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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/319

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c’est ce qu’il ne faut attribuer qu’à la perversité humaine.
5. Donc, le Psalmiste nous dit qu’il faut rendre à Dieu de grandes actions de grâces, parce qu’il y a des rois et des juges. En effet, s’il a pris le soin de constituer, selon un ordre fixe, dans une mesure déterminée, le gouvernement des hommes ; s’il n’a pas voulu qu’un grand nombre d’hommes vécussent d’une vie plus grossière que celle des bêtes sauvages, il a dû alors, comme il a inventé l’art de conduire les chars, et la science de diriger les navires, inventer aussi les puissances des magistrats et des rois. Donc, prince ou magistrat, rends grâces au Dieu de bonté, qui t’a donné l’occasion de montrer tant de zèle et d’activité ; et toi, qui n’es qu’un simple citoyen, rends ainsi grâces au Seigneur, qui t’a donné quelqu’un pour prendre soin de toi ; qui n’a pas voulu que les trames des méchants pussent t’écraser ; vieillard ou jeune homme, rends grâces à Dieu ; c’est là en effet ce que prouve avant tout ce psaume. Il faut louer Dieu, pour toutes choses ; que l’on soit magistrat, ou que l’on soit simple citoyen. Voilà pourquoi le Psalmiste dit : « Et tous les peuples », c’est-à-dire, vieillard ou jeune homme, homme ou femme. « Parce qu’il n’y a que lui dont le nom est vraiment élevé. » Un autre texte. « Est au-dessus de tous (13). » « Au-dessus du ciel et de la terre se publient ses louanges ; » un autre texte : « Et se chantent ses hymnes. C’est lui qui élèvera la puissance de son peuple. Qu’il soit loué par tous ses saints, par les enfants d’Israël, par ce peuple, qui est proche de lui (14). » Ce qui revient à dire : j’ai montré, par toutes les créatures visibles, sa prévoyance, sa gloire, sa majesté. Eh bien ! c’est lui-même qu’il faut louer, non seulement pour ces raisons, mais, de plus, sans ces raisons, car, avant et sans ces raisons de louanges, à lui l’élévation, à lui la gloire, à lui, de la part de tous les êtres, les actions de grâces. Et maintenant cette expression, « Il n’y a que lui » c’est pour le distinguer des faux dieux. Le Psalmiste élève encore l’auditeur à une contemplation plus haute ; de la terre il l’enlève au ciel. De même, en effet, qu’au commencement, il est descendu du ciel sur la terre, de même, par un mouvement contraire, il emporte l’homme loin de tous les êtres visibles, au-dessus du ciel, en disant : « Au-dessus du ciel et de la terre, se publient ses louanges », ce qui veut dire, que, bien que les puissances supérieures, invisibles, purement spirituelles, ne cessent pas de rendre grâces à Dieu et de le louer, Dieu pourtant, un tel Dieu, un si grand Dieu, a daigné nous aussi, nous appeler son peuple, et non seulement nous appeler, mais nous élever, nous exalter. Voilà pourquoi il a ajouté : « Et c’est lui qui élèvera la puissance de son peuple. » Nouvelle raison de rendre, à ce Dieu, un plus grand culte ; et le Psalmiste nous montre que ce Dieu n’a besoin ni du culte ni de la vénération particulière de ce peuple (comment en aurait-il besoin, lui que glorifie la nature entière, à qui sont soumises tant de créatures ?). C’est par sa seule bonté qu’il s’est attaché particulièrement ce peuple, qu’il en a fait son ami, qu’il l’a rendu glorieux, illustre dans l’univers ; ce que montrent ces paroles : « Qu’il soit chanté par tous ses saints, par les enfants d’Israël, par ce peuple qui est proche de lui. » Le Psalmiste, en effet, n’a pas voulu ménager des prétextes à la nonchalance, à l’indolence en appelant les Israélites le peuple de Dieu ; il n’a pas voulu que, se confiant à ce titre, ils négligeassent la vertu. Aussi, après avoir dit. « Qu’il soit chanté par tous » il ne dit pas simplement, les hommes, mais « ses saints ; » et encore, après avoir dit, « par les enfants d’Israël », il a ajouté : « Par ce peuple qui est proche de lui. » Maintenant un autre interprète, au lieu de, qu’il soit chanté, dit, « qu’il soit loué. » Donc, ce que dit le Psalmiste, revient à ceci : si vous êtes saints, si vous vous approchez de Dieu, vous obtiendrez une grande gloire, car tous ses biens sont éternels, comme il convient à Celui qui possède tant de richesses et tant de gloire. Il faut donc, de plus, de notre côté, faire ce qui dépend de nous, afin de jouir, nous aussi, de la plénitude de la gloire, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire, et l’empire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.