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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/435

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recours à la vertu de l’esprit. Il mettait une armée en mouvement : elle se réfugia dans le sein des anges. – Ici-bas elle voyait le tyran elle songeait au monarque de là-haut. Ici-bas elle voyait des tortures : elle comptait les palmes qui l’attendaient là-haut. Elle voyait le supplice : elle se représentait l’immortalité future : d’où ces mots de Paul : « Attendu que nous ne considérons point les choses visibles, mais les invisibles. » (2Cor. 4,18) Eh bien ! le mariage fut-il un obstacle pour cette femme ? Et Pierre, le fondement de l’Église, l’amant passionné du Christ, cet ignorant qui confondait les orateurs, cet homme sans éducation qui fermait la bouche aux philosophes, qui mettait la sagesse grecque en pièces comme une toile d’araignée, cet infatigable voyageur, ce pêcheur qui jeta ses filets dans tous les endroits de la mer et du monde, n’était-il pas marié, lui aussi ? Il l’était : c’est l’évangéliste qui nous l’apprend, en disant. « Jésus entra près de la belle-mère de Pierre qui avait la fièvre. » (Mc. 1,30) S’il avait une belle-mère, il avait donc une femme, il était marié. Et Philippe ? n’avait-il pas quatre filles ? S’il avait quatre filles, il avait une femme, il était marié. Arrivons au Christ : il était fils d’une vierge : mais il assista à un mariage, il fit son cadeau de noces. « Ils n’ont pas de vin », lui dit sa mère, et il changea l’eau en vin : il avait honoré le mariage de sa présence virginale son offrande montra combien il le respectait n’ayez donc point d’horreur pour le mariage, mais haïssez la fornication. A mes risques et périls je me porte garant de votre salut, quand bien même vous seriez mariés.
Veillez à vos intérêts. Si votre femme est vertueuse, c’est une alliée pour vous. Et si elle ne l’est pas ? Rendez-la telle. – Il y a eu de bonnes femmes, il y en a eu dé méchantes, ce qui vous ôte tout prétexte. – Que pensez-vous de celle de Job ? Mais Sara était vertueuse. – Je veux mettre sous vos yeux l’exemple d’une femme vicieuse et méchante. La femme de Job ne fit aucun mal à son mari. Elle était méchante, vicieuse, elle lui conseilla de blasphémer. Mais quoi ? Réussit-elle à ébranler cette tour, à renverser ce bronzé, à triompher de ce roc, à repousser ce soldat, à percer ce navire, à déraciner cet arbre ? Rien de pareil. Elle heurta la tour, et la tour n’en fut que plus solide. Elle souleva les flots, et l’esquif, loin de couler à fond, continua de naviguer par un bon vent. Le fruit de l’arbre fut cueilli, mais l’arbre demeura immobile : les feuilles tombèrent, mais la racine resta inébranlable. Que l’on ne s’avise donc point de s’en prendre aux défauts de sa femme. Elle ne vaut rien ? Corrigez-la. Mais, direz-vous, elle m’a chassé du paradis. Oui, mais elle vous a ouvert les cieux. La nature est toujours la même, mais le caractère varie. La femme de Job était méchante ? Mais Suzanne était vertueuse. La femme de Putiphar était impudique ? Mais Sara était modeste. Vous connaissez l’une : jetez maintenant les yeux sur l’autre. C’est de même chez les hommes : il en est de bons, il en est de mauvais. Joseph était vertueux, les vieillards étaient libertins. Partout vous retrouvez le vice et la vertu : ce n’est pas la nature, c’est la volonté qui fait la distinction. Trêve donc aux prétextes : mais frottons-nous d’acquitter notre dette.
« Et il arriva dans l’année où mourut le roi Ozias. » Je vais vous dire pourquoi le Prophète marque l’époque. Nous recherchions hier pourquoi, lorsque tous les prophètes, et Isaïe lui-même datent leurs prédictions par l’année du règne actuel, il est fait ici infraction à cet usage : le Prophète ne dit pas : dans les jours d’Ozias, mais à la mort d’Ozias. C’est ce que je veux aujourd’hui vous expliquer. La chaleur est forte : mais la rosée du discours est capable d’en triompher : le corps peut céder à la fatigue, et l’âme conserver la force de se réjouir. Ne me parlez point de chaleur, de sueur : qu’importe que votre corps soit en sueur, si vous essuyez votre âme. Les trois enfants étaient dans la fournaise, et n’enduraient aucun mal : la fournaise, pour eux, s’était faite rosée. – Quand vous songerez à la sueur qui vous incommode, représentez-vous le salaire et la récompense. Un plongeur se précipite sans hésiter dans l’abîme des eaux, pour en retirer quelques perles, qui deviennent ensuite un vrai sujet de guerre : je ne dis pas cela pour les déprécier, je blâme seulement la fureur avec laquelle on se les arrache. Et vous, quand il s’agit de mettre la main sur un inaltérable trésor, de planter une vigne dans votre âme, vous ne pouvez supporter la sueur ni le chaud ? Regardez ceux qui sont assis dans les théâtres : voyez comme ils suent, et reçoivent patiemment sur leurs têtes nues les rayons du soleil : tout cela pour tomber dans l’esclavage de la mort, dans les fers d’une prostituée. Ils