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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/391

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yeux a et prudents devant eux-mêmes ! » Ce n’est pas un léger défaut que de se croire sage et de ne savoir pas contenir ses pensées. C’est de là que vient ce qu’il reproche, je veux dire d’appeler le mal bien et le bien mal, etc. C’est aussi ce que Paul reproche aux philosophes profanes « En se disant sages, ils sont devenus fous. » (Rom. 1,22) Et les Proverbes disent encore : « J’ai vu un homme qui se croit sage ; il y a plus à espérer de celui qui n’a point de sens. » (Prov. 26, 12) C’est ce que Paul rappelle encore en ces termes : « Ne soyez point sages à vos propres yeux (Rom. 12,16) ; » et encore : « Si quelqu’un de vous paraît sage selon ce siècle, qu’il devienne fou pour être sage. » (1Cor. 3,18) Qu’il ne se confie pas, veut-il dire, à sa propre sagesse ni en ses propres pensées, mais qu’il les rejette et qu’il livre son âme aux leçons de l’Esprit-Saint. Puis donc qu’il y avait parmi les Juifs des hommes qui méprisaient les prophètes, parce que ceux-ci étaient bergers et chevriers, des hommes qui ne voulaient tirer leur sagesse que d’eux-mêmes, marque évidente de leur folie, et qui rejetaient la parole prophétique, c’est avec raison qu’Isaïe gémit sur eux en disant : « Malheur à ceux qui sont prudents en eux-mêmes et sages à leurs propres yeux ! Malheur à ceux d’entre vous qui sont forts et qui boivent le vin, qui sont puissants et, qui s’enivrent du vin de palmier (22). »
Ne vous étonnez pas de ce qu’après avoir tant parlé de l’ivresse un peu plus haut, il revienne de nouveau sur le même sujet. Car comme cette blessure est grave et difficile à fermer, il faut la laver souvent. Elle est grave et difficile à fermer, parce que la plupart ne la regardent pas comme un péché, bien qu’elle soit le plus grave de tous les péchés, et qu’elle amène à sa suite mille dérèglements. C’est pour cela qu’il dit : « Qui buvez le vin, qui êtes puissants et qui vous enivrez du vin de palmier. » C’est un double danger que la tyrannie de l’ivresse et l’excès de la puissance, Tous les hommes ont besoin de garder leur présence d’esprit, mais surtout ceux qui sont revêtus de dignités et d’une grande puissance afin de ne pas être emportés dans le précipice par le poids de leur charge comme par un irrésistible courant d’eaux furieuses. « Qui, pour des présents, justifient l’impie et qui ravissent au juste sa propre justice (23). » C’est un double crime que d’absoudre le coupable et de condamner l’innocent, et ce double crime vient d’une même origine, les présents. « C’est pourquoi comme la paille se consume par le feu et est dévorée par la flamme ardente… » La punition sera prompte et la vengeance facile ; cette image montre bien que leur ruine sera complète.
8. C’est ce que signifient et le feu et la flamme, et la paille, et tout le reste. « Leur « racine sera réduite en cendres et leur fleur tombera comme la poussière. » f e qui est solidement fixé périra, ce qui est brillant sera flétri, ce qui est beau passera et s’écoulera. « Car ils n’ont pas voulu observer la loi du Seigneur des armées et ils se sont indignés contre la parole du saint d’Israël. » Cette parole, c’est la loi. « Et le Seigneur des armées s’est irrité contre son peuple ; il a étendu sa main contre eux et il les a frappés ; il s’est irrité contre les montagnes et leurs cadavres ont été jetés comme du fumier au milieu de la route. Et tout cela n’a pas satisfait sa colère, « mais son bras est encore levé » Le Prophète indique par là une guerre terrible où il ne leur sera pas permis d’ensevelir les cadavres, non que Dieu veuille se venger sur les morts, mais pour que le châtiment d’autrui apprenne aux vivants à se corriger. Et voyez comme ce langage est sévère. Il ne dit pas qu’ils seront privés de sépulture, mais que les morts seront jetés avec plus de mépris que le fumier, ce qui est pour les vivants le spectacle le plus terrible, plus terrible même que la mort. Mais ce qu’il y a de plus grave, c’est que tous ces châtiments ne les ont pas rendus meilleurs et qu’ils ont persévéré dans la même conduite. Puis donc qu’ils ne sont pas devenus meilleurs, il les menace de nouveau du plus grave fléau, des barbares. C’est pour cela qu’il ajoute : « Donc il élèvera son étendard parmi les nations éloignées » De peur que la longueur de la route ne laisse les coupables dans leur indifférence, il ajoute que Dieu amènera les barbares aussi facilement que celui qui, levant l’étendard, est aussitôt suivi par des gens armés et équipés : il en est de même pour des chevaux dressés au combat. Car aussitôt que l’étendard est levé pour le départ, ils se précipitent hors des barrières. Le Prophète fait donc entendre deux choses, qu’il est facile aux barbares de venir à l’appel de Dieu, et que depuis longtemps ils seraient