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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/283

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avec moi, eh bien ! me voici, je suis prêt. Avez-vous bien compris la clémence ineffable de Dieu ? Avez-vous bien compris la bonté infinie ? Voilà pourquoi les trois enfants disaient aussi : Nous avons péché, nous avons mal t’ait, nous avons commis l’injustice. Comme il est un grand nombre d’hommes tout à fait dépourvus de sens, qui imputent leurs péchés à Dieu, parce que le démon qui les travaille, leur inspire ces pensées mauvaises, Dieu, pour supprimer jusqu’à la racine cette injustice fréquente, répète souvent qu’il veut plaider avec eux.
3. C’est un péché de ce genre que commit le premier homme, Adam ; il disait : « La femme que vous m’avez donnée, m’a présenté le fruit et j’en ai mangé. » (Gen. 3,12) « Les Juifs aussi commettaient beaucoup de péchés de cette sorte. Parce que nul homme vivant ne sera trouvé juste devant vous. » Mais à quoi bon parler, dit-il, de moi, de celui-ci, ou de celui-là ? Il n’est pas d’homme sur la terre qui, plaidant sur les commandements que vous lui avez faits, puisse être justifié ; à vous la pleine et entière victoire. « Car l’ennemi a poursuivi mon âme (3). » Ceci peut s’entendre assurément de Saül qui était alors son ennemi, et qui le poursuivait. On peut encore l’entendre, dans le sens apagogique, de l’ennemi des hommes, du démon. Eu effet, il ne cesse pas de poursuivre ceux qui appartiennent à Dieu. Comment donc nous garantir de sa poursuite ? Trouvons un lieu où il ne puisse pas entrer. Et quel est ce lieu ? Quel autre lieu que le ciel ? Et maintenant, comment pouvons-nous monter au ciel ? Écoutez Paul qui nous dit, qui nous montre que même embarrassés par la chair, comme nous le sommes, nous pouvons habiter dans le ciel : « Méditez ce qui est dans le ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu ; » et encore : « Nous vivons dans le ciel. » (Phil. 3,20) – « Il a humilié ma vie jusqu’en terre. »
Le mot : « Humilié » a bien des sens : il y a la vertu de l’humilité, comme lorsque le Psalmiste dit : « Le Seigneur ne méprisera pas un cœur contrit et humilié. » (Ps. 50,19) Il y a, de plus, l’humiliation des malheurs ; il y a encore l’humiliation des péchés. Or, celle qu’exprime ici le Psalmiste ; est celle qui vient des malheurs. Voilà pourquoi il ajoute : « Il a humilié ma vie jusqu’en terre. » Il y a encore l’humiliation qui provient de l’orgueil, comme lorsque l’évangéliste dit : « Quiconque s’élève, sera humilié. » Il y a encore une autre humiliation, qui résulte de notre insatiable cupidité ; car quoi de plus abject et de plus humiliant que de s’ensevelir dans des pensées de richesses, dé puissance, de gloire ? Humiliation pour deux raisons : farce qu’on rampe à terre, et parce qu’on regarde comme grand ce qui est si petit, comme font les enfants qui estiment à si haut prix leurs balles, leurs dés et tous leurs jouets, ce qui ne prouve pas la grandeur de ces objets, mais la faiblesse et l’imperfection de l’intelligence chez leurs admirateurs. Chez les enfants, ce qu’il faut accuser, c’est un défaut de l’âge et de la nature ; chez les autres, c’est le vice de la volonté. Voici un homme d’un âge mûr, qui regarde la table, le luxe, les délicatesses de la vie comme quelque chose de grand. Quoi de plus bas, quoi de plus humble ! Et maintenant, beaucoup de personnes regardent ces âmes frivoles comme des esprits grands et élevés. Ces personnes-là sont encore bien plus basses. Eh bien ! donc, apprenons ce qui constitue la grandeur vraie et ce qui opère l’humilité. La vraie grandeur, c’est de mépriser ce que les hommes admirent. Maintenant le Prophète parte de l’humiliation que produisent les malheurs. « Il m’a réduit dans l’obscurité comme ceux qui sont morts depuis des siècles. » Il indique là un double malheur, l’obscurité, et la mort depuis des siècles ; double allusion à la captivité d’alors. Celui qui est dans l’obscurité, peut encore agir, même au sein des ténèbres, s’il allume un flambeau ; le Psalmiste, pour montrer toute l’étendue du malheur, parle des morts, et il rend la tragédie plus lugubre. Tels sont ceux qui vivent dans le péché ; ils sont comme des morts dans les ténèbres ; ils ont beau promener autour d’eux des milliers de flambeaux, ils ont beau regarder le soleil, ils ont beau se rendre éclatants, par les vêtements dont ils se couvrent, par la pompe dont ils s’entourent ; ils ne valent pas mieux, au contraire, ils sont de pire condition que les morts, que ceux qui habitent dans les ténèbres ; ils sont d’autant plus à plaindre que, pour les uns c’est l’effet de la nature, tandis que, pour les pécheurs, c’est la faute de la volonté. Il convient aussi d’entendre, par ces ténèbres, les ténèbres à venir, dont parle l’évangéliste : « Jetez-le dans les ténèbres extérieures. » (Mt. 22,13) Il y a ; de plus, les ténèbres du vice : « Ceux qui sont assis », dit l’Évangile,