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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/465

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m’assiste point, ne me tend pas la main, je suis déchargé de tout grief. Mais cela est impossible, oui, impossible. Une fois que nous avons pris un parti, conçu une volonté, formé un propos, Dieu ne saurait nous abandonner. S’il exhorte, s’il avertit ceux à qui la volonté fait défaut, afin qu’ils veulent et prennent une résolution, à plus forte raison ne délaisse-t-il point les hommes tout déterminés. Il est écrit : « Considérez les anciennes générations et voyez. Qui a espéré dans le Seigneur et a été confondu ? Qui a persévéré dans ses commandements et a été négligé par lui. » (2, 11-12) Paul dit ailleurs : « L’espoir « ne confond point, » à savoir l’espoir en Dieu. Il ne saurait manquer d’arriver à son but, celui qui espère en Dieu de tout son cœur et qui fait tout son possible. Ailleurs : « Dieu est fidèle et il ne souffrira pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces, mais il vous fera tirer profit de la tentation même, afin que vous puissiez persévérer. » (1Co. 10,13) De là ce conseil du sage : « Mon fils, lorsque tu entreras au service de Dieu, prépare ton âme à la tentation. Dirige ton cœur et patiente, et ne te hâte point au temps de l’obscurité. Attache-toi à Dieu et ne le quitte pas. » (Sir. 2,1-2) Et voici encore un autre conseil : « Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. » (Mat. 10,22)
Toutes ces choses sont des règles, des lois, des dogmes immuables, et il faut que cette opinion reste solidement implantée dans votre âme, à savoir, qu’un homme zélé, préoccupé de son salut et faisant tout son possible, ne saurait jamais être abandonné de Dieu. Ne savez-vous pas ce que Jésus dit à Pierre : « Simon, Simon, combien de fois Satan vous a demandés pour vous cribler comme le froment, et moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ? » Dieu donc, lorsqu’il voit que le fardeau est au-dessus de nos forces, nous tend la main et allège la tentation. Mais quand il voit que nous abandonnons le soin de notre salut par notre faute et par négligence, et que nous ne voulons pas être sauvés, alors il nous lâche et nous délaisse. Il ne nous force pas, ne nous contraint pas ; il agit comme dans le temps où il prêchait la doctrine. Alors il ne faisait pas violence à ceux qui s’éloignaient et refusaient de l’entendre, il se bornait à résoudre les difficultés, à éclaircir les énigmes pour ceux qui lui prêtaient attention. Il agit de même en ce qui concerne la conduite ; il ne force ni ne contraint les insensés et les rebelles, il attire seulement à lui, avec une grande force, les hommes de bonne volonté. De là ces paroles de Pierre : « En vérité, je vois que dans toute nation, celui qui craint Dieu et pratique la justice lui est agréable. » (Act. 10,34-35) Et le prophète nous donne le même avertissement par ces paroles : « Si vous voulez et que vous m’écoutiez, vous mangerez les biens de la terre ; mais si vous ne voulez pas et que vous ne m’écoutiez pas, le glaive vous dévorera. » (Isa. 19, 20) Instruits de ces vérités, bien persuadés qu’il dépend de nous de vouloir et de courir, que par là nous nous assurons la protection divine, et que cette protection assure à son tour le succès de nos œuvres, réveillons-nous, mes très-chers frères et déployons tout notre zèle pour le salut de notre âme, afin qu’après un court temps passé ici-bas dans les épreuves, nous jouissions au sein de l’éternité des biens impérissables, auxquels puissions-nous tous parvenir, par la grâce et la bonté de N.-S. J. C., avec qui gloire au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.