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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/42

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bras, et la clarté de votre visage. » Un autre interprète traduit : « la lumière. Parce que vous vous êtes complu en eux. » Il est vrai qu’ils étaient tous armés lorsqu’ils triomphaient à la guerre ; mais quoiqu’ils fussent armés, la victoire n’était pas l’œuvre de leurs armes, mais de Dieu qui était leur chef. Voyez-vous comme le Prophète, sous forme de prière à Dieu, nous présente un conseil, nous recommandant de tout remettre entre les mains de Dieu ? Et comment appelle-t-il cette possession un héritage, alors que ni leurs pères, ni leurs aïeuls, ni leurs bisaïeuls n’avaient été maîtres de ce pays, et avaient succombé dans d’autres circonstances ? C’est que la promesse avait été faite à leurs pères.« Viens, dit l’Écriture, dans la terre que je te montrerai (Gen. 12,1) ; » et plus loin : « Je te donnerai cette terre, ainsi qu’à ta postérité. » (Gen. 13,15) Et après s’être servi de ces expressions de « droite » et de « bras », qui étaient toutes matérielles, voyez comme le Prophète continue le même langage, en ajoutant : « Et la clarté de votre visage », c’est-à-dire, votre assistance, votre providence. Car sa volonté, sa présence leur a suffi. Vient ensuite le motif : « Parce que vous vous êtes complu en eux », c’est-à-dire, parce que vous les avez aimés, parce que vous l’avez voulu. De sorte que ces événements furent un effet de la grâce de Dieu, et non des belles actions des Juifs, et qu’ils durent ces succès non pas à leur vertu personnelle, mais à la bonté divine. « C’est vous qui êtes mon roi et mon Dieu, qui donnez vos ordres pour le salut de Jacob. » (Id. 5) Ou selon un autre interprète : « Donnez vos ordres pour le salut de Jacob. » Et comment ces paroles arrivent-elles ici ? Par une grande liaison avec ce qui précède. Car voici ce que veut dire le Prophète : Nous sommes les descendants de ces hommes, et vous, vous êtes le même Dieu, qui avez opéré ces choses et alors et de nos jours. D’où dent donc un si grand changement ? Le Dieu d’alors n’était pourtant pas autre que vous, vous êtes toujours le même.
6. Il n’est pas vrai non plus que, vous étant le même, je m’attribue, à moi, un autre Dieu, mais « C’est vous qui êtes mon roi et mon Dieu. » Nous ne nous sommes pas soustraits à votre empire, nous n’avons pas adopté un autre chef. « Qui donnez vos ordres pour le salut de Jacob ; » c’est-à-dire, le Dieu est le même, et ses desseins sont les mêmes. D’où vient donc un si grand changement dans les événements ? Et que veut donc dire : « Qui donnez vos ordres ? » Cela signifie : Qui commandez, qui prescrivez que Jacob soit sauvé. Ici encore le prophète nous présente la facilité du secours, et la grandeur de la puissance ; et ce n’est point par hasard qu’il fait mention de son ancêtre : il met en avant la vertu de Jacob comme un titre, voulant par là fléchir Dieu. « C’est en vous que nous heurterons nos ennemis (6). » Ainsi, vous êtes le même Dieu, veut dire le prophète : vos desseins sont les mêmes ; de notre côté, c’est vous que nous reconnaissons, et nous avons fait usage des mêmes armes. Car c’est ce que signifie : « C’est en vous que nous heurterons nos ennemis. » Un autre interprète traduit ainsi « Nous heurterons ceux qui nous oppriment. Et en votre nom nous mépriserons ceux qui s’élèvent contre nous. » Suivant un autre interprète : « Nous foulerons aux pieds. » Et pourquoi dis-je : « En vous ? » veut encore dire le Prophète. C’est qu’il suffit d’invoquer seulement votre nom, pour tout accomplir avec le plus grand succès. Car il n’a pas dit Nous les vaincrons, ou, nous l’emporterons sur eux ; mais : « Nous les mépriserons », nous les regarderons comme rien, c’est ce que veut dire le Prophète, nous ne les craindrons pas, mais nous les poursuivrons comme s’ils n’étaient rien. C’est l’idée que rend un autre interprète par l’expression : « Nous marcherons dessus ; » il indique ainsi la victoire de vive force, l’exploit sans lutte, le combat sans crainte. « Car je n’espérerai pas en mon arc (7). » Suivant un autre interprète : « Je ne me suis pas confié en mon arc. Et ce n’est pas mon glaive qui me sauvera. » Et pourquoi donc t’es-tu servi de ces moyens de défense ? Pourquoi t’armer, et prendre en main l’arc et l’épée ? C’est que Dieu l’a ordonné ainsi ; c’est pour cela que j’ai fait usage de ces armes, mais je me repose de tout sur lui. Voilà comme les Macchabées, fortifiés par l’inspiration d’en haut, apprenaient à combattre les ennemis corporels, et aussi, les ennemis incorporels. Et vous, par conséquent, lorsque vous luttez contre le démon, dites-vous ceci : Ce n’est pas en mes propres armes que j’ai confiance ; c’est-à-dire, ce n’est pas en ma propre force, ni en mes propres mérites, mais en la miséricorde de Dieu. C’était le langage de Daniel : « Ce n’est pas en nous fondant sur nos propres mérites