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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/232

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en portant une si grande masse d’eaux.
3. « Il change les éclairs en pluie. » Voyez encore un autre prodige : des natures contraires qui se réunissent ; rien n’est plus essentiellement du feu, que l’éclair ; rien n’est plus froid que l’eau, et cependant ces éléments se mêlent sans se confondre, sans se tempérer l’un par l’autre ; chacun d’eux conserve toute sa force. Le feu persiste dans l’eau et l’eau dans le feu, et le feu ne dessèche pas l’eau ; l’eau n’éteint pas le feu. L’éclair est plus vif que la lumière du soleil, c’est un feu plus brillant, plus pénétrant ; c’est ce qu’atteste le regard de l’homme en perpétuel rapport avec les rayons du soleil, et incapable de supporter l’éclair, même un seul instant ; le soleil met un jour entier à parcourir le ciel, l’éclair en un moment illumine la terre ; c’est ce que le Christ atteste par ces paroles : « Comme un a éclair qui sort de l’orient et paraît à l’occident. » (Mt. 24,27) « Et il fait sortir les vents de ses trésors. » Autre élément maintenant, qui ne nous est pas d’une mince utilité, au contraire, élément précieux, vital, qui nous ranime, qui nous rafraîchit, qui rend l’air plus léger ; telle est, en effet, l’œuvre des vents ; ils secouent l’air en tous les sens ; ils en préviennent l’immobilité qui le corromprait ; ils font mûrir les fruits, ils nourrissent les corps ; comment énumérer les services qu’ils rendent aux navigateurs ? ils s’élèvent à des époques déterminées, selon un ordre établi ; ils se retirent mutuellement les uns devant les autres ; ils dansent sur la surface de la mer et ils transportent les matelots. Tel vent pousse le marin et le transmet à un autre qui le reçoit ; dans les routes contraires qu’ils suivent, ils se montrent nos serviteurs, et la guerre qu’ils se livrent nous est encore utile. On pourrait parler d’autres services, en nombre infini, que les vents nous rendent ; toutefois, sans s’y arrêter, le Prophète laisse à celui qui écoute le soin de les découvrir ; il se borne à montrer la facilité de la production, car ces paroles : « De ses trésors », ce n’est pas pour faire entendre qu’il y ait je ne sais quels trésors des vents, c’est pour montrer la facilité de leur production, la rapidité, la toute-puissance du pouvoir qui les tient tout prêts. En effet, celui qui possède un trésor, y puise à son aise, il en tire toutes choses à sa volonté ; c’est ainsi que le Créateur de l’univers a tout créé sans peine, et enrichi la nature.
Voyez, dans l’air, quelle variété, quelles transformations dans l’eau et dans le feu ? Les eaux sortent des fontaines ou de la mer, ou de l’air, ou des nuages, ou du ciel, ou des espaces supérieurs au ciel, ou des abîmes de la terre ; et le feu maintenant vient du soleil, ou de la lune, ou des astres, ou des éclairs, ou de l’air, ou du bois, ou de ce qui nous entoure, ou de nos lumières, ou de la terre ; et, en effet, partout se rencontre le feu qui vient de la terre ; témoin les sources d’eaux chaudes, et le feu qui jaillit des pierres par le frottement, qui jaillit de la chevelure des arbres, par le frottement encore, et il y a le feu des tonnerres. Variété dans l’air maintenant : l’un est plus épais, celui qui nous entoure ; l’autre, l’air supérieur, est plus subtil et aussi plus mâle de feu. Innombrable variété maintenant dans la nature des vents : l’un est plus subtil, l’autre plus épais ; l’un rafraîchit, l’autre dessèche ; l’un est plus humide, l’autre est plus chaud. Considérons encore les nuages aériens les uns s’avancent lentement, les autres vont avec la vitesse d’un cheval au galop ; mêmes différences dans les nuées poussées par les vents : les unes ressemblent à des urnes, tantôt remplies d’eau, tantôt vides ; les autres à un éventail. Quant à toi, au spectacle de cette diversité, de cette variété, apprends à admirer l’Ouvrier qui a fait toutes ces choses.
« Il a frappé les premiers-nés de l’Égypte (8). » Après les généralités, après avoir montré la providence de Dieu embrassant toute la terre, par ses éclairs, par ses vents, par la variété des fonctions de l’air, par les nuages, par les pluies ; après avoir confondu les insensés qui attribuent à la lune même une providence, il arrive aux œuvres particulières faites dans l’intérêt particulier des Juifs. Que la terre, que le ciel, que l’univers se ressente de la bonté de Dieu, c’est ce que le Psalmiste a montré ; maintenant, pour exciter la reconnaissance des Juifs, il raconte, de plus, les faits qui les concernent en particulier, il leur montre que le Dieu de l’univers, qui prend soin de toutes choses, leur a départi certains bienfaits qui ne sont que pour eux, quoiqu’à un autre point de vue, il faille reconnaître que les faveurs, qui leur étaient départies, étaient encore, des bienfaits pour le monde entier. En effet, le privilège qui les avait choisis entre les autres peuples, était pour les peuples un motif d’émulation. Ce que Paul fait entendre par ces