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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/392

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accourus, si sa longue patience ne les avait retenus.
Puis il continue et leur montre que cela est plus facile encore : « D’un coup de sifflet il les appellera des extrémités de la terre. » Ne vous étonnez pas si, parlant de Dieu, il se sert de paroles si grossières ; il proportionne son langage à la stupidité des auditeurs, et ne veut qu’une chose, leur faire comprendre que cela est facile à Dieu et qu’ils n’échapperont pas à la punition ; aussi ajoute-t-il : « Et aussitôt ces nations accourront avec rapidité ; elles ne « sentiront ni faim ni fatigue ; elles ne dormiront point. » Ce langage est hyperbolique. Comment ces étrangers pouvaient-ils échapper à la faim et au sommeil, puisqu’ils étaient hommes, et soumis aux misères communes de notre nature ? Mais comme je l’ai dit plus haut, il ne veut par tous ces détails que montrer la promptitude de l’armée d’invasion, sa facilité, sa rapidité. Ils ne quitteront pas les baudriers dont leurs reins sont ceints et les cordons de leurs souliers ne se rompront pas. Leurs flèches sont aiguës et leurs arcs toujours tendus. Les pieds de leurs chevaux sont durs comme le rocher et les roues de leurs chars rapides comme la tempête. Ils se précipitent comme des lions et se présentent comme les petits du lion. Ils saisiront leur proie en criant comme une bête féroce, et l’emporteront sans que personne la leur puisse ôter. En ce jour-là ils s’élanceront sur Israël avec des cris semblables au bruissement des flots de la mer. Ils jetteront les yeux en haut vers le ciel, en bas vers la terre, et il n’y aura qu’obscurité profonde dans leur désolation (27-30)
Le Prophète emploie tous ces détails pour rendre son langage plus imposant, et la terreur plus forte, en parcourant successivement chaque partie, d’abord la résolution, puis la force, les armes, les chevaux, les chars ; il veut par cette longue énumération imprimer une crainte plus profonde, et par ces images frappantes mettre la chose sous les yeux. Aussi compare-t-il les envahisseurs à des lions, et sans s’arrêter là il fait entendre le rugissement, montre la colère du monstre ; il continue la métaphore et n’emploie que des figures. De là il passe à la mer, disant qu’il y aura un bruit, un tumulte, comme quand la mer est en fureur et que ses flots sont soulevés ; en un mot, il a recours à tout pour augmenter la frayeur et faire que ces événements funestes soient évités. Et ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est que ces malheureux ne trouveront aucun secours ni sur la terre ni dans le ciel, mais privés de toute aide d’en haut, de toute aide d’en bas, ils deviendront la proie de leurs ennemis. Leur malheur sera pour eux une affreuse obscurité, non que le soleil disparaisse à leurs yeux, mais parce qu’en plein midi leur disposition d’esprit leur fait trouver les ténèbres au lieu de la lumière : effet que l’affection et la douleur produisent souvent en nous. Et pour vous apprendre que cette obscurité vient, non de l’air, mais de la disposition d’esprit des Juifs, le Prophète ajoute : « Obscurité profonde dans leur angoisse. »


CHAPITRE SIXIÈME.


\qt 1. « ET IL ARRIVA L’ANNÉE QUE MOURUT OZIAS. »}}

ANALYSE.

  • 1. Vocation et consécration d’Isaïe pour te ministère prophétique. Comment il faut entendre ces mots : je vis Dieu.
  • 2. Office des puissances célestes.
  • 3. Les séraphins ne peuvent supporter la vue de Dieu ; quelle n’est donc pas la démence des hérétiques anoméens qui se vantent de contempler Dieu à leur aise et de le connaître parfaitement !