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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/308

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EXPLICATION DU PSAUME CXLVII.


1. « JÉRUSALEM, LOUE LE SEIGNEUR ; SION, LOUE TON DIEU. »

ANALYSE.

  • 1. Dieu ne protège pas seulement son peuple, c’est encore lui qui le nourrit. C’est ce que signifie : Et adipe frumenti satiat te. Sa Providence s’étend sur toute la nature : Velociter currit sermo ejus.
  • 2. Dieu, qui a fait tout, transforme tout.
  • 3. Les hommes n’ont jamais été sans loi ; avant que la loi positive leur eût été donnée, ils avaient la loi naturelle, selon laquelle seront uniquement jugés ceux qui n’en ont pas connu d’autre.
  • 4. Le présent psaume peut aussi s’interpréter anagogiquement, et dès lors la Jérusalem que Dieu protège, c’est l’Église, qui, toujours combattue, grandit toujours et grandira jusqu’à la fin des temps.


1. Ce n’est pas à la ville, c’est aux habitants qu’il s’adresse, et ce qu’il fait dans tous les psaumes, il le fait encore ici ; il ne se lasse pas de les exhorter, de les porter par ses conseils à offrir à Dieu, pour les bienfaits qu’ils en ont reçus, leurs actions de grâces ; à mettre leur confiance, non dans leurs édifices, non dans la solidité de leurs remparts, mais dans sa providence. Une fois ce point établi, il ajoute : « Car il a fortifié les serrures de tes portes, et il a béni tes enfants, au milieu de toi (2). » Que signifie, « Il a fortifié les serrures ? » c’est-à-dire, il t’a mise en sûreté, il t’a rendue inexpugnable. « Il a béni tes enfants ; » c’est-à-dire il l’a fait grandir, de manière à devenir une multitude. Distinguons ce bienfait, de cet autre bienfait : « Au milieu de toi ; » ce qui veut dire, il n’a pas béni des enfants dispersés, séparés les uns des autres, mais il les a réunis, et, au milieu de toi, il en a augmenté le nombre. Le Psalmiste donne ensuite une autre preuve de la Providence : « Il établit la paix sur tes frontières (3). » En effet, on peut être en sûreté, on peut être un grand peuple, et cependant souffrir de la guerre ; mais le Psalmiste montre que les Israélites sont aussi à l’abri de ce malheur. Et non seulement leur cité n’a pas à craindre les attaques de l’ennemi, mais leurs frontières mêmes sont en sûreté. Voyez-vous que de bienfaits il énumère ! Le premier bienfait, sans contredit, le plus grand de tous, c’est ce qu’il exprime ainsi : « Ton Dieu. » Ce mot seul révèle tous les bienfaits du Seigneur. Dieu a fait de toi son ami, son héritier ; le Seigneur commun de tous les êtres, est particulièrement ton Seigneur, à toi ; ce qui est certes la source de tous les biens ; second bienfait : il a mis la ville en sûreté ; troisième bienfait : il a multiplié le peuple ; quatrième bienfait : il a mis à l’abri, et des guerres et des tumultes, non seulement la ville, mais la nation tout entière. Et cela, il ne l’a pas fait une fois, deux fois, trois fois, mais il l’a fait sans interruption. Car, le Psalmiste ne dit pas, il a établi, mais, « Il établit. » Si parfois des guerres sont survenues, ce n’est pas que Dieu les abandonnât, mais c’est qu’eux-mêmes se séparaient de lui ; car, son occupation non interrompue, c’est de fortifier son peuple, de le mettre en sûreté, à l’abri, affranchi de toute guerre et de tout tumulte.
Le Psalmiste ajoute encore un autre bienfait :