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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/383

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jour dans tout son éclat, et rendra les Juifs illustres. Ces mots « dans le conseil » nous montrent qu’il le fera avec intelligence, avec la sagesse qui lui convient « Alors tous ceux qui seront restés dans Sion et qui seront demeurés dans Jérusalem seront appelés saints, eux qui auront été écrits, en Jérusalem parmi ceux auxquels Dieu veut conserver la vie (3). »
Pour que vous sachiez que ceux qui ont échappé au danger ne doivent pas leur salut à un pur hasard, mais à la volonté divine qui les a protégés et qui ne les a pas laissés périr au milieu des dangers, il dit : « Ils seront appelés saints tous ceux qui auront été écrits en Jérusalem parmi ceux auxquels Dieu veut conserver la vie ; » ceux qui ont été séparés, choisis, marqués pour ne souffrir aucun mal. Ce n’est pas sans motif qu’il les appelle saints, il veut montrer que ce qui les a sauvés, ce n’est pas simplement le choix qui a été fait d’eux, ni simplement la volonté de Dieu, mais aussi leur vertu, soit celle qui a précédé, soit celle qui devait suivre ces calamités. Quoique quelques-uns fussent déjà bons et vertueux, néanmoins ces événements devaient les rendre meilleurs et plus vigilants encore. Car de même que l’or jeté au feu perd toute souillure, de même les justes deviennent plus justes dans les épreuves, parce qu’ils y laissent tout ce qui pouvait leur rester de tiédeur. « Parce que le Seigneur lavera les souillures des fils et des filles de Sion, et les purifiera du sang qui est au milieu d’eux, par un esprit de justice et par un esprit d’ardeur (4). »
Isaïe me paraît indiquer ici une double purification : d’abord ils seront punis pour leurs péchés, et ensuite ce châtiment les rendra plus parfaits pour l’avenir. J’appelle sang de Jérusalem, les meurtres, les injustes massacres. Puis, pour aggraver l’accusation, il dit : « Qui est au milieu d’eux. » Car ce n’était pas en cachette qu’ils répandaient le sang, mais ils dépassaient en cruauté les brigands, et ceux qui tendent leurs embûches sur les grandes routes. Ceux-ci choisissent pour leurs forfaits l’obscurité de la nuit et un lieu désert ; mais ceux-là commettaient leurs iniquités sur les places publiques, au milieu de la ville, dans les tribunaux mêmes. Mais cette souillure, dit-il, la guerre l’enlèvera. Dans le temps de la prospérité il justifie les malheurs passés, envoyés, dit-il, pour laver, pour purifier, pour brûler et faire disparaître toute tache, pour les relever de la honte que faisaient peser sur eux tant de fautes et de meurtres. Mais que veulent dire ces mots : « Par un esprit de justice et par un esprit d’ardeur ? » Il continue la métaphore des métaux soumis à l’action du feu. De même que dans cette opération l’air entrant avec force dans le creuset excite la flamme, donne aux charbons plus d’activité et ôte ainsi toute souillure aux métaux ; de même la colère divine et l’incursion des ennemis a été pour la ville comme un feu, non comme un feu qui fait périr, mais un feu qui brûle, qui purifie, qui châtie, qui corrige. Car ces mots : « esprit de justice », veulent dire esprit de punition, de châtiment, de vengeance. – « Et le Seigneur viendra. » Par sa présence, il entend son action. « Et voici que la montagne de Sion tout entière, « avec tout ce qui l’entoure, sera couverte d’une nuée pendant le jour, et pendant la nuit comme d’une fumée et de la lumière d’un feu qui brûle ; car Dieu protégera ce lieu de toute sa gloire. Ce sera une ombre qui défendra contre la chaleur pendant le jour, ce sera une retraite et un lieu caché pour mettre à couvert des tempêtes et de la pluie (5, 6). »
Ce qu’il désigne par nuage, c’est ce bien-être que procure la cessation des maux ; par le feu il entend la présence de Dieu et la consolation qu’elle apportera. En effet, ce qu’est un nuage dans la chaleur, un feu brillant l’est dans l’ombre et l’obscurité d’une nuit profonde. L’un fait disparaître la chaleur, l’autre l’obscurité. Aussi le Prophète compare la gloire de Dieu à l’éclat du feu et la cessation des maux à l’ombre d’un nuage. Puis pour montrer que ce n’est pas peu à peu et à mesure que les maux disparaîtront, mais que ce changement aura lieu tout à coup, au moment où les dangers seront le plus pressants, pour que cette circonstance même leur apprentie que ce n’est pas le hasard quia produit cette amélioration, mais la puissance d’en haut, il ajoute : « Comme un feu qui brûle pendant la nuit, ainsi se fera le changement. Ce sera comme une ombre pendant le jour. » Quelle ombre sera-ce ? le secours et l’aide de Dieu qui, comme une ombre dans la chaleur, comme un toit ou sine caverne pendant un violent orage, met à l’abri : quiconque s’y réfugie : la protection de Dieu ne permet pas que ceux-là souffrent aucun mal, même pendant une guerre aussi désastreuse, ceux-là, dis-je, que dès le principe elle aura voulu sauver.