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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/41

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lui ? » (1Sa. 15,22) Et ailleurs : « Si vous aviez voulu un sacrifice, je vous en aurais offert. » (Ps. 50,18) Puis encore : « L’obéissance vaut mieux que le sacrifice. » (1Sa. 15,22) Elle dit aussi, rejetant les fêtes : « Je hais, je repousse vos fêtes. Éloigne de moi le son de tes chants, et je n’entendrai pas les cantiques de tes harpes. » (Amo. 5,21, 23) Puis ailleurs : « Je ne puis souffrir vos jours de fête, et mon âme hait votre jeûne et votre repos. » (Is. 1,13, 14) Et plus loin : « Ce n’est pas là le jeûne que j’ai choisi. » (Is. 58,5) Ézéchiel aussi disait : « Je vous donnerai des préceptes qui ne seront pas bons, et dans lesquels vous ne trouverez pas la vie. » (Ez. 20,25) Ainsi le sabbat même est ici aboli. Mais pourquoi l’Écriture dit-elle « Qui est-ce qui a exigé ces choses de vos mains ? » Je vous laisse cette solution à trouver : or vous serez capables de trouver les choses de ce genre, si vous offrez l’exemple d’une vie pure.
5. Si en effet Dieu appela le centurion Corneille à la connaissance de ses mystères à cause : d’une vie vertueuse (Act. 10,4), s’il les fit connaître aussi à l’eunuque, parce qu’il lisait assidûment (Act. 8,27 et suiv), à bien plus forte raison augmentera-t-il la clarté de votre science, à vous qui jouissez déjà de la foi, et qui avez offert l’exemple d’une conduite régulière. Car de même qu’une vie impure empêche la connaissance de ces mystères (comme le dit saint Paul : « Je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, parce qu’il y a parmi vous des dissensions et des jalousies (1Cor. 3,1, 3) ; » et Isaïe : « Ils désireront connaître mes voies, comme un peuple a qui aurait pratiqué la justice (Is. 58,2) ; » de même une vie pure nous conduit à cette connaissance, et aussi le zèle que nous avons pour la chercher. En effet l’Écriture nous dit « Cherchez, et vous trouverez. » (Lc. 11,9) C’est ce que nous montre encore la parabole de cet homme qui demande des pains à son ami déjà endormi. (Id. 5, 8) C’est encore pour cette raison que Salomon, ayant demandé les dons spirituels, reçut en outre ce qu’il n’avait pas demandé. (1R. 3,11) Ainsi, quand vous aurez pour vous et la persévérance, et la demande spirituelle, et une vie pure, songez quelle facilité vous aurez pour obtenir, puisque la persévérance toute seule y a réussi. Car l’Écriture ajoute : « Je vous le dis, quand même il ne lui donnerait pas eu égard à leur amitié, il lui donnera du moins à cause de son opiniâtreté. » (Lc. 11,8) Mais revenons à notre texte. « L’œuvre que vous avez opérée en leurs jours, dans des jours anciens. Votre main a exterminé les nations, et eux, vous les avez plantés. » Voyez avec quelle propriété le prophète emploie cette expression. Vous n’avez pas, veut-il dire, arrêté les événements d’alors à la victoire des uns et à la défaite des autres ; non, tout a marché plus avant : et pourtant, dans le principe, les conditions de la lutte n’étaient pas égales. Les uns voulaient rester maîtres chez eux, les autres étaient des nouveaux-venus ; néanmoins il se fit un tel changement, que les premiers furent radicalement extirpés du sol, et que les derniers y devinrent citoyens et habitants. C’est pourquoi le Prophète dit en parlant de ceux-là : « Votre main a exterminé les nations » ; et en parlant des Juifs : « Elle les a plantés. » Par le mot « main » il désigne la puissance de Dieu. Or si Dieu a voulu que ceux qui arrivaient du dehors, qui n’avaient ni ville ni maison, ni aucun endroit pour se mettre en sûreté ou s’arrêter, devinssent en si peu de temps plus puissants que les habitants mêmes du pays, à bien plus forte raison ne nous abandonnera-t-il pas, l’Écriture nous le dit, nous qui avons été chassés de l’héritage de nos pères. Et que veut dire ce mot : « Vous les avez plantés ? » Cela signifie : vous les avez fixés. En effet ce qui a été planté devient stable et fixe. Eh ! quoi ? n’ont-ils pas émigré ? demandera-t-on. N’ont-ils pas été chassés en des lieux étrangers ? Oui, ils ont été chassés, mais non par suite de la faiblesse de celui qui les avait établis ; ce fut à cause de la malice de ceux qui avaient été plantés. Si les obstacles ne fussent venus de leur part, rien ne les eût empêchés de demeurer en ce séjour. « Vous avez affligé les peuples, et vous les avez chassés. » Il y en a qui disent qu’il est ici question des Égyptiens ; je pense, moi, qu’ici encore il s’agit des autres nations. Car il a fait éprouver ses châtiments à ces dernières aussi, en manifestant sa puissance de l’une et de l’autre manière, en détruisant les ennemis, et en fortifiant son peuple. « Car ce n’est pas par leur glaive (4) », ou suivant un autre interprète, « par leur épée, qu’ils ont hérité de cette terre. Ce n’est pas leur bras qui les a sauvés ; mais c’est votre droite, c’est votre