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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/280

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EXPLICATION DU PSAUME CXLII.


1. « SEIGNEUR, EXAUCEZ MA PRIÈRE ( προσευχή). »

ANALYSE.

  • 1. Double sens du mot proseukhe . La conscience est comme un juge intérieur
  • 2. La justice de Dieu est clémente. Du fruit que produit la confession des péchés.
  • 3. Qu’il y a plusieurs sortes d’humilité. Que les pécheurs sont dans les ténèbres, qu’ils n’entendent pas les cris des pauvres
  • 4. État d’une mauvaise conscience : inquiétude des avares.
  • 5. Les miracles sont moins nécessaires aujourd’hui qu’autrefois. La fosse dont il est question dans le verset 7 n’est autre que l’abîme du péché.
  • 6. Dans l’Écriture, les termes d’équité et de justice sont souvent synonymes de ceux de clémence et de miséricorde.


1. Le mot προσευχή présente deux sens : celui de prière vocale et celui de promesse ou vœu. Par là s’explique ce conseil du sage : « Ne répétez pas deux fois la même parole dans votre prière, προσευχή. » (Sir. 7,14). Par ces paroles, il ne nous exhorte pas à ne pas nous répéter, quand nous invoquons, quand nous prions le Seigneur ; loin de nous cette pensée, car il nous est ordonné de persévérer dans nos prières. Mais ce qu’il veut, c’est que nous ne différions pas d’accomplir la promesse que nous avons faite à Dieu, de l’accomplir au plus vite. Voilà pourquoi il est dit ailleurs : « Ne différez point de vous acquitter de votre vœu. » (Qo. 5,3) L’avenir en effet, est incertain ; une maladie, des affaires imprévues peuvent susciter un empêchement. Si la mort arrive et vous surprend, vous serez sans excuse. Or, ici, dans notre psaume, προσευχή veut dire, demande et supplication. C’est ce que le Psalmiste indique lui-même, en ajoutant : « Recevez de vos oreilles ma supplication, selon la vérité qui est en vous. » Un autre texte : « Selon la fidélité qui est en vous ; » un autre texte : « Selon la sûreté qui est en vous. » Ce qui veut dire : consentez à ma demande, et faites que ce que je veux, s’accomplisse, confirmez ma demande par la vérité qui est en vous ; servez-vous de votre puissance pour en assurer l’accomplissement. Mais voyons de quelle espèce est la demande. En ce monde, lorsqu’un homme adresse une supplication, ceux qui la reçoivent en considèrent la nature, et si la demande est juste et légitime, on l’écoute.
Mais en vérité, en ce monde, c’est pour avoir des honneurs, des dignités, de l’argent, qu’on fait des supplications ; souvent encore c’est pour écarter l’injustice : quelques-uns demandent des choses qui dépassent le pouvoir de ceux à qui ils s’adressent. Nous, au contraire, nous supplions pour qu’on nous pardonne nos péchés, et nous faisons entendre notre supplication, quand le juge intérieur ne nous les a pas remis ; j’entends par là, notre conscience ; qui nous poursuit et nous tourmente. Et eu effet, il n’est pas en son pouvoir de nous les remettre. Or, de même qu’on ne va pas trouver l’empereur, pour lui parler d’un habit déchiré, ou de dix oboles volées, de même vous, et à bien plus forte raison, prenez garde, quand vous vous approchez de Dieu, de ne pas l’aller entretenir de sujets misérables et sans aucune