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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/402

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comment ils se portent et ce qu’ils font.
3. Et ici encore, me semble-t-il, le Prophète reçoit l’ordre de prendre un grand nombre de témoins, afin qu’après l’événement le roi ne puisse pas se montrer ingrat, comme si le prophète ne lui avait rien annoncé. Voici donc ce qu’il veut dire : Va au-devant, toi et ceux qui sont avec toi, ceux du peuple qui sont restés. Ne vous étonnez pas s’il appelle le peuple son fils ; car il a dit auparavant : « Me voici, « moi et les enfants que Dieu m’a donnés » (Is. 8,18) Et certes les saints se montraient vraiment pères et surpassaient, par leur charité et leur amour pour ce peuple, tous ceux à qui la nature fait donner le nom de père. Il dit : « qui sont restés », parce que la guerre en avait enlevé beaucoup, « sur le chemin du champ du Foulon. » Ceci rie paraît bien difficile à expliquer, que des assiégés enfermés dans leur ville et n’osant même regarder au-delà des murs, se soient montrés hors des portes, car aujourd’hui ce chemin est situé hors des portes. Quelle est donc la solution de cette difficulté ? C’est qu’autrefois la ville avait un second mur ; elle avait deux enceintes de fortifications, et vous le verrez facilement par les paroles d’un autre prophète, si vous voulez y faire attention. Ce prophète sort donc pour relever ces courages abattus et il tâche de leur rendre bon espoir pour l’avenir. Sois tranquille, dit le Seigneur, et ne crains pas ; il appelle tisons ces deux rois ; et ainsi il marque d’un seul trait et leur force et leur faiblesse. Car il ajoute « fumants », c’est-à-dire près de s’éteindre. Ensuite, pour montrer que ce n’était pas par leur puissance, mais par la permission de Dieu qu’ils étaient venus attaquer la ville, il dit : « Lorsque ma colère sera montée, je vous sauverai encore. Le fils d’Aram et le fils de Romélie, unis dans un dessein funeste ainsi qu’Ephraïm ont dit contre toi : « Nous monterons vers la Judée et nous la ravagerons ; agissant d’un commun accord, nous la ferons tomber dans nos pièges et nous y établirons pour roi le fils de Tabéel. Voici ce que dit le Seigneur des armées : Ces pensées ne subsisteront pas et n’auront pas d’effet. Damas demeurera la capitale de la Syrie et Basin régnera dans Damas, et dans soixante-cinq ans, Ephraïm cessera d’être au rang des peuples. Samarie sera la capitale d’Ephraïm, et le fils de Romélie régnera dans Samarie. Et si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas (5, 9). »
Ici encore, le Prophète donne de sa prophétie une excellente confirmation. Après qu’il a excité la crainte, mis sous les yeux des maux imminents, fait espérer des biens encore fort éloignés et surpassant toute attente, comme les auditeurs n’étaient pas très-fermes dans leur foi, voici le moyen qu’il emploie : Il donne, de la réalité des événements futurs, la preuve la plus frappante, en faisant connaître les desseins mêmes des ennemis. Il fait connaître la pensée qu’ils avaient en marchant sur la ville, ce qu’ils se disaient les uns aux autres, le pacte qu’ils avaient fait avant de partir et il montre ou que c’était une trahison (agissant d’un commun accord, nous la ferons tomber dans nos pièges), ou qu’un orgueil insensé s’était emparé d’eux, puisqu’ils croyaient n’avoir besoin ni d’armes, ni de lutte, ni de combat pour prendre la ville. Il nous suffit de nous montrer, de parler ; nous les prendrons tous et nous nous en irons. Puis, comme il arrive souvent aux fanfarons, enflés d’orgueil par cette espérance même, ils pensent à un roi, comme si déjà la ville était prise, et ils cherchent quel maître il faudra donner à cette capitale. Voilà, dit-il, ce qu’ils font ; mais Dieu va confondre ces projets. C’est pourquoi il dit : « Voici ce que dit le Seigneur », et sans s’arrêter là, il ajoute : « des armées. » Lorsqu’en effet il veut annoncer quelque chose de grand, il rappelle la puissance de Dieu, sa domination sur toutes choses, cette force étonnante et admirable. Que dit Dieu ? « Ces pensées ne subsisteront pas et n’auront pas d’effet : Damas demeurera capitale de la Syrie. » Sa puissance, veut-il dire, son autorité se bornera à Damas et n’ira pas plus loin. « Et Basin régnera dans « Damas », et Basin continuera d’être le roi de Damas, c’est-à-dire il restera dans ses possessions actuelles, sans acquérir une puissance plus grande. « Et dans soixante ans Ephraïm cessera d’être au rang des peuples. »
4. C’est une bien grande preuve de la vérité que de voir les prophètes assigner d’avance l’époque précise, et donner ainsi à ceux qui le désirent le moyen de s’assurer de la valeur de la prophétie. Pour aujourd’hui, dit-il, ils ne feront que se retirer de devant la ville ; mais dans soixante-cinq ans le royaume d’Israël périra ; les ennemis les prendront et les emmèneront tous. Mais jusqu’à cette ruine ils ne