Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que possible : « Le Seigneur est bon envers tous, et ses miséricordes s’étendent sur toutes ses œuvres. »
Que signifie, « envers tous ? » Envers les pécheurs mêmes, dit-il ; envers ceux qui vivent dans le crime. Car, ce ne sont pas seulement les justes, ni les hommes vertueux, ni les pécheurs repentants, ce sont tous les hommes qui proclament, par les traitements qu’ils reçoivent, sa miséricorde et sa bonté. Et si l’on me demande : qui donc a éprouvé sa bonté ? Je dirai : ce n’est pas Abel seulement, mais Caïn ; ce n’est pas Noé seulement, mais ses enfants, mais ceux que le déluge a engloutis, car toutes ces œuvres sont des opérations de la bonté. Et si vous voulez comprendre, combien il est vrai de dire que cette bonté s’étend sur tous, faites, avec moi, la réflexion que voici : Quelle bonté, répondez-moi, Dieu n’a-t-il pas montrée envers ce meurtrier de son frère, envers celui qui n’avait pas reculé devant un pareil assassinat, envers celui qui avait souillé sa main, envers celui qui avait foulé aux pieds les plus saintes lois ? Il le livre à un châtiment, qui est plutôt un avertissement qu’un supplice ; il lui donne la longueur du temps pour se purifier de sa faute, et il fait servir à l’enseignement des autres les souffrances de ce grand coupable. Quelle bonté n’a-t-il pas montrée, répondez-moi, envers ces malades incurables des temps du déluge, que ni menaces, ni raisonnements, ni aucun autre moyen n’avaient pu arrêter dans leurs voies corrompues ? Il leur applique la dette commune de la nature, en place de remède ; il leur inflige la mort la plus légère, la mort au sein des eaux. Maintenant cette expression : « Envers tous », ne s’applique pas seulement aux hommes, mais à tous les êtres visibles, aux animaux, aux êtres dépourvus de raison. Ce n’est pas tout, si l’on remonte aux anges, aux archanges, on verra la plénitude de sa bonté, la plénitude de sa miséricorde ; car chaque œuvre révèle la grandeur de sa bonté. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Que toutes vos œuvres vous louent, Seigneur, et que vos saints vous bénissent (10) », c’est-à-dire, vous rendent des actions de grâces, vous adressent leurs chants, et ceux qui ont reçu le privilège de la raison, et ceux qui n’ont pas en partage la parole. Car, ceux qui ne parlent pas, ont été faits de telle sorte que chacun de ces êtres muets bénit Dieu, par l’essence même de sa nature, tout muet qu’il est, parce que les hommes voient ces êtres sans langage, et jouissent des services qu’ils leur rendent ; ces êtres louent le Seigneur, par leur propre substance ; les hommes le louent, de plus, par leur conduite et par leurs actions. C’est ce qu’exprime le Psalmiste, quand il ajoute : « Et que vos saints vous bénissent. » Ceux à qui il donne le nom de saints, ce sont les hommes qui accomplissent les volontés de Dieu, ceux auprès de qui les péchés et la corruption ne trouvent aucun accès. « Ils publieront la gloire de votre règne (11). » Que signifie, « ils publieront la gloire ? » C’est-à-dire, que rien ne vous manque ; que vous aimez la race humaine, que l’homme est l’objet de vos soins ; que vous, qui n’avez nul besoin de ceux qui vous sont soumis, vous leur montrez une providence pleine d’attention ; cela vent dire, que votre lumière est inaccessible, votre substance ineffable, incompréhensible. « Et célébreront votre puissance », c’est-à-dire chanteront votre puissance, irrésistible, invincible ; non pas que vous ayez besoin de ces hymnes et de ces louanges, mais elles sont utiles à ceux qui les font entendre ; elles sont, pour les autres, un enseignement, et elles les associent à ce concert de louanges. Aussi le Psalmiste ajoute-t-il : « Afin de faire connaître aux enfants des hommes la grandeur de votre pouvoir, et la gloire si magnifique de votre règne (12). » – Il montre par là que Dieu admet les louanges afin que tous les hommes connaissent sa puissance. Grande puissance, grande gloire, honneur magnifique, magnifique et ineffable ; non seulement au-dessus de toute parole, mais au-dessus des forces de la pensée. Mais maintenant il faut à cette magnifique et ineffable puissance des bouches qui la révèlent, puisque le grand nombre l’ignore. Le soleil aussi est l’astre le plus resplendissant et cependant les yeux malades n’en voient pas la lumière ; il en est de même de la divine Providence, plue éclatante que tous les soleils ; mais ceux dont ; la raison est pervertie, dont les oreilles sont fermées, ont besoin du zèle qui s’applique à dilater leur pensée.
4. Il ne faut donc pas se lasser de faire retentir auprès d’eux, de leur répéter cet enseignement. Maintenant que le Psalmiste a parlé, de la gloire, de la magnificence divine, qu’il a laissée dans sa course, qu’il n’a pas assez misa, en tout son jour, il reprend encore ce sujet, dans la mesure de ses forces, il montre ce