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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/539

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menaces de Dieu se justifie en disant qu’il pensait que cette femme était sœur d’Abraham et qu’elle-même l’avait dit. Il la renvoie avec des présents. Elle met au monde Isaac. Elle chasse de sa demeure l’esclave et son fils Ismaël. Abimélech conclut avec Abraham une alliance, ils jurent de ne plus se nuire l’un à l’autre ; Abimélech reçoit sept jeunes brebis en témoignage devant le puits du jurement, afin que tous voient que ce puits appartient à Abraham. Celui-ci offre son fils en holocauste, d’après l’ordre qu’il en a reçu ; le bélier est immolé au lieu d’Isaac. Ce sont là les types qui devaient avoir leur réalité dans l’incarnation de Jésus-Christ, victime immolée pour nous.

Sarra meurt. Abraham achète un tombeau de Héphron le Héthéen et ensevelit sa femme. Puis, il envoie son serviteur afin qu’il amène pour son fils Isaac une femme de la Mésopotamie, lui recommandant de ne pas le conduire dans ce pays si la femme refusait de venir avec lui. Lorsque le serviteur arriva dans la cité habitée par Nachor, il demanda à Dieu de lui faire reconnaître par un signe la jeune fille qu’il venait chercher, et ce signe était qu’elle lui donnerait de l’eau à boire pour lui et pour ses chameaux. Rébecca, fille de Bathuel, qui lui-même était fils de Nachor, se présenta. Or, Nachor était le frère d’Abraham. La jeune fille donna à boire au serviteur et aux chameaux ; elle dit de qui elle était fille, et elle conduisit l’homme et elle lui donna l’hospitalité. Celui-ci dit pourquoi il était venu et demanda la jeune fille ; mais ses parents lui laissèrent le soin de répondre. Elle consentit ; le serviteur l’emmena et elle fut la femme d’Isaac.

Sarra étant morte, Abraham prit pour épouse Cétura, et les enfants qu’il en eut furent élevés à part. Il leur fit des présents ; mais il laissa Isaac pour héritier de ses biens, et il mourut. En cet endroit, sont indiqués les noms des fils d’Ismaël, qui habita depuis Evilat jusqu’à Sur.

Rébecca était stérile et Isaac adressait à Dieu des prières, afin qu’elle pût concevoir, et elle conçut. Lorsqu’elle eut conçu dans son sein, Dieu lui dit : « Deux nations sont dans ton sein ; a un peuple dominera l’autre (Gen. 25, 23), » voulant annoncer ce qui devait arriver aux Juifs et aux Chrétiens. Elle mit au monde les enfants, qui grandirent, et Esaü vendit à Jacob ses droits d’aînesse pour un plat de lentilles. Une famine survint ; mais lorsque Isaac songeait à se rendre en Égypte il en fut empêché par Dieu qui loi ordonna de demeurer dans le lieu où il était, promettant d’être avec lui, de bénir sa race et de la multiplier. Abimélech, roi de Gérare, sachant que Rébecca était femme d’Isaac (car il avait pensé d’abord qu’elle était sa sœur), menaça de mort quiconque lui ferait outrage. Isaac ensemença un champ et le grain rendit cent pour un. Lorsqu’il eut acquis de grandes richesses par suite de la bénédiction de Dieu, les Philistins lui portèrent envie et Abimélech le contraignit de s’éloigner. Il ne résista point, mais il s’en alla et creusa des puits ; cependant des querelles étaient faites pour ces puits. Isaac ne tenta pas de riposter ; il creusa d’autres puits jusqu’au temps où ils cessèrent de se quereller. Dieu le bénissait, et Isaac accueillit avec bonté Abimélech qui vint à lui ; il fui donna un repas, ne se souvenant plus des injures qu’on lui avait faites.

