchira non seulement du châtiment, mais encore des péchés. Instruits de cette vérité, persévérons dans l’invocation et dans la prière, et n’y renonçons jamais, soit que nous obtenions, soit que nous n’obtenions pas. Car s’il est le maître de donner, il l’est aussi de donner quand il veut, et c’est lui également qui connaît à point le moment favorable. Persévérons donc dans nos supplications, dans nos invocations, dans notre confiance en sa miséricorde et en sa bonté, et ne désespérons jamais de notre salut, mais contribuons-y selon notre pouvoir, et alors ce qui dépend de lui ne pourra manquer de venir à la suite, puisqu’il y a chez lui miséricorde ineffable et amour illimité pour les hommes. Puissions-nous tous en ressentir les effets, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.