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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/569

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Dans cette lecture il se rencontra un service qui lui avait été rendu par Mardochée. Car il avait livré au roi deux eunuques qui complotaient contre lui et les avaient convaincus. Le roi, ayant reçu ce bienfait de Mardochée, cherchait à lui accorder une récompense digne du service rendu. Lorsqu’Aman vint de grand matin vers lui, il lui demanda de quels honneurs était digne celui qui avait bien mérité du roi. Aman pensant qu’il était interrogé par le roi pour une chose qui le concernait lui-même répondit qu’il méritait d’être appelé le second après le roi. Le roi ordonne que Mardochée sera honoré de cette manière et qu’Aman le précédera.

Esther, ayant saisi une occasion, intercéda pour les Juifs. Ensuite le roi se livrant à son chagrin à cause de l’édit injuste contre les Juifs, et s’irritant contre Aman, celui-ci supplie Esther en l’absence du roi ; il tombe devant elle et se prosterne à ses genoux. Le roi ayant vu Aman qui touchait les genoux de la reine et pensant qu’il lui faisait outrage, ordonna qu’Aman fût pendu à l’arbre qu’il avait préparé pour Mardochée. Il publia un édit ordonnant que les Juifs demeureraient sains et saufs et que leurs ennemis seraient mis à mort par eux. Le nombre de ceux qui périrent ainsi fut de quinze mille, et il fut établi une fête au quatorzième ou au quinzième jour du mois qu’on appelait Adar. Ce jour est appelé dans la langue des Juifs, Pleura##Rem, et dans ce jour ils brûlent Aman et se réjouissent, faisant de cette fête un souvenir de leur salut. Ainsi se termine le livre d’Esther.


LIVRE DE TOBIE.

Ce livre porte le nom de Tobie parce qu’il contient l’histoire de ce personnage. Tobie était de la tribu de Nephtali ; il fut emmené en captivité et vécut à Ninive, craignant Dieu et exerçant la miséricorde. Tandis qu’il était captif, il ne mangea point le pain des nations, mais il se conserva pur au milieu d’elles. Il fut préfet des vivres de Salmanasar[1], et il déposa dix talents chez Cabélus, dans la Médie. Pour lui, il avait soin d’ensevelir ceux qui mouraient d’entre les Juifs. Calomnié auprès du roi Sennachérib[2], il s’enfuit. De retour, il ensevelit encore un mort et il s’endormit au pied du mur, et, comme il avait coutume, il dormit les yeux ouverts. Or, des oiseaux ayant laissé tomber d’en haut leur fiente sur ses yeux, il se forma une taie blanche, et il ne voyait plus.

Il y avait à Ecbatane une fille de Raguel, son parent, qui s’appelait Sara. Le démon Asmodée ne permettait à aucun de l’avoir pour épouse, car il avait tué sept hommes qui l’avaient épousée. La jeune fille, fort contristée, pria Dieu, qui lui envoya en aide l’archange Raphaël. Cependant Tobie ayant exhorté son fils à ne jamais prendre une femme étrangère, mais de sa tribu et de sa race, lui remit l’obligation de dix talents et lui ordonna de s’en aller et de les demander. Le jeune homme ne connaissant ni la route ni l’homme sortit pour chercher un compagnon de voyage. La Providence divine lui fit trouver Raphaël, qui se tenait au-dehors avec l’apparence d’un homme, et il fit convention du prix avec lui après que Raphaël eût dit qu’il connaissait la route. L’archange fit donc route avec lui, paraissant être un homme et prenant le nom d’Azarias. Lorsqu’ils arrivèrent au fleuve du tigre, le jeune homme voulut y descendre pour se baigner et aussitôt un énorme poisson s’élança sur lui. L’ange lui dit de le saisir, de le couper en morceaux, de mettre à part le foie, le cœur et le fiel pour les conserver. Le jeune homme ayant demandé quelle en était l’utilité, il répondit : Le foie et le cœur mis sur le feu chassent le démon, la bile fait disparaître la taie blanche des yeux. Par le conseil et avec le secours de l’ange, le jeune Tobie prit pour femme

  1. Dans le grec : Tnemssar.
  2. Dans le grec : Achirel.