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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/237

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conçu, dans sa pensée, cette providence de Dieu qui embrasse le monde entier, ces plaies de l’Égypte, la diversité des bienfaits qu’il a répandus sur les Juifs dans le désert, tous les prodiges qu’il a opérés contre leurs ennemis, cette ineffable bonté l’enflamme, et il laisse s’échapper de son cœur cette glorification « Seigneur, votre nom subsistera éternellement, et le monument de votre gloire persistera à travers les générations ; » c’est-à-dire, votre gloire n’est jamais interrompue ; rien ne l’amoindrit, rien n’en suspend le cours ; elle demeure toujours, à l’abri de tout changement, de toute conversion, florissante, vigoureuse. Que signifie maintenant : « Et le monument de votre gloire persistera à travers les générations ? » Votre mémoire, dit-il, n’a pas de fin, n’a pas de limite. « Parce que le Seigneur jugera son peuple, et se laissera fléchir aux prières de ses serviteurs (14). » Ce qui peut se dire, soit en appliquant le tout au peuple de Dieu, à savoir que Dieu lui infligera des châtiments, et ensuite s’arrêtera et ranimera son peuple ; soit en faisant une division ; il se laissera fléchir par son peuple, il jugera ses ennemis ; c’est-à-dire, les uns, il les ranimera : c’est ce que veut dire : « Il se laissera fléchir ; » maintenant, il jugera, à savoir les ennemis de son peuple, c’est-à-dire, il leur infligera des châtiments.
7. Ensuite, ne pouvant pas raconter les œuvres méritoires des Israélites, pour les justifier d’une certaine manière, il emploie ces mots de « peuple » et de « serviteurs. » Après avoir dit : « Il se laissera fléchir », le Psalmiste montre que la réconciliation est un effet de sa clémence, et non de leurs mérites. Car, du moment qu’on se laisse fléchir c’est qu’il faut pardonner ; c’est assez dire, que les actions méritoires manquent, et que le temps de la clémence est venu. Donc, après avoir dit : « Le monument de votre gloire persistera à travers les générations ; » comme, à cette époque, les Israélites étaient le seul peuple qui reconnût le Seigneur, le Psalmiste ne veut dire que ceci : le salut de votre peuple est votre glorification au milieu des nations. La gloire propre à Dieu lui est assurée, même quand nul ne l’adore, et ne lui offre son culte ; gloire inaltérable, impérissable, inaliénable. Quant à la glorification de Dieu au milieu des peuples, ce sera un effet de notre conservation, quand nous aurons recouvré notre cité, notre sainte demeure, notre temple ; quand nous aurons été rendus à notre premier gouvernement. – « Les idoles des nations ne sont que de l’argent et de l’or, et les ouvrages de la main des hommes (15). »
Le Psalmiste a commencé par dire : « Notre-Seigneur est au-dessus de tous les dieux. » Cette expression semblait donner l’idée d’une excellence relative, accommodée à la faiblesse de l’esprit des auditeurs. Voyez maintenant comme il développe cette grandeur incomparable. Il a d’abord rappelé la puissance de Dieu, les merveilles du ciel, de la terre, des abîmes ; les prodiges accomplis pour les Juifs, dans leur propre pays, sur la terre étrangère, contre leurs ennemis, au milieu des nations ; ensuite il a rappelé la bonté de Dieu, son amour pour les hommes, sa sollicitude, sa sagesse, sa force ; il a montré qu’il est le Dieu de l’univers, attentif aux besoins de tout l’univers ; alors il raille, il tourne en ridicule la faiblesse des idoles, et, tout de suite, il les attaque par leur propre nature ; ou plutôt, leur seul nom lui fournit son premier reproche. Une idole en effet, qu’est-ce, qu’un objet sans force, méprisable, dont le nom seul révèle l’infirmité ? De là, ces premières paroles : « Les idoles des nations ne sont que de l’argent et de l’or. » Premier reproche, Idoles ; second reproche, matière inanimée ; troisième reproche, par cela même que ce sont des idoles, non seulement elles sont d’elles-mêmes, faibles, viles, misérables, mais, en outre, ce sont des choses que les hommes ont faites. Voilà pourquoi il ajoute : Et les ouvrages de la « main des hommes ; » ce qui est certes le plus grand reproche adressé à ceux qui les adorent. En effet, ces hommes, qui ont fait ces idoles, attendent leur propre salut de ce qui n’existerait pas sans eux. – « Elles ont une bouche, et elles ne parleront point ; elles ont des yeux, et elles ne verront point ; elles ont des oreilles, et elles n’entendront point ; car il n’y a point d’esprit dans leur bouche ; que ceux qui les font, leur deviennent semblables, et tous ceux aussi, qui se confient en elles (16, 18). »
Voyez-vous comme il insiste sur le ridicule, comme il démontre la fraude ; il arrive en effet souvent que les démons leur communiquent le mouvement ; le Psalmiste met à découvert la feinte et la comédie ; il montre