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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/256

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vous exterminez les pécheurs, ô Dieu (19). » Il ne dit pas, si vous exterminez, je serai avec vous : il fait cette promesse sans condition. Quant à ce qu’il demande, ce n’est pas que Dieu détruise les hommes, mais qu’il les convertisse, qu’il les tire du péché, pour en faire des justes ; car il ne dit pas : Si vous exterminez les hommes, mais, « les pécheurs. » Un autre texte, au lieu de, « les pécheurs », porte, « le transgresseur », signifiant, par là, les ennemis qui adorent les idoles.
« Hommes de sang, éloignez-vous de moi. » Ces hommes de sang sont les meurtriers qui se plaisent dans les massacres. C’est avoir progressé d’une manière notable dans la vertu, que de s’enfuir, que de s’écarter avec horreur des réunions de tels hommes. Le Psalmiste explique ensuite pourquoi il faut les fuir. « Parce que vous êtes querelleurs dans vos pensées (20). » Un autre texte : « Ces hommes dont la pensée s’élève contre vous ; » un autre texte : « Parce qu’ils vous ont aigri, par leurs pensées perverses. » Voyez, il ne se préoccupe pas de lui-même, mais de l’injure faite à Dieu, et il s’écarte de tels hommes avec horreur, il repousse tout commerce avec eux. En effet ce qui a perdu les Juifs, c’est qu’ils conversaient avec les méchants. Aussi reçurent-ils une loi qui les en séparait, qui leur ordonnait d’éviter les mariages avec eux ; et, quand ils sortirent de l’Égypte, ils furent pendant quarante ans séparés des antres peuples, dans la solitude. Cette loi avait pour nom « la haie », parce qu’elle les entourait de toutes parts et supprimait tout commerce avec les méchants. Les Juifs, en effet, étaient faciles à circonvenir ; leurs mœurs étaient variables et leur caractère mobile. « Ils regarderont comme des vanités les villes élevées par vous. » Un autre texte : « C’est en vain qu’ils se sont élevés pour rivaliser avec vous ; » un autre : « Pour être vos ennemis. » Voilà donc pourquoi il s’en écarte avec horreur, c’est qu’ils se sont élevés contre la gloire de Dieu, c’est qu’ils ont transgressé la loi ; c’est qu’ils ont fait entendre des blasphèmes. « Seigneur, n’ai-je pas haï ceux qui vous haïssaient et ne séchais-je pas d’ennui à cause de vos ennemis (21). « Je les haïssais d’une haine parfaite et ils sont devenus mes ennemis (22). »
C’est ainsi que Dieu lui-même a promis aux Juifs d’être l’ennemi de leurs ennemis ; l’adversaire de leurs adversaires ; c’est là la meilleure preuve d’affection. Et le Psalmiste paie le Seigneur de retour, par la même conduite envers les amis, envers les ennemis de Dieu. En effet, il a dit plus haut : « J’ai honoré, d’une façon toute singulière, vos amis, ô mon Dieu ! » Ici maintenant : « J’ai haï ceux qui vous haïssent. » J’ai aimé outre mesure ; et ici encore : J’ai haï outre mesure. Car il ne dit pas seulement : J’ai haï, mais encore : « J’ai séché d’ennui. O Dieu, éprouvez-moi et sondez mon cœur, interrogez-moi, et connaissez les sentiers par lesquels je marche(23), et voyez si la voie de l’iniquité se trouve en moi ; et conduisez-moi dans la voie qui est éternelle (24). » Or, il a dit en commençant : « Vous m’avez éprouvé et connu parfaitement, vous m’avez connu, que je fusse assis ou levé, vous avez découvert de loin mes pensées, vous avez remarqué le sentier par lequel je marche, et toute la suite de ma vie, et vous avez prévu toutes mes voies. Vous connaissez toutes les choses futures et anciennes. » Comment donc dit-il maintenant, comme s’il n’avait pas encore été éprouvé, « Éprouvez-moi ? » Vous voyez qu’il se sert du langage humain, non pour tenir ainsi nos âmes dans l’abaissement ; au contraire, il veut qu’après nous être formé, par toute espèce de réflexions, une pensée digne de Dieu ; nous nous élevions jusqu’aux hautes régions de l’intelligence. Il demande à être éprouvé, à être examiné, non pas pour que son cœur soit connu de celui qui, dès le commencement, connaît toutes choses, même avant leur naissance ; mais afin que nous acquérions nous-mêmes la connaissance que donne l’expérience des choses. Voilà en effet ce que veut dire cette parole, « Éprouvez-moi. Et voyez si la voie de l’iniquité se trouve en moi, et conduisez-moi dans la voie éternelle. »
Or, maintenant cette voie éternelle, que peut-elle être, sinon la voie spirituelle qui conduit au ciel et qui n’a pas de fin ? En effet, tout le reste est caduc, momentané, renfermé dans la vie présente ; aussi, négligeant tout ce périssable, le Psalmiste cherche ce qui est immortel, sans limites, sans fin. Et maintenant, qu’est-ce qui conduit vers cette voie ? Le secours de Dieu, la volonté qui fait ce qui dépend d’elle ; la vertu, la sagesse qui s’élève au-dessus des choses de la vie présente. Les choses de l’autre vie ne sont ni éphémères, ni momentanées ; telle est la vertu avec ses