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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/495

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Voyez-vous comme Jésus s’applique à faire comprendre l’accord, la liaison, l’union parfaite du Père et du Fils, en disant, non pas « des choses semblables », mais « les mêmes » que le Père, et « également. »
Aussi, même lorsqu’il a voulu se représenter sous un langage modeste, s’est-il encore exprimé avec les plus grandes précautions. Car il n’a pas dit, « S’il ne l’a appris de son Père », afin que vous n’alliez pas croire qu’il apprenne ; il n’a pas dit non plus, « S’il n’en a reçu l’ordre », afin que vous ne le soupçonniez pas d’avoir rang de serviteur, mais « s’il n’a vu son Père le faire. » Et cette parole même indique une étroite union avec le Père. Car s’il peut voir son Père agir, et comprendre comment il agit, il a la même substance. Nous avons bien souvent déjà démontré que nul ne peut voir une substance, ni la connaître pleinement, s’il n’est de même nature. Un ange apparaissant dans sa pure substance, est demeuré invisible à un homme, et encore était-ce un homme d’une grande vertu, Daniel. Aussi Jésus proclamait-il la vision de Dieu comme un privilège de sa nature. « Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, voilà celui qui a raconté Dieu. » (Jn. 1,18) Et ailleurs : « Car personne n’a vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu, et celui-là l’a vu. » (Jn. 6,46) Et pourtant combien d’autres, des prophètes, des patriarches, des justes, des anges l’ont vu ; mais il parle d’une vue parfaite.
Ne disons donc pas qu’il agit, lorsqu’il voit le Père agir : car que signifierait : « Tout a été fait par lui, et sans lui rien ne s’est fait ? (Jn. 1,3) » et ceci : « Ce qu’il fait, le Fils le fait également ? » (Jn. 5,19) Car s’il le fait également, comment ne le fait-il qu’après avoir vu le Père ? Il faudra donc, d’après votre raisonnement, que le Père lui-même ne fasse, qu’après avoir vu faire un autre : mais c’est le comble de la déraison et de la folie.
7. Mais pour ne pas prolonger notre discours à réfuter ces misérables absurdités, voici ce que nous ajouterons : C’est parce qu’il parlait à des Juifs qui l’accusaient d’être l’ennemi de Dieu et l’adversaire de ses lois, et qui tiraient cette accusation de ses actes, qu’il a donné à son langage une figure plus terrestre et plus matérielle, laissant aux oreilles intelligentes à y trouver un sens digne de Dieu, et redressant ceux qui comprenaient d’une manière plus grossière : Voilà pourquoi il a dit : « Les actes « qu’il fait, le Fils les fait également. » Ce n’est pas qu’il attende pour agir, jusqu’à ce qu’il ait vu agir son Père ; ce n’est pas qu’il ait besoin d’apprendre ; mais il voit l’essence même de son Père, et il la connaît complètement : « Comme mon Père me connaît, moi je connais mon Père. » (Jn. 10,15) Et il fait et exécute tout de sa propre autorité, par l’intelligence et la sagesse qui lui appartiennent, sans avoir besoin d’apprendre ni de voir d’abord. Comment en aurait-il besoin, lui, l’image parfaite de son Père, lui qui fait tout de même que son Père, également, avec la même puissance ? Car en parlant de sa puissance, il a dit : « Mon Père et moi, nous sommes un. » (Jn. 10,30) Ainsi instruits et éclairés par tout ce qui a été dit, évitons donc les réunions des hérétiques, demeurons à jamais attachés à la vraie foi, réglons avec soin notre vie et notre conduite sur les enseignements de la religion, pour obtenir les biens de la vie future, par la grâce et les bontés de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, avec le Père et le Fils, soient la gloire et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !