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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/236

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exposés aux mauvais traitements du premier qui voudrait leur faire injure ; mais sous la conduite de ce Dieu, ils étaient plus puissants que tous les peuples.
6. Ce n’est pas tout, la guerre était juste, les Israélites n’auraient pas fait d’invasion, si les peuples ne leur en eussent fourni des motifs, en leur barrant le passage, ce qui était de la dernière inhumanité. Quant aux Iduméens, Dieu ne souffrit pas qu’ils fussent enveloppés dans la guerre. Le silence de Dieu aurait pu autoriser les Israélites, à faire de nouvelles invasions : Dieu les prévint, il leur apprit avec quels peuples ils devaient combattre, de quels peuples ils devaient se détourner, il leur fit la leçon dans le désert, mais c’est avec des faits qu’il écrivit en quelque sorte la loi qu’ils devaient suivre en pareil cas et la conduite qu’ils devaient tenir envers les peuples qu’ils rencontreraient, « Et tous les royaumes de Chanaan. » Comprenez-vous que cet enseignement s’adresse à la terre entière ? Comme le feu dévore les épines, de même ils envahissaient tous ces peuples et nul ne pouvait leur résister. Écoutez les paroles de Balaam, instruit, non par les prophètes, non par Moïse, mais par l’expérience même : « Voici le peuple qui lèche toute la terre. » (Nb. 22,4) Comprenez-vous la justesse de la métaphore ? Il ne dit pas : le peuple qui fait la guerre, qui renverse mais qui lèche la terre, voulant montrer par là la facilité de la victoire, les trophées sans effusion de sang, la conquête au pas de course ; ils n’ont pas besoin, dit-il, d’armées rangées en batailles, ni de combats ; il leur suffit d’envahir les pays et rien ne leur résiste. En effet, Dieu ne leur a pas accordé seulement les victoires qui résultent des lois de la guerre, des règles de la stratégie ; on aurait pu attribuer les événements à leur valeur personnelle, mais Dieu soulevait contre leurs ennemis tous les éléments de l’univers. D’abord il abattait les courages, la grêle tombant par torrents, tua dans une rencontre beaucoup d’ennemis ; le soleil, suspendant sa course, prolongea une bataille ; ajoutez un grand nombre de prodiges du même genre, un bruit de trompettes plus violent que le feu, s’abattant sur des tours, fit écrouler les murailles. Cette conduite de Dieu avait une double utilité, les uns apprenaient que la guerre qui leur était faite, ne leur venait pas des hommes, et les autres apprenaient à lever leurs regards vers Dieu, à ne jamais s’enorgueillir des événements, à fuir la présomption, à pratiquer la modestie. Ils gagnaient moins à vaincre qu’à vaincre de cette manière : ce qui les rendait terribles devait les rendre en même temps modestes ; terribles assurément, puisqu’ils avaient un tel général ; modestes eu outre, parce qu’ils n’avaient pas lieu de s’enorgueillir de leurs triomphes. « Et il a donné leur terre en héritage à Israël ; il l’a donnée, pour être l’héritage de son peuple (12). »
C’est là le plus grand prodige : non seulement ils chassaient les peuples, mais il leur était donné de s’emparer des pays, et de s’en partager les villes : ce qui était pour eux une grande joie, un grand triomphe, une grande gloire ; et c’était là un effet de la puissance du Seigneur. Ce n’est pas un mince avantage que de s’emparer d’un pays ennemi : il faut, pour cela, un grand secours qui vient de Dieu. – « Seigneur, votre nom subsistera éternellement, et le monument de votre gloire persistera à travers les générations (13). » Une autre version dit : « Et votre souvenir. » Ici, le Psalmiste s’interrompt pour glorifier Dieu ; c’est l’usage des Saints. Quand ils commencent à parler de ses miracles, ils s’enflamment, et impossible à eux de finir leurs récits, sans glorifier Dieu, sans le bénir pour les merveilles qu’ils ont racontées ; ils satisfont ainsi leur cœur. C’est ce que nous voyons encore, à chaque page, dans le bienheureux Paul, surtout au commencement de ses épîtres, comme lorsqu’il dit aux églises de Galatie : « Que la grâce et la paix vous soient données, par Dieu notre Père, et par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’est livré lui-même pour nos péchés, selon la volonté de Dieu notre Père, à qui soit la gloire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. (Gal. 1,3, 5) » Et, dans l’épître aux Romains : « Les Israélites à qui appartient l’adoption des enfants de Dieu, sa gloire, son alliance, son culte, ses promesses, de qui les patriarches sont les pères, et desquels est sorti, selon la chair, Jésus-Christ même, qui est Dieu au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il. » (Rom. 9,4) Et ailleurs encore : « Au Roi des siècles, immortel, invisible, à l’unique sage, à Dieu soient l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. » (1Tim. 1,17), C’est ce que fait encore ici le Prophète. Après avoir