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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/332

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avec respect, sans savoir quels étaient ceux qui passaient près de lui. En effet, s’il l’avait su, quoi d’étonnant qu’il eût entouré Dieu de ses soins ? mais l’ignorance où il était de la qualité de ceux qui se présentaient à lui, manifeste avec plus d’évidence, le zèle qu’il apportait à l’hospitalité. Il était assis et il reçut les voyageurs. Comment ? d’une manière généreuse ; il immole le veau, il appelle Sara, il associe son épouse aux soins qu’il prend de ses hôtes ; et Sara ne se cachait pas dans sa chambre à coucher, elle était debout sous le chêne. Ce festin de l’hospitalité rendit la fécondité à ses entrailles ; la stérilité naturelle disparut, il sacrifia le veau et, en échange, il reçut Isaac. Il fit une dépense de farine, et il reçut en échange une postérité aussi considérable que les étoiles du ciel, que les grains de sable de la mer. Mais, évidemment, vous allez me dire : accordez-moi, à moi aussi, une postérité d’autant de fils sortis de moi. Malheureux ! misérable ! abaissé, profondément abaissé ! ce sont les choses de la terre qu’il vous faut, quand je vous donne et le ciel, et la compagnie des anges, et l’éternelle félicité, et vous ne cherchez que la corruption et la mort ! Je vous donne la vie qui n’a pas de fin ; votre rémunération est plus grande, votre rétribution plus magnifique : faites attention à mes paroles et comprenez le changement dans la nature des choses. Au moment où il fallait prouver l’empressement de l’hospitalité, que dit Abraham à son épouse Sara : « Pétrissez vite trois mesures de farine. » (Gen. 18,6) Écoutez ces paroles, ô femmes : « Pétrissez vite a trois mesures de farine. » Le spectacle qui s’offre à nous aujourd’hui, est un enseignement pour les deux sexes ; écoutez ces paroles, ô femmes ! et vous, hommes, écoutez aussi et imitez cet exemple. « Pétrissez vite », dit-il, « trois mesures de farine », et il courut lui-même à son troupeau de bœufs ; ils se partagent le travail afin d’avoir aussi, tous les deux, leur part de la couronne. Tout est commun entre époux, que les vertus soient communes. Je t’ai prise, ô femme, pour m’aider dans les affaires relevées ; aide-moi aussi, vite, vite. Il presse sa femme, il ne veut pas qu’un retard puisse contrarier ses hôtes. « Pétrissez vite trois mesures de farine. » Il lui prescrit de prendre de la peine, il lui ordonne de se fatiguer. « Pétrissez vite trois mesures de farine. » Elle ne lui répond pas : Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que je me suis mariée avec vous pour moudre de la farine et pour cuire le pain, moi, une femme si riche ? vous avez trois cent dix-huit esclaves, et, au lieu de leur donner vos ordres, c’est moi que vous pressez de travailler à ce service ? elle ne lui dit rien de pareil, elle n’eut même pas une pareille pensée ; mais, comme elle était l’épouse d’Abraham, non pas seulement de son corps, mais, de plus, la compagne de sa vertu, Abraham lui dit : « Vite », et aussitôt elle s’empresse, elle saisit l’ordre avec ardeur, parce qu’elle savait que c’est un fruit généreux, que celui de l’hospitalité. « Pétrissez vite. » Il connaissait l’activité de sa femme.
Où en sont-elles nos femmes d’aujourd’hui ? Comparons-les avec Sara : Consentent-elles à recevoir de pareils ordres, à faire de tels ouvrages ? montrez-moi la main d’une femme avide de parures, vous la voyez, à l’extérieur, toute dorée ; à l’intérieur, on dirait une ville assiégée. Réponds-moi un peu, de combien de pauvres portes-tu les dépouilles dans ta main ? étends ta main, montre-la, de quoi est-elle revêtue ? de rapines. Étends la main de Sara, de quoi est-elle revêtue ? d’hospitalité, d’aumônes, de charité, d’amour des pauvres. O la belle main ! voyez, quelle main et quelle main ! mais l’une n’a d’une main que la forme, au fond, la différence est grande : dans l’une, des sources de larmes ; dans l’autre, des couronnes et des récompenses. Ce que j’en dis, c’est pour que les femmes ne demandent pas à leurs maris de pareilles richesses ; c’est pour que les maris ne supportent pas, de la part de leurs femmes, de pareilles demandes. Voyez Sara, voyez cette femme riche, elle a pétri trois mesures de farine. Quel travail ! mais elle ne le sentait pas, le travail, dans l’espérance de recueillir le fruit et la récompense. « Pétrissez vite trois mesures de farine. » Que fais-tu ? tu te pares, tu t’embellis, ô femme ; pour plaire à qui ? à ton mari ! mauvais désir, si tu dois plaire ainsi à ton mari, si c’est de cette manière que tu tiens à lui plaire. Comment donc lui plairai-je ? par la modestie. Mais par quel moyen lui plairai-je ? par la décence, par la sagesse, par la douceur et par l’affection, par la sympathie et par la concorde. Ce sont là tes parures, ô femme ! ces vertus, qui te sont propres, opèrent la concorde. Mais tous ces autres ornements ne font pas que tu plaises, au contraire, tu te rends à charge à ton mari. En effet, quand tu lui dis :