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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/248

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une autre version dit : « Vous m’avez exaucé. Que signifie donc là parole : « Vous exalterez », Πολυωρήσεις ? Les phénomènes appelés météores qui se passent dans les hauteurs sont ainsi nommés, en grec μετέωρα du mot αἴρεσθαι, de là le mot μετεωρισμοί, qui s’applique aux flots que la mer élève, que, pour ainsi dire, elle exalte. Donc cette expression Πολυωρήσεις, revient à : Vous m’exalterez, vous m’enlèverez dans les hauteurs. Le Psalmiste a encore employé la même expression dans un autre passage : « Vous avez élevé à votre hauteur les enfants des hommes. » (Ps. 11,9) Et là se trouve le mot grec ἐπολυώρησαν, c’est-à-dire, vous avez attiré, emporté dans les hauteurs ; de même ici encore il emploie ce mot πολυωρήσεις με, pour faire entendre, vous me remplirez d’une grande joie ; vous rendrez mon âme comme un météore ; et, ce qui est le plus grand de tous, les biens, vous ne permettrez pas que cette élévation, que cette allégresse soit sans consistance et de peu de durée, mais vous ferez qu’elle soit puissante, forte, ferme et inébranlable. Voilà caque veut dire : «. Vous exalterez mon âme par votre vertu. ».
2. Sa pensée, la voici : Votre vertu m’exaltera, votre force m’emportera dans les hauteurs, et vous serez mon secours. Voilà pourquoi un autre interprète, mettant en lumière la même pensée, dit : « Vous avez établi dans mon âme les vertus. » C’est bien dit, « dans mon âme ; » car c’est le propre de Dieu, de retremper les âmes dans les afflictions, comme on l’a vu au sujet des apôtres. Battus de verges, ils s’en retournaient plein de joie, c’est ainsi que leur âme s’exaltait. (Act. 5,41) C’est là l’opération par laquelle éclate le plus sa puissance ; au milieu des épreuves, il ne laisse pas nos âmes tomber dans le découragement. « Que tous les rois de la terre vous louent, Seigneur, parce qu’ils ont entendu annoncer toutes les paroles de votre bouche (4). » Voyez jusqu’où va sa piété ! il ne veut pas être seul à bénir Dieu, il veut que tous ceux qui ont la puissance, s’associent à ses bénédictions, et, avec eux, tous ceux qui portent le diadème. Quelles que soient leur autorité et leur puissance, tous vous doivent, ô Seigneur, des actions de grâces même pour les bienfaits que d’autres ont reçu de vous. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Parce qu’ils ont entendu annoncer toutes les paroles de votre bouche. » Si donc ils ont pour vous des actions de grâces, ils en recueilleront de grands fruits, un gain précieux ; car tels sont les présents que vous faites, ils sont à la portée de tous ; il suffit de vouloir pour se les partager, pour en jouir. Leur autorité royale ne leur servira jamais autant que d’écouter vos paroles ; voilà ce qui les rend inébranlables, voilà pour eux la force ; voilà la beauté, voilà l’honneur, voilà la royauté ; voilà pour l’autorité, la vraie gloire et la vraie puissance. « Et que l’on chante dans les voies du Seigneur (5) ; » autre version : « Et que l’on chante les voies du Seigneur. » Si l’on prend ; « dans les voies du Seigneur », cela veut dire conformément à vos lois, à vos commandements, ô mon Dieu ! si l’on prend, au contraire, « les voies », que l’on chante, dit le texte, vos glorieux prodiges ; qu’on vous loue, qu’on vous célèbre, qu’on vous proclame, c’est ce que veut dire cette expression, « que l’on chante ». Parce que la gloire du Seigneur « est grande ; » c’est-à-dire ; exposée aux yeux de tous, manifeste à tous, évidente pour tous, prête à décerner ses bienfaits à tous ; faisant, de tous, ses tributaires, parla reconnaissance. « Car le Seigneur est très-élevé : il regarde les choses basses (6). »
Élevé en nature ; élevé en substance ; ce que dit le Psalmiste en ce moment, c’est pour s’accommoder au culte juif ; c’est une manière de parler. Ce qui suit, c’est une correction, pour redresser l’esprit : courbé vers la terre, et lui inspirer des pensées bien supérieures. Quelle est donc l’expression qui suit. « Et il ne voit que de loin les choses les plus élevées ? » En effet, il est ici question de la prescience, qui est surtout le propre de la puissante divine ; voilà pourquoi, dans les prophètes, Dieu prend si souvent occasion de cette prescience, pour condamner ceux qui sont retenus dans les liens de l’idolâtrie. Un autre interprète dit « Et ce qui est élevé, il le distingue de loin ; » un autre : « Et ce qui est sublime. » En effet, après avoir dit, « le Seigneur est très-élevé, il regarde les choses basses ; » le Psalmiste ajoute : « Il ne voit que de loin les choses les plus élevées », montrant, par là, que, non seulement il les connaît, mais qu’il les connaît à une grande distance, c’est-à-dire avant qu’elles arrivent, qu’elles soient accomplies, avant qu’elles se réalisent. « Si je marche au milieu des afflictions, vous me vivifierez (7). » Il ne dit pas : Vous chasserez loin de moi l’affliction, mais, je demeurerai au milieu même des douleurs,