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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/488

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HOMÉLIE PRONONCÉE DANS LA GRANDE ÉGLISE, APRÈS QUELQUES PAROLES SUR CE PASSAGE DE L’ÉVANGILE : LE FILS NE FAIT RIEN DE LUI-MÊME, QU’IL N’AIT VU FAIRE A SON PÈRE. (JEAN, 5,19)

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Cette magnifique homélie a été pour la première fois tirée de l’oubli par le savant Eric Benzel, et publiée par lui à Upsal, en 1708, d’après un manuscrit anglais, vicieux en beaucoup de passages Nous avons eu le bonheur de la retrouver dans un manuscrit du cardinal Ottoboni à Rome, et nous avons pu combler les lacunes et corriger les fautes.
Cette homélie, qui est toute de controverse fut prononcée à l’occasion d’une objection des Anoméens. Saint Chrysostome, dan : son discours précédent avait cité ce mot de l’Évangile : Mon Père agit toujours et moi j’agis également ; il avait démontré par là que le Fils est égal au Père, ainsi, ajoute-t-il, que le déclare l’Évangéliste en ces termes : C’est pourquoi ils le poursuivaient davantage, non seulement parce qu’il rompait le sabbat, niais encore parce qu’il nommait Dieu sort Père, se faisant légal de Dieu ; c’était par là qu’il avait terminé son discours. Mais les hérétiques Anoméens opposèrent à ce raisonnement un autre passage de saint Jean (5, 19) : Le Fils ne fait rien de lui-même, qu’il n’ait vu faire à son Père. L’objection pouvait troubler ses auditeurs ; il fallait donc réfuter ces subtilités des Anoméens : aussi l’évêque Flavien prononça-t-il quelques paroles, et sachant le peuple désireux d’entendre Chrysostome, comme le plus capable de repousser vigoureusement une telle attaque, il se tut bientôt et lui confia le soin de réfuter les hérétiques…
Il est donc certain que ce discours fut prononcé à Antioche, dans la grande église, comme le dit le titre, et en présence de Flavien, lorsque Chrysostome était déjà en haute estime auprès des habitants d’Antioche… Les dix premières homélies contre les Anoméens sont de l’année même où il fut fait prêtre et commença à prêcher (386 et 387). Celle-ci et celle qui en fut l’occasion, furent prononcées plus tard, quand des prédications continuelles eurent donné à Chrysostome un grand nom à Antioche. Nous ignorons l’année.

  • 1. Hommage à l’évêque Flavien. – Appel à l’attention des auditeurs. – Importance du sujet.
  • 2. II expose l’objection des Anoméens, qui s’appuie sur une fausse interprétation du texte cité. – Il la réfute, parla nature même du Christ, par la théorie de la responsabilité humaine.
  • 3. Par ses conséquences pour la création, et pour l’incarnation.
  • 4 et 5. Par le témoignage de Jésus-Christ lui-même, et par des exemples de puissance tirés de sa vie terrestre.
  • 6. Il établit le vrai sens du texte, qui est une preuve de consubstantialité : le fils ne peut rien sans le Père, le l’ère sans le Fils, parce qu’ils ne sont qu’un. – Preuves de cette interprétation tirées de l’Évangile et des paroles mêmes du Christ.
  • 7. Conclusion : le Père et le Fils ont une égale puissance.


1. O violence ![1] ô tyrannie ! notre maître, qui vient de parler avant moi, ne nous a permis, alors qu’il avait sa coupe pleine, d’y tremper que le bout des lèvres ; et ce n’est pas faute d’instruction à nous verser : les paroles ne découlent-elles pas toujours de sa bouche comme d’une source abondante ? Mais, compte je le disais en commençant, il a voulu, mes

  1. Nous renvoyons le commentaire sur le prophète Daniel à notre dernier volume, afin de pouvoir le traduire sur un meilleur texte, récemment découvert.