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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/318

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habitent ; la solitude leur plaît, ils s’en contentent, parce que c’est là, dès le commencement, le séjour que Dieu leur a fixé. Ainsi, quand vous dormez, ces animaux parcourent la solitude : ce que le Prophète montre encore dans un autre endroit, par ces paroles : « Vous avez répandu les ténèbres, et la nuit a été faite, et c’est durant la nuit que toutes les bêtes de la forêt se répandent sur la terre. » (Ps. 103,20) Voyez-vous les traces, encore aujourd’hui subsistantes, de votre premier empire ? Quelque diminution qu’il ait subie, quoique mutilé, il conserve encore quelque signe qui le fait reconnaître. Ces bêtes sauvages sont comme des esclaves, relégués loin de nous, séparés de nous, par le temps et par l’espace ; ne les attaquez pas, elles n’oseront pas vous attaquer ; elles vivent dans les déserts ; vos angoisses, vos chagrins, parce que des bêtes féroces ont été faites, rie prouvent que votre démence. Si votre conduite est conforme à la vertu, elles ne vous feront aucun mal ; si vous avez souffert du mal que vous ont fait les bêtes féroces, pensez que vous avez souffert beaucoup plus de celui que vous ont fait les hommes. L’homme est plus redoutable que la bête féroce ; celle-ci montre sa férocité, l’homme cache sa perversité sous le masque de la douceur ; de là vient qu’il est souvent difficile de s’en préserver. Pratiquez la sagesse ; ni bêtes féroces, ni hommes ne vous nuiront, mais au contraire vous serviront beaucoup. Et que parlé-je de la bête féroce et de l’homme, lorsque le démon lui-même, non seulement n’a fait à Job, aucun mal, mais a été pour lui l’occasion de conquérir les plus glorieuses couronnes ? Que parlé-je de la bête féroce et de l’homme, lorsque les éléments mêmes que vous portez eu vous, si vous tombez dans le relâchement, sont, pour vous, des causes bien autrement graves de douleur ? je parle de la bile ou de la pituite, que, dans votre intempérance, vous ne songez pas à réprimer, ennemis funestes, tant il est vrai que nous avons un besoin absolu de modération et de vigilance. Mais ici, de même que la négligence attire les plus grands maux, ainsi l’attention à veiller sur soi-même suffit pour trouver les plus précieux avantages ; car enfin tout dépend de la volonté, du libre arbitre. Ce qu’est la neige dans l’univers, et le feu, et le vent des tempêtes ; la pituite, le sang et la bile le sont pour le corps, et ce qu’il faut, c’est que la parfaite sagesse règle notre tempérament, si nous voulons retirer, de notre constitution, futilité qu’elle comporte ; si nous ne voulons pas nous exposer aux maladies. Mais à quoi bon parler du corps ? l’âme aussi a des puissances qui, une fois exagérées, deviennent des maladies ; châtiez-les, modérez-les, ces mêmes puissances deviennent des auxiliaires ; la colère convenable est un remède salutaire ; la colère immodérée cause votre perte. Le désir naturel, suivi avec modération, fait de vous un père ; en effet, au point de vue de la procréation des enfants, ce désir a son utilité ; mais lâchez la bride, et il vous jette, trop souvent, dans les impuretés, dans les adultères. Donc, n’accusez pas les choses, n’accusez jamais que votre volonté. Si vous négligez de la surveiller, vous trouvez en vous-mêmes ce qui vous blesse ; dans votre propre corps, ce qui le perd. Avez soin de votre âme ; ni les anges déchus, ni le démon ne pourra vous nuire ; et les bêtes féroces, bien moins encore.
« Que les rois de la terre et tous les peuples (11) ; » un autre texte : « Et toutes les tribus. » « Que les princes et tous les juges de la terre ; que les jeunes hommes et tes jeunes filles ; » un autre texte : « Choisis. » Que les « vieillards ; avec les plus jeunes ; » un autre texte : « Avec les jeunes gens », « louent le nom du Seigneur. » Ici maintenant le Psalmiste parle d’une autre preuve de la Providence, à savoir, (les princes ; ce que Paul proclame aussi, dans sa lettre aux Romains, montrant, avec beaucoup de sagesse, que c’est une opération de la providence de Dieu d’avoir partagé tout le genre humain, d’une part en magistrats, d’autre part, en hommes qui leur obéissent. « Car le prince est le ministre de Dieu », dit-il, « pour vous, en vue du bien. » (Rom. 13,4) Supprimez-le, c’est la ruine du genre humain tout entier. Et en effet, si aujourd’hui que tant de princes et de magistrats sont corrompus et dépravés, leur utilité pourtant est si grande ; s’il est vrai que, malgré leur malignité, ils nous rendent de si importants services, réfléchissez en vous-mêmes, supposez que tous ceux à qui des commandements sont confiés, sont des hommes vertueux, quel ne serait pas alors le bonheur du genre humain ? Mais que des magistrats aient été établis, voilà l’œuvre de Dieu ; que des pervers soient élevés aux magistratures, et abusent de leur pouvoir,