Esaü prit peur femmes deux chananéennes qui, toujours, étaient en querelle avec Rébecca. Mais Isaac était devenu vieux. Il commanda à son fils Esaü d’aller chasser et de lui préparer à manger, afin qu’il le bénit. Jacob conseillé par sa mère, devança Esaü. Ayant fait cuire deux chevreaux, Rébecca se servit de leurs peaux pour déguiser Jacob, puis elle lui mit entre les mains la nourriture préparée par elle et l’envoya. Jacob s’approcha de son père et reçut ses bénédictions. Esaü revint ; il apprit ce qui s’était passé ; il se lamentait et poussait des gémissements, demandant lui aussi des bénédictions. Sa persévérance ne fut pas déçue ; il n’obtint pas tout ce qu’il espérait, il obtint néanmoins. Ayant reçu une moindre bénédiction, au lieu de la plus grande, il s’irritait contre son frère, et gardait du ressentiment en attendant la mort de son père pour assouvir alors en toute sûreté sa vengeance. La mère de Jacob l’en avertit et lui conseilla de chercher son salut dans la fuite. Elle dit à Isaac que la vie lui deviendra insupportable si Jacob prend aussi une femme parmi les Chananéens et dispose le père à l’envoyer en Mésopotamie vers Laban, son frère, afin qu’il prenne une de ses filles pour épouse. Lorsqu’il est parti, Esaü prend pour femme une fille d’Ismaël, qui lui-même était fils d’Abraham et d’Agar.

Jacob voit l’échelle mystérieuse, il érige un monument et promet a Dieu de lui consacrer la dîme de ses biens s’il revient sain et sauf. Il parvient en Mésopotamie, il voit Rachel et l’embrasse ; celle-ci de retour l’annonce à Laban son père, qui vient, reconnaît Jacob et l’introduit chez lui. Jacob le sert ; voulant avoir une de ses filles pour récompense, il lui donne la plus âgée. Laban propose à Jacob indigné de cette supercherie sept autres années de services s’il veut obtenir la plus jeune, ce que Jacob accepte et il épouse la plus jeune. La première, Lia, avait des yeux malades ; la plus jeune était belle, on l’appelait Rachel. L’une et l’autre sont des types ou des figures : la plus âgée représente la synagogue des Juifs et la plus jeune l’Église de Jésus-Christ.

Lia conçut et elle enfanta Ruben, Siméon, Lévi, Juda. Rachel qui n’avait point d’enfants, donna comme épouse du second rang à Jacob son esclave Bala et celle-ci mit au monde Dan et Nephtali. Lia lui donna pareillement Zelpha, qui était son esclave, et celle-ci enfanta Gad et Aser. Ensuite Lia donna le jour à Issachar et Zabulon. Rachel à son tour devint mère de Joseph. Quand Jacob eut résolu de rentrer dans son pays, Laban lui accorda la récompense que Jacob lui-même avait déterminée, tous les agneaux de couleur brune et toutes les chèvres de couleur blanche. Les uns et les autres étaient en grand nombre, car Jacob posait des baguettes dans les lieux où les brebis devaient boire et celles-ci mettaient bas des petits, les uns blancs, les autres variés et tachetés de couleur sombre. Le tout était l’œuvre de Dieu, ainsi que le dit Jacob. Les fils de Laban lui portaient envie, c’est pourquoi, ayant pris en secret ses épouses et tout ce qu’il possédait, il s’en alla. Laban le poursuivit, mais avant qu’il eût pu le rejoindre, Dieu lui fit entendre des menaces qui devaient s’accomplir s’il maltraitait Jacob. Ayant atteint Jacob, Laban l’accusait et lui demandait pour quelle cause il était parti en secret. Jacob répondit que c’était à cause de l’envie qu’on lui portait et parce qu’il craignait que Laban ne voulût retenir ses filles. Mais celui-ci cherchait ses dieux que Rachel avait pris, il ne les trouva point et il adressait à Jacob de violents reproches. Enfin, après qu’ils eurent mangé et bu, ils élevèrent un amas de pierres qu’ils appelèrent le monument du témoignage et ils s’en allèrent chacun de son côté.

Des anges de Dieu apparaissent à Jacob. Jacob envoie vers Esaü pour lui annoncer son retour.