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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/511

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serviteur, qui, comme le dit le Christ, devint moins vigilant. Mon maître ne vient pas, se dit-il, et sous ce prétexte il battait les autres serviteurs, et dissipait la fortune de son maître. Aussi le Christ, quand les disciples le vinrent trouver et voulurent savoir le jour de la consommation, ne le leur dit-il pas, pour que l’incertitude de l’avenir nous tînt toujours en émoi : de la sorte chacun de nous, sans cesse songeant à l’avenir et vivant dans l’attente de la venue du Christ, aurait plus de zèle. Écoutez cet avertissement : « Ne remets pas à te tourner vers le Seigneur, et n’attends pas de jour en jour, de peur d’être brisé au milieu de tes lenteurs. » (Sir. 5,8, 9) C’est-à-dire le jour de la mort est incertain, et il l’est, pour que toujours tu te tiennes en éveil. Le jour du Seigneur arrivera, comme un voleur de nuit, non pour dérober, mais pour assurer notre salut. Car celui qui s’attend à la venue d’un voleur, ne cesse de veiller, et allumant un flambeau, il reste debout toute la nuit. Ainsi vous-mêmes, ayant allumé le flambeau de la foi et de la sagesse, entretenez la lumière de vos lampes, dans une veille continue. Puisque nous ne savons quand doit venir l’époux, il faut être toujours prêts, afin qu’à son arrivée il nous trouve veillants.
7. Je voulais vous parler plus longuement ; mais à peine la faiblesse de ma santé m’a-t-elle permis d’arriver jusqu’ici, après m’avoir si longtemps séparé de vous. Oui, le temps m’a paru long, non par le nombre des jours, mais à la mesure de mon affection. Pour ceux qui aiment, le plus court instant de séparation paraît un siècle. Aussi saint Paul, après avoir été séparé quelques jours des fidèles de Thessalonique, leur dit-il : « Privé de vous, mes frères, pour un instant, j’ai eu d’autant plus de hâte de voir en face et non plus de cœur votre visage. » Saint Paul, le plus sage des hommes, ne pouvait supporter l’absence un instant, comment la supporterons-nous tant de jours ? Il [ne l’a pu supporter un instant ; et moi ne pouvant plus longtemps supporter une absence de tant de jours][1], encore tout malade, je suis accouru à vous, persuadé que je trouverais le remède le plus efficace dans votre vue, mes frères bien-aimés. Oui, jouir de votre affection, voilà qui m’est meilleur que les soins des médecins, plus salutaire que tous leurs secours : puissé-je jouir longtemps de ce bonheur, par les prières et l’intercession de tous les saints, pour la gloire de Jésus-Christ Notre-Seigneur, par qui et avec qui gloire, honneur, puissance, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Les mots renfermés entre crochets ne sont pas dans le texte grec ; ils ont été rétablis par conjecture dans la traduction latine.