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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/247

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je rivaliserai avec eux, et je mêlerai ma voix aux chœurs des puissances d’en haut. Si je ne suis pas leur semblable par la nature, l’ardeur de mon zèle au moins me permettra de rivaliser avec eux. Si nous en croyons une autre interprétation ; le Psalmiste semble parler ici des prêtres : c’est en effet l’habitude de l’Écriture d’appeler le prêtre, et un ange et un dieu tantôt elle dit : « Vous ne parlerez point mal des dieux, et vous ne maudirez point le prince de votre peuple (Ex. 22,28) ; » tantôt : « Les lèvres des prêtres garderont le jugement ; c’est de leur bouche que l’on recherchera la justice parce que le prêtre est l’ange du Seigneur tout-puissant. » (Mal. 2,7) Donc, s’il faut entendre ainsi ces paroles d’aujourd’hui ; voici la pensée : Les prêtres commenceront à chanter, chanteront les premiers, comme il convient, et moi je suivrai, je les accompagnerai ; et moi aussi je chanterai pour vous, parce que vous avez entendu toutes les paroles de ma bouche. Voyez-vous la profonde reconnaissance ? voyez-vous le zèle attentif et scrupuleux ? Celui-ci ne ressemble pas à certains hommes nonchalants et lâches, pleins d’ardeur quand il s’agit de recevoir, et engourdis après qu’ils ont reçu. Celui-ci presse afin d’obtenir, et, quand il a obtenu, il montre encore la même constance, l’assiduité de la reconnaissance. Et ce qui prouve la pureté, l’excellence de ses prières, c’est que Dieu l’a écouté. Car, ce qui détermine le Seigneur à nous écouter, c’est que notre prière soit digne de lui.
D’où il suit qu’il dépend de nous d’être écoutés de Dieu ; demandons-lui ce qu’il peut nous donner ; demandons-le avec un désir ardent ; montrons-nous dignes d’être exaucés ; Dieu nous écoute alors, et il nous accorde ce que nous lui demandons. « Je vous adorerai dans votre saint temple (2). » Ce n’est pas une vertu ordinaire qui peut monter jusqu’au temple, et y porter l’adoration qui vient d’une conscience pure. Il ne suffit pas de fléchir les genoux ; il ne suffit pas d’entrer ; ce n’est pas là ce qu’on demande ; mais la ferveur, mais le recueillement de la pensée ; je ne dis pas le recueillement du corps seulement, mais la présence de la pensée dans le temple, voilà ce qui est exigé. Ce n’est pas un petit privilège que d’adorer le Dieu de l’univers, comme il convient qu’on l’adore. Si c’est une dignité que d’approcher les rois de la terre ; c’en est une bien plus grande que d’approcher le Dieu par qui tout subsiste. « Et je publierai les louanges de votre nom pour votre miséricorde et votre vérité. » Qu’est-ce à dire ? Je vous bénirai, dit-il, parce que j’ai ressenti toute votre sollicitude. Ce ne sont pas mes vertus qui m’ont donné de recouvrer ma patrie, de revoir le temple ; je dois tout à votre miséricorde, à votre bonté. Voilà pourquoi je vous adorerai, voilà pourquoi je vous confesserai ; je ne méritais que punition et châtiment ; je ne méritais que de demeurer éternellement sur la terre étrangère, et cependant vous m’avez bientôt rappelé. « Parce que vous avez élevé au-dessus de tout votre saint nom. » Ce qui veut dire : Je ne bénirai pas seulement vos bienfaits, mais votre gloire ineffable, et votre grandeur infinie, et votre nature qu’aucune expression ne peut traduire. « Parce que vous avez élevé », dit-il, « au-dessus de tout votre saint nom ; » c’est-à-dire, vous l’avez élevé par vos bienfaits, par les éléments, par ce qui existe dans le ciel, par ce qui existe sur la terre ; par les châtiments, par, ce que vous avez fait à nos ennemis, par ce que vous avez fait à votre peuple. Il n’y a pas une seule partie de la création, dans le ciel, sur la terre, dont la voix ne proclame, avec plus de retentissement que la trompette, la grandeur de votre nom. Passez en revue les anges, les archanges, les démons, les éléments insensibles, les pierres, les semences des choses, le soleil, la lune, les continents, les mers, les poissons, les oiseaux, les lacs, les fontaines, les fleuves, tout révèle que votre nom est grand. Au lieu de ces paroles : « Vous avez élevé au-dessus de tout votre saint nom », une autre version dit : « Vous avez élevé an« dessus de tous les noms votre parole. » Un autre : « Votre voix. » « Dans le jour où je vous « invoquerai, exaucez-moi ; » une autre version : « Dans le jour où je vous ai invoqué, vous m’avez exaucé. » Telle est, en effet, la promesse que Dieu a faite : « Dans le jour où vous m’invoquerez, je vous exaucerai, et je dirai : Vous n’avez pas fini de parler, me voici. » (Is. 58,6) Et le Psalmiste ne demande que ce que le Seigneur a promis. Telles sont en effet les âmes que la douleur afflige ; il leur tarde de se voir affranchies de leurs maux. « Vous exalterez mon âme par votre vertu ; » une autre version : « Vous avez établi dans mon âme les vertus. » Vous vous rappelez qu’au lieu de : « Exaucez-moi »,