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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/314

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les agneaux des brebis. » (Ps. 113,1, 4) Ailleurs encore, Isaïe : « Cieux, que les nuées « fassent descendre le juste comme une pluie. » (Is. 45,8) Les hommes ne suffisent pas seuls à la tâche de louer, de célébrer Dieu, et alors ils vont partout, cherchant des compagnons de leurs hymnes. Quant au Psalmiste, c’est ce qu’il fait souvent, comme quand il dit : « Adorez-le, vous tous, qui êtes ses anges. » (Ps. XCXVI, 7) Et encore : « Vous tous qui êtes des puissantes, et qui accomplissez ses ordres. » (Ps. 102,20)
Et maintenant le Psalmiste se propose encore une autre pensée, quelle est-elle ? Qu’un insensé n’aille pas se figurer qu’il y a deux créateurs du monde. Les créatures sont diverses, les substances, différentes (sensibles, spirituelles, visibles, invisibles, corporelles, incorporelles) ; il ne faut lias, de la diversité des ouvrages, conclure à la diversité des ouvriers. Voilà pourquoi le Psalmiste institue un chœur unique, un seul chœur de toutes les créatures, offrant le cantique au même Dieu, voilà pourquoi il dit que le même Dieu doit être célébré par les créatures d’en haut, par les créatures du monde inférieur. Il montre par là, que c’est un seul et même ouvrier qui a fait les unes et les autres. Maintenant il commence par celles du monde supérieur et il dit : « Louez-le, vous tous qui êtes ses anges ; louez-le, vous tous qui êtes ses puissances. » Un autre texte : « Vous tous qui composez ses armées : » C’est-à-dire : chérubins, séraphins, dominations, principautés, puissances. C’est le propre d’une âme embrasée, c’est le propre d’un amour brûlant d’exciter tous les êtres à louer celui qu’on aime ; c’est le propre d’une âme qui trouve toujours un plaisir plein de charme dans la pensée de Dieu ; qui s’extasie devant sa gloire, et qui l’admire. « Soleil et lune, louez-le ; étoiles et lumières, louez-le toutes ensemble ; » un autre texte : « Étoiles de la lumière, louez-le, cieux des cieux, et que toutes les eaux, qui sont au-dessus des cieux, louent le nom du Seigneur ; car il a parlé, et toutes ces choses ont été faites ; il a commandé, et elles ont été créées. Il les a établies pour le siècle, et pour le siècle du siècle. » Un autre texte : « Il les a établies, pour subsister sans interruption. Il leur a prescrit ses ordres, qui ne manqueront point de s’accomplir (3, 4-6). » Pourquoi, après avoir dit quelques mots des puissances célestes, se précipite-t-il si vite loin du ciel, vers les êtres visibles ? pourquoi cette longue énumération, passant, un à un, en revue les objets visibles, et du ciel, et de la terre ? C’est que ces objets se manifestaient plus clairement aux auditeurs ; ils les voyaient, ils les avaient sous les yeux. Et voilà pourquoi Moïse aussi, commençant son histoire par la création, ne s’étend, ni beaucoup, ni peu, sur les créatures supérieures ; il commence par le ciel et par la terre ; il parle du soleil, de la lune, des plantes, des animaux qui nagent, des quadrupèdes, et finit par l’homme. Quant aux « cieux des cieux », dont parle ici le Psalmiste, il ne s’agit pas d’une multitude de cieux différents ; « le ciel du ciel » a le même sens. L’hébreu en effet dit d’ordinaire : « Le ciel du ciel ; » c’est ainsi qu’autre part encore le Psalmiste dit : « Le ciel du ciel appartient au Seigneur ; quant à la terre, il l’a donnée aux enfants des hommes. » (Ps. 113,7) « Et toutes les eaux qui sont au-dessus des cieux. » Vous avez entendu Moïse dire aussi que le Seigneur, partageant les eaux, laissa les unes en bas, éleva les autres sur les voûtes célestes, établit le firmament au milieu de l’abîme, et permit aux eaux supérieures de couler comme sur le dos de ces voûtes.
Mais maintenant, dira-t-on, quelles louanges peuvent faire entendre des créatures, sans voix, sans langue, sans âme, sans raison, sans intelligence ; qui n’ont ni l’organe de la parole, ni la pensée ? Il y a deux manières, de glorifier : l’une par les paroles, l’autre par ce que soient les yeux. On peut même ajouter une troisième manière, par la conduite et par les œuvres. Car, ce ne sont pas seulement les paroles, le silence même de l’homme glorifie Dieu ; c’est ainsi que le Christ a dit : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes couvres et qu’ils glorifient votre Père, qui est dans les cieux. » (Mt. 5,16) ; et ailleurs : « Ceux qui me glorifient, je les glorifierai. » (1Sa. 2,30) Il y a, sans doute la glorification par la langue, exemple Moïse, glorifiant Dieu avec Marie et disant : « Chantons des hymnes au Seigneur, parce qu’il a fait éclater sa gloire. » (Ex. 15,1) Il y a aussi la glorification qui résulte de la création même ; c’est encore le Psalmiste qui nous dit : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament publie les ouvrages de ses mains. » (Ps. 18,1) Ainsi la création même le loue par la beauté, par la position, la grandeur, la nature, l’usage, les services, la persistance, l’utilité ; donc lorsque le Psalmiste dit : Louez le Seigneur, anges, vertus, cieux, lune, soleil, étoiles, eaux, qui êtes au-dessus des cieux, il veut dire que toute créature manifeste la sagesse de l’ouvrier, fait éclater des merveilles ; ce que Moïse a exprimé rapidement au commencement de son récit. « Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites, et elles étaient très bonnes (Gen. 1,31) ; » tellement bonnes qu’elles glorifiaient l’ouvrier, et portaient le spectateur de ces œuvres à louer Celui qui les avait faites.
2. Voilà donc la louange qu’entend le Psalmiste, c’est la beauté des œuvres ; voilà ce qui provoque en l’honneur de l’ouvrier les hymnes de louanges. Ce que Paul exprime aussi, en disant : « Les perfections invisibles de Dieu sont devenues visibles, depuis la création du monde, sa puissance éternelle et sa divinité. » (Rom. 1,20) Et le Psalmiste, après avoir parlé des créatures, et laissé au spectateur le soin de conclure, de l’aspect des choses visibles, la beauté, la grandeur et l’utilité des œuvres de Dieu, indique une autre raison de louanges. « Dieu a parlé, et toutes ces choses ont été faites ; il a commandé, et elles ont été créées. Il les a établies pour le siècle, et pour le siècle du siècle, il leur a prescrit ses ordres, qui ne manqueront point de s’accomplir. »