Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

force des vents qui opère ces effets, mais Dieu, Dieu qui a fait les vents. Et maintenant si le Psalmiste a parlé des éléments, des changements qui s’accomplissent dans les éléments, c’est pour faire comprendre aux Juifs, épais et stupides, la puissance de Dieu ; il la leur fait voir par les œuvres qui se répètent chaque année ; il leur montre qu’il est facile à Dieu de faire, des choses, ce qui lui plaît ; de changer les contraires en leurs contraires. De même, en effet, que si la tempête, que si le froid glacial est insupportable, il est facile à Dieu de ramener la sérénité qui fond toutes les glaces ; de même, quand les Juifs étaient emmenés en servitude, tourmentés par leurs ennemis, il lui était facile de leur rendre la paix, leur patrie, leur première prospérité. Le Psalmiste ne se contente pas de ces pensées ; il en est une autre qu’il insinue ; quelle est-elle ? De même que ces intempéries, quoique incommodes, ont souvent leur utilité ; de même les malheurs qui frappèrent les Juifs, leur furent utiles, et eurent pour eux de grands avantages. Toutefois, pour ne pas les fatiguer, le Psalmiste leur parle d’un changement plus agréable. Mais que signifient ces exemples ? Il ne dit pas seulement, « Il envoie la neige », mais il ajoute, « Comme de la laine ; » ni, « la gelée blanche », mais il ajoute, « Comme de la cendre ; » ni, « Il envoie sa glace », mais il ajoute, « Divisée en une infinité de parties. » Il me semble avoir voulu signifier, par là, combien tout est facile pour Dieu, et se fait vite. « Il annonce sa parole à Jacob (8). » Autre texte : « Ses statuts ; » autre texte : « Ses ordres. Ses jugements et ses ordonnances à Israël ; il n’a point traité de la sorte toutes les autres nations ; » un autre texte ; « Semblablement. Et il ne leur a point manifesté ses jugements. » Voyez comme, ici encore, il passe du général au particulier, à ce qui était le plus important chez les Juifs, parce qu’il veut ranimer leur ardeur. Au commencement du psaume, il a parlé des choses sensibles, utiles au corps, de la sûreté, de la fertilité de l’année, de la paix ; mais ici maintenant il élève son discours à de plus hautes pensées ; il leur parle de la loi qui leur a été donnée, ce qui est le plus grand bienfait, pour les écarter du vice, les conduire à la vertu, éclairer leur âme. Aussi Moïse, reprenant cette pensée en tout sens, disait : « Quel peuple est semblable à ce peuple ? Quelle grande nation a un Dieu aussi près d’elle, comme le Seigneur notre Dieu est près de nous, présent à toutes nos prières ? » (Deut. 4,7) Et David encore : « Le Seigneur fait ressentir les effets de sa miséricorde, et il fait justice à tous ceux qui souffrent la violence. Il a fait connaître ses voies à Moïse, et ses volontés aux enfants d’Israël. » (Ps. 102,6-7) Et Jérémie[1] : « C’est notre Dieu, aucun autre que lui ne sera regardé comme Dieu ; il a trouvé toutes les voies de la science, et il les a montrées à Jacob son fils, et à Israël son bien-aimé. »
Mais, peut-être objectera-t-on, puisqu’il n’a rien révélé aux autres hommes, comment peut-il les punir ? Que le Seigneur punisse, et ceux qui ont existé avant la loi, et les pécheurs répandus par tout l’univers, c’est ce que manifestent les paroles du Christ : « La reine du midi s’élèvera et condamnera cette génération ; » et encore : « Les Ninivites s’élèveront, et condamneront cette génération. » (Mt. 12,42-41) Le sens de ces paroles, c’est que ces anciens hommes aussi doivent rendre compte de manière à mériter les uns, la gloire, les autres, les châtiments. – Et maintenant, si on ne leur avait pas montré la conduite qu’ils devaient tenir, comment leurs juges peuvent-ils les condamner ? Comment l’Écriture dit-elle encore : « Le sang répandu sera vengé par le sang. Depuis le sang du juste Abel, jusqu’au sang de Zacharie ? « (Mt. 23,35) Comment dit-elle encore : « Au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement ? » (Mt. 11,24) Cette expression « moins rigoureusement » ne montre pas qu’il n’y aura aucun supplice, mais que le supplice ne sera pas aussi rigoureux, que les fautes l’exigeaient. Si les coupables qui ont été punis, ont encore à rendre un compte si sévère, parmi les autres, qui évitera le châtiment ?
3. Eh bien ! maintenant, nous pouvons voir au nombre de ceux que les châtiments attendent, ceux qui ont été punis par le déluge, et beaucoup d’autres, et Caïn lui-même ; Paul aussi exprime cette pensée, par ces paroles : « On y découvre aussi la colère de Dieu, qui éclatera du ciel contre tonte l’impiété et l’injustice des hommes qui retiennent la vérité de Dieu dans l’injustice ; parce qu’ils ont connu ce qui peut se découvrir de Dieu, Dieu même le leur ayant fait connaître. Car

  1. Par erreur : la citation est de Bar. 3,36-37.