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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/432

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chez nous sans rien perdre de cela ; ou plutôt, sans en rien perdre, recevons maintenant des conseils plus mûrs, ceux de notre excellent maître. Car nos paroles, à nous, quelles qu’elles puissent être, trahissent la jeunesse ; les siennes, quelles qu’elles doivent être, ont la parure d’une sagesse en cheveux blancs. Les nôtres ressemblent à un torrent qui coule avec fracas : les siennes ressemblent à la source qui épanche des fleuves avec tranquillité, rappelant l’huile plutôt que l’eau par sa lenteur. Recevons donc ces ondes, afin qu’elles deviennent en nous la fontaine qui jaillit jusque dans la vie éternelle, à laquelle puissions-nous tous parvenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui honneur, gloire et puissance au Père, conjointement avec le saint et bienfaisant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

QUATRIÈME HOMÉLIE.


SUR CE TEXTE DU PROPHÈTE ISAÏE : « IL ARRIVA DANS L’ANNÉE OU MOURUT LE ROI OZIAS, QUE JE VIS LE SEIGNEUR ASSIS SUR UN TRÔNE ÉLEVÉ ET SUBLIME (IS. 6,1) » ÉLOGE DE LA VILLE D’ANTIOCHE ; ET RÉFUTATION INSPIRÉE DE CEUX QUI PROSCRIVENT LE MARIAGE.

ANALYSE.

  • 1. Éloge de la ville et de ses habitants. – La parole, nourriture spirituelle.
  • 2. Inébranlable solidité de l’Église. – Que le mariage n’est point un obstacle au salut.
  • 3. Suite du même sujet : exemple à l’appui. – Exhortation à la patience, à propos de la chaleur qui incommode l’auditoire.
  • 4. Que le juste est particulièrement exposé à l’orgueil. – Usurpation d’Ozias. – Que le sacerdoce et la royauté sont des choses distinctes, la première supérieure à la seconde.
  • 5. Suite du même sujet. Louable résistance du prêtre : ses limites. Ozias atteint de la lèpre : moralité de ce châtiment.
  • 6. Exemples analogues. Interruption des prophéties. Douceur des châtiments divins.


1. Le théâtre est superbe aujourd’hui, l’assemblée magnifique. Quelle en est la raison ? Les semailles d’hier fructifient dans la moisson de ce jour. Hier nous avons jeté la graine, aujourd’hui nous récoltons. Car ce n’est point ici une terre insensible et lente à produire, des âmes raisonnables, voilà le soi que nous cultivons. Nous n’avons point affaire à la nature toujours paresseuse, mais à la grâce, cette active ouvrière. L’ordre règne dans notre cité, notre peuple est obéissant. Hier il fut appelé, il est couronné dans ce jour. L’exhortation d’hier a pour fruit la docilité d’aujourd’hui. C’est pour cela que nous-même nous répandons avec bonheur la divine semence, la voyant tomber, non pas au milieu des épines qui l’étouffent, non pas sur le chemin où elle est foulée aux pieds, mais dans une terre féconde, où le grain n’est pas plus tôt jeté qu’il donne l’épi. Voilà ce que je dis toujours et ne cesserai de redire ; la gloire de notre ville, ce n’est pas d’avoir un sénat, des consuls, de nombreuses statues, un grand commerce, un site admirable, mais un peuple qui aime à écouter la parole, qui remplit les temples de Dieu et accroît de jour en jour les joies de l’Église, par son avidité insatiable pour une parole qu’on ne cesse pas de lui prodiguer. Car ce qui fait la gloire d’une ville, ce ne sont point ses édifices, mais ses habitants. Ne me dites pas que la ville des Romains