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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/510

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gardiens. » C’est-à-dire, si Paul vous quitte, l’Esprit-Saint vous reste. Voyez-vous comme il a relevé leur âme, en leur rappelant ce Maître divin, qui lui donnait à lui-même la force ? Pourquoi donc les a-t-il effrayés ? Pour chasser l’indolence. Qui donne un conseil a deux devoirs à remplir : ne pas laisser une confiance trop grande qui mènerait à l’indolence ; ne pas se borner non plus à effrayer, de crainte de pousser au découragement ; donc en leur rappelant l’Esprit-Saint, il a chassé le découragement, et en leur parlant des loups, l’indolence. « Des loups redoutables, qui n’épargneront pas le troupeau. Veillez sur vous-même. Je ne vous ai rien caché, dit-il : souvenez-vous de moi. Il suffit en effet de se souvenir de Paul pour reprendre courage. Et encore il ne parle pas de se souvenir de lui seulement, mais plutôt de ses actions. Et la preuve qu’il ne s’agit pas simplement de lui, mais qu’il veut les exciter par ce souvenir à l’imiter, c’est qu’il dit à tous ceux qui pourront l’entendre : « Souvenez-vous de moi, qui trois jours et trois nuits n’ai cessé de pleurer et de gémir pour avertir chacun de vous. » (Act. 20,31) Je ne veux pas que vous vous souveniez seulement de moi, mais aussi du temps, et de rues conseils, et de mon dévouement, et de mes larmes, et de tous mes gémissements ; de même que les parents des malades, quand après de longs efforts ils ne peuvent leur persuader de prendre les aliments et les remèdes convenables à leur santé, se mettent à pleurer pour les toucher davantage ; ainsi fait Paul avec ses disciples : quand il voit ses paroles et l’enseignement impuissant, il a recours aux larmes pour remède.
6. Quel homme ne serait touché de voir Paul pleurer et gémir, fût-il plus insensible que les pierres ? Voyez-vous comme là encore il prédit ce qui doit arriver ? C’est ce qu’il fait aussi en disant : « Sachez que dans les derniers jours il y aura des temps redoutables. » Pourquoi donc s’adresse-t-il à Timothée, au lieu de dire : « Que ceux qui doivent venir sachent qu’il y aura des temps redoutables ? » Sache, dit-il, sache toi-même, et il le dit pour lui apprendre que le disciple comme le maître doit s’inquiéter de l’avenir. Autrement, il ne lui aurait pas imposé une sollicitude semblable à la sienne. Ainsi fait également le Christ. Quand les disciples se sont approchés pour s’informer de la consommation des siècles, il leur dit : « Vous entendrez parler de guerres. » (Mt. 24,6) Or ils ne devaient pas eux-mêmes en entendre parler. C’est que les fidèles ne forment qu’un même corps. Et de même que les hommes de son temps entendaient ce qui ne devait être que plus tard, de même nous aussi nous apprenons ce qui a été en ce temps-là. Comme je vous le disais, en effet, nous ne formons qu’un même corps, eux et nous, étroitement liés les uns aux autres, quoique nous occupions l’extrémité des membres ; et ce corps n’est divisé ni par le temps, ni par ; l’espace ; car nous sommes unis, non par les ligaments des nerfs, mais par les liens de la charité qui nous enserrent de toutes parts. Aussi leur parle-t-il de nous, et nous-mêmes pouvons-nous entendre ce qui les regarde. Il est utile de rechercher encore pourquoi, en toutes circonstances, l’Apôtre parle de malheurs terribles qui doivent s’accumuler vers la fin de cette vie présente. Ailleurs, en effet, il dit : « Dans les derniers jours quelques-uns renonceront à la foi (1Tim. 4,1) », et ici il dit encore : « Dans les derniers jours il y aura des temps redoutables. » Et le Christ, d’accord « avec ces prédictions, disait : « À la consommation des siècles vous entendrez parler de guerres, et de bruits de guerres, et de famines et de pestes. » (Mt. 24,6-7) Pourquoi donc à la consommation des siècles ce concours de tant de calamités épouvantables ? Certains disent que la création, fatiguée, épuisée, de même qu’un corps vieilli contracte une foule de maladies, dans sa vieillesse, elle aussi se chargera d’une foule de misères. Mais le corps, c’est en vertu de son infirmité naturelle, des lois de sa nature, qu’il arrive à la caducité. Les pestes, au contraire, les guerres, les tremblements de terre, ne viennent pas de la vieillesse de la création. Non, ce n’est pas à la vieillesse des choses créées qu’il faut attribuer ces maux, « famines, pestes, tremblements de terre, en certaines régions ; » mais à la corruption qui doit envahir les âmes des hommes ; car ce sont tous châtiments du péché, et moyens de remédier aux iniquités humaines. Car les iniquités humaines grandissent alors. Et pourquoi grandissent-elles, me dites-vous ? C’est, à ce qu’il me semble, que le jugement tarde, que la vérification est reculée, que le Juge se fait attendre, et qu’alors ceux qui ont à rendre leurs comptes se relâchent. Ainsi du mauvais