Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous l’examinions. Pourquoi donc apparaît-il assis sur un trône, et entouré de séraphins ? Il emprunte les usages des hommes, parce qu’il s’adresse à des hommes. Comme il allait parler de grandes choses qui concernaient soit toute la terre, soit Jérusalem en particulier, il rend une double sentence, l’une par laquelle il annonce un grand châtiment à la capitale et à la nation tout entière, l’autre par laquelle il promet à la terre un grand bienfait, de grandes espérances et un honneur immortel.
2. Quand on rend une sentence, il est d’usage de ne pas le faire en secret, mais de s’asseoir sur une tribune élevée, de se faire entourer de tous et d’ouvrir les rideaux. C’est pour imiter ces juges de la terre que Dieu se fait entourer de séraphins, et qu’il s’assied sur un trône élevé pour prononcer son arrêt. Et pour vous montrer que ceci n’est pas une conjecture, mais que c’est la coutume du Seigneur d’agir ainsi, je veux vous faire voir la même chose dans un autre prophète. Quand, dans le prophète Daniel, il est sur le point de rendre une sentence importante au sujet des châtiments et des punitions, que se sont attirés les Juifs et des grands biens qui vont être donnés à la terre, nous voyons là aussi un trône éclatant et splendide, des légions d’anges qui l’entourent, des multitudes d’archanges, le Fils unique assis à côté du Père, des livres qui sont ouverts, des fleuves de feu qui roulent leurs ondes terribles, tout l’appareil enfin d’un redoutable tribunal. Et notre passage est tout à fait semblable à celui-là, ou plutôt celui-là est plus clair encore, les temps étant devenus plus proches et la prophétie étant arrivée à sa fin. Mais laissons aux hommes studieux le soin de comparer ces prophéties, d’en saisir la ressemblance, hâtons-nous de revenir à la première, et arrêtons-nous à chaque mot autant qu’il est possible. C’est ainsi que tout ce que nous avons dit deviendra plus clair et pour vous et pour nous. Que dit donc le Prophète ? « J’ai vu le Seigneur assis. » S’asseoir sur un trône, c’est toujours la marque d’un juge, selon cette parole de David : « Vous vous êtes assis sur un trône, vous qui jugez les justices ; » et celle-ci de Daniel : « Les trônes furent apportés et les juges s’assirent. » Cet état seul d’être assis marque encore autre chose, selon le même prophète. Quoi donc ? La fixité, ta fermeté, la solidité, l’éternité, la vie sans fin. C’est pourquoi il est dit : Vous êtes assis pour l’éternité, et nous, nous périssons[1]. Vous, vous demeurez, vous êtes, vous vivez, vous restez toujours le même. Il ne parle pas du siège, le membre opposé le montre bien. Il ne dit pas en effet, nous sommes debout, mais bien nous périssons. S’asseoir sur un trône, c’est donc juger ; c’est pourquoi le Prophète voit Dieu assis sur un trône haut et élevé ; peut-être que la signification de ces deux mots n’est pas la même. Le trône était haut, c’est-à-dire grand, très-long ; élevé, c’est-à-dire placé à une hauteur indicible. « Et la maison était « remplie de sa gloire. » Quelle maison ? Dites-moi. Le temple. Comme de là provenait le sujet de sa colère, il était juste que ce fût là qu’il se montrât en cette admirable vision. Ce qu’il appelle sa gloire, c’est cette splendeur, cette lumière inaccessible que, désespérant de pouvoir rendre par la parole, il appelle gloire, et non seulement gloire, mais gloire de Dieu. « Des séraphins se tenaient encerclé au tour de lui. » Qu’appelle-t-il séraphins ? Ces puissances incorporelles et célestes, dont le nom seul indique la vertu et le bonheur. Car ce mot de la langue hébraïque s’interprète par bouches de feu.
Que nous apprend cette circonstance ? La pureté de cette nature, sa vigilance, sa diligence, son agilité, sa force, sa simplicité. De même le prophète David, pour montrer combien le ministère des puissances d’en haut est prompt, rapide, actif, dit : « Qui vous servez des vents pour en faire vos envoyés, et des flammes brûlantes pour en faire vos ministres (Ps. 103,4) ; » paroles par lesquelles il nous montre leur vélocité, leur légèreté, leur rapidité. Il en est de même de ces puissances qui, par des chants purs, louent le Seigneur, remplissent continuellement cet office, lui offrant sans cesse leurs louanges et leurs hommages. Ce qui montre leur dignité, c’est qu’elles sont placées près du trône. De même qu’au service des rois de la terre, ceux qui sont plus élevés en dignité, se tiennent près du trône ; ainsi ces puissances célestes, à cause de leur vertu supérieure, entourent le trône d’en haut, jouissant sans cesse d’un bonheur indicible, et faisant éternellement leurs délices de ce sublime ministère. « L’un avait six ailes et l’autre six, de deux ils voilaient leurs pieds, de, deux ils se voilaient la face, et des deux autres ils volaient. Ils criaient l’un à l’autre

  1. Ces paroles qui ont l’air d’une citation ne se trouvent nulle part dans la sainte Écriture